RSF - Reporters sans frontières

09/12/2025 | Press release | Archived content

Crise politique au Népal : plus d’une douzaine de médias ciblés, des journalistes blessés

Plus d'une douzaine de sièges de médias et d'organisations de journalistes ont été attaqués le 9 septembre lors d'émeutes qui ont éclaté dans différentes régions du Népal, et dans la capitale Katmandou. La veille, quatre reporters ont été blessés par les forces de l'ordre dans la capitale. Dans ce climat d'instabilité et de crise politique, Reporters sans frontières (RSF) condamne ces violences et appelle, la nouvelle Première ministre par intérim Sushila Karki, le président népalais Ram Chandra Paudel, et l'armée, qui a pris le contrôle du pays, à respecter le travail essentiel des journalistes et à garantir la liberté de la presse.

Au cours des émeutes qui ont embrasé la capitale le 9 septembre, ainsi que différentes régions du pays, les bureaux d'au moins une dizaine de médias, et de trois organisations de médias ont été incendiés ou vandalisés. À Katmandou, dans le quartier de Thapathali, des émeutiers ont incendié les locaux du premier groupe de médias privé, Kantipur Media Group (KMG). Les locaux de la radiodiffusion publique (Public Service Broadcasting Nepal, PSBN), propriétaire de Radio Nepalet Nepal Television, hébergée au siège du gouvernement népalais, le Singha Durbar, ont été également vandalisés.

La veille, d'importantes manifestations ont été violemment réprimées par les forces de l'ordre, causant au moins 19 morts. Les jeunes népalais ont initié ce mouvement pour dénoncer la corruption de l'élite politique et la suspension par le gouvernement de 26 plateformes de réseaux sociaux, sous le motif qu'elles n'étaient pas officiellement enregistrées conformément aux nouvelles directives gouvernementales. Trois journalistes couvrant les événements pour les médias Kantipur TV, Naya Patrika et Nepalpress, et un journaliste indépendant ont été blessés par des balles en caoutchouc tirées par la police.

"Les attaques violentes contre les médias, dans ce contexte de soulèvement contre les autorités, sont inacceptables.Tout comme le sont les violences policières qui ont blessé quatre journalistes. En temps de crise et d'instabilité, plus que jamais, il est essentiel de pouvoir protéger le droit d'informer et d'être informé. RSF appelle la nouvelle Première ministre par intérim du pays, Sushila Karki, le président népalais Ram Chandra Paudel et l'armée qui a pris le contrôle du pays, à garantir la protection des journalistes. Il est aussi essentiel que la liberté de la presse soit posée comme condition préalable à la reconnaissance de tout futur gouvernement

Célia Mercier
Responsable du bureau Asie du Sud de RSF

Katmandou embrasée

À Katmandou, la capitale située dans le centre du pays, les bureaux du Kantipur Media Group - éditeur des quotidiens Kantipur et son édition en ligne ekantipur.com -, ainsi que les locaux du quotidien The Kathmandu Postqui se situent dans le même bâtiment, ont été incendiés par des émeutiers dans le quartier de Thapathali. Les résidences des propriétaires du Kantipur Media Group, Kailash Sirohiya, et du conglomérat de médias Annapurna Media Network, Rameshwor Thapa, ont également été incendiées.

Des attaques ont également visé Kantipur TV, Radio Kantipuret le quotidien Annapurna Post, dans le quartier de Tinkune, causant d'importants dégâts. Au bureau de Kantipur TV, les journalistes étaient en direct lorsque les manifestants ont pris d'assaut la rédaction. Le directeur de l'information, Rupesh Shrestha, a brisé une porte vitrée pour aider le personnel à s'échapper alors que le bâtiment et les véhicules à l'extérieur étaient en feu. Les assaillants ont néanmoins frappé Rupesh Shrestha et son collègue journaliste Aneel Bogati. L'ensemble des infrastructures de la chaîne de télévision ont été détruites. Les chaînes Avenues Television, ABC Televisionet ITV Nepalont aussi été contraintes de cesser leur diffusion à la suite des dégâts causés aux infrastructures.

Dans les locaux de l'Annapurna Post, les manifestants ont cette fois-ci forcé le personnel à évacuer les lieux avant de mettre le feu au bâtiment, laissant les bureaux en ruines. Toujours à Katmandou, le Centre de presse de Babarmahal, organisation de journalistes maoïstes, a été incendié et les locaux du média privé ThahaKhabar.comont été vandalisés, selon les informations de RSF.

Des médias locaux attaqués

D'autres médias à travers le pays ont signalé des attaques similaires. Des véhicules appartenant à la chaîne de télévision News24et à Radio Jagaranont été incendiés à Butwal. Dans le district de Kaski, au centre du pays, les motos du personnel de Radio Dhorbarahiont été détruites et les manifestants ont endommagé la caméra du rédacteur en chef du site d'information Kendrabhag.com, Govinda Subedi, alors qu'il couvrait une manifestation.

Un journaliste de la chaîne Mero Shaan TV, Rajeev Sah, a lui été agressé alors qu'il couvrait l'incendie criminel d'un poste de police à Sarlahi, dans la plaine méridionale de la province de Madhesh. À Chitwan, toujours dans la province de Bagmati, les locaux du site d'information Safal Khabar.com et du quotidien Chure Sandeshont été pillés et incendiés. Le matériel de communication de la radio Kalika FM a été détruit, et la maison du directeur du site d'information Kapurbot Media, Santosh Deuja, a été pillée et incendiée. Autre ville touchée, Ilam, dans l'est du pays, où les bureaux de la radio Nepalvani FM et du quotidien Ilam Express Dailyont été vandalisés.

Dans la province de Madhesh, les bureaux de la section du district de Saptari de la Fédération des journalistes népalais, ont également été vandalisés pendant les manifestations.

Tirs de balles en caoutchouc par la police

La veille de ces émeutes, le 8 septembre, quatre journalistes ont été blessés par la police en couvrant des manifestations populaires contre la corruption et l'interdiction des réseaux sociaux à Katmandou : le journaliste reporter d'images de Kantipur TV Shyam Shrestha, le photojournaliste de Naya Patrika Dipendra Dhungana, le photojournaliste de Nepalpress Umesh Karki, et le journaliste indépendant Shambhu Dangal, ont été touchés par des balles en caoutchouc tirées par les forces de l'ordre. Touchée par un jet de pierre alors qu'elle couvrait une manifestation, la journaliste du site d'information Deshsanchar Barsha Shah, a également été blessée.

Le Népal occupe la 90e place sur 180 pays et territoires dans le Classement mondialde la liberté de la presse établi par RSF en 2025. Au cours d'une missionmenée en mai 2025, RSF avait appelé les autorités népalaises à prendre d'urgence des mesures concrètes pour la liberté de la presse.

Publié le12.09.2025
  • Asie - Pacifique
  • Népal
  • Violences contre les journalistes
  • Actualité
  • Etats et institutions
  • Agressions
RSF - Reporters sans frontières published this content on September 12, 2025, and is solely responsible for the information contained herein. Distributed via Public Technologies (PUBT), unedited and unaltered, on September 15, 2025 at 10:39 UTC. If you believe the information included in the content is inaccurate or outdated and requires editing or removal, please contact us at [email protected]