RDC : faute de fonds, le PAM réduit son aide alors que 25 millions de personnes souffrent de faim

Cette alerte intervient au lendemain de la publication du rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), qui souligne que près de 25 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.

« La faim sévit, mais le PAM ne peut venir en aide qu'à une fraction des personnes dans le besoin en raison d'un manque criant de fonds et de difficultés d'accès complexes », a déclaré depuis Kinshasa, Cynthia Jones, Représentante du PAM en RDC, lors d'un point de presse régulier de l'ONU à Genève.

L'agence onusienne avait prévu d'apporter une aide alimentaire à 2,3 millions de personnes dans l'est de la RDC cette année. En raison du manque de fonds, elle a été contrainte de réduire ce nombre à seulement 600.000 personnes par mois à partir d'octobre.

Une personne sur trois dans l'est de la RDC est confrontée à la faim

Le PAM sera contraint de procéder à de nouvelles réductions, jusqu'à 300.000 personnes. Elle prévoit même une interruption totale de l'approvisionnement à partir de février ou mars 2026. Cela signifie l'arrêt complet de toute aide alimentaire d'urgence dans les provinces orientales.

« La famine s'aggrave et s'intensifie, les fonds s'épuisent. Nous ne pourrons venir en aide qu'à une fraction des personnes dans le besoin », a averti Mme Jones, relevant que le PAM a besoin de toute urgence de 349 millions de dollars américains pour continuer à fournir une aide alimentaire et nutritionnelle d'urgence au cours des six prochains mois.

En attendant, une personne sur trois dans les provinces orientales de la RDC, à savoir le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l'Ituri et le Tanganyika, est confrontée à une faim atteignant des niveaux critiques, voire pires. Cela représente plus de 10 millions de personnes. Parmi elles, 3 millions de personnes se trouvent dans une situation d'urgence alimentaire, ce qui est alarmant.

Certains meurent déjà de faim

« Trois millions de personnes se trouvent dans cette catégorie d'urgence, ce qui est alarmant. Qu'est-ce que cela signifie pour les familles ? Cela signifie qu'elles sautent des repas, qu'elles épuisent tous leurs biens ménagers. Elles vendent leurs animaux, leur dernière chèvre. Et comme je l'ai dit, ce chiffre a doublé depuis le dernier rapport de l'année dernière, le rapport de l'année dernière, donc le rapport d'il y a un an. »

Les personnes confrontées à une faim d'urgence ou à une insécurité alimentaire de niveau 4 de l'IPC sont confrontées à des déficits alimentaires extrêmes, à des niveaux très élevés de malnutrition et certaines meurent déjà de faim.

Dans les provinces orientales, la malnutrition chez les enfants est également alarmante. Dans certaines régions, les rapports indiquent que plus de 60 % des enfants souffrent de malnutrition aiguë.

Des familles contraintes de recourir au commerce sexuel ou au travail des enfants

« Derrière ces statistiques alarmantes se cachent des enfants, des femmes et des hommes qui souffrent chaque jour des conséquences de la violence dévastatrice perpétrée par les groupes armés », a détaillé la Représentante du PAM.

Les familles sautent régulièrement des repas, vendent leurs dernières chèvres et retirent leurs enfants de l'école.

« Les gens sont contraints de sacrifier leur dignité pour survivre - en recourant au commerce sexuel, au travail des enfants et à des dettes écrasantes - ils ne s'en sortent pas, ils s'effondrent », a déploré Mme Jones.

Dans les provinces orientales, les familles ont été contraintes de quitter leurs foyers à maintes reprises : au total, 5,2 millions de personnes sont déplacées, dont 1,6 million pour la seule année 2023.

Malgré ces défis logistiques et sécuritaires, l'agence a fourni entre janvier et août 2025 une aide alimentaire et nutritionnelle vitale à 3,1 millions de personnes dans l'est de la RDC.

« Soyons clairs. Le PAM fait tout ce qui est en son pouvoir. Mais cela ne suffit pas », a-telle fait valoir, appelant la communauté internationale à se mobiliser. « La RDC est au bord du gouffre, non seulement d'une famine encore plus grave, mais aussi de l'effondrement de l'espoir pour des millions de personnes ».