10/10/2025 | News release | Distributed by Public on 10/10/2025 15:19
« Nous vivons des temps difficiles, éprouvants », a déclaré António Guterres à l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale. « Le soutien en matière de santé mentale n'est pas facultatif, il est essentiel ».
Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), une personne sur cinq vivant en zone de crise souffre d'un trouble mental, alors que la majorité n'a pas accès aux soins dont elle a besoin, notamment dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Les travailleurs humanitaires et soignants, en première ligne, ne sont pas épargnés.
Le thème de la Journée cette année est : « Renforcer les systèmes de santé mentale avant, pendant et après les crises ». Le Secrétaire général de l'ONU appelle à intégrer la santé mentale dans toutes les interventions d'urgence, à former le personnel et à garantir des financements pérennes.
« Il faut mettre fin au sous-financement chronique de la santé mentale », a-t-il insisté, invitant la communauté internationale à soutenir celles et ceux qui, au milieu du chaos, tentent simplement de retrouver leur humanité.
Selon une nouvelle enquête publiée par la branche européenne de l'OMS, qu'il soit médecin ou infirmier, un soignant sur dix en Europe affirme avoir eu des pensées suicidaires,
Réalisée auprès de près de 100 000 professionnels dans 29 pays, cette étude conjointe de l'OMS/Europe et de la Commission européenne dresse un constat alarmant : les conditions de travail nuisent gravement à la santé mentale du personnel soignant.
« En définitive, la crise de santé mentale chez nos soignants est une crise de sécurité sanitaire qui menace l'intégrité de nos systèmes de santé », a averti le Dr Hans Henri P. Kluge, Directeur régional de l'OMS pour l'Europe.
Un quart des médecins travaillent plus de 50 heures par semaine et un tiers sont employés sous contrat temporaire, une précarité fortement associée à une anxiété accrue. Un soignant sur dix déclare avoir songé qu'il « serait mieux mort » ou à « se faire du mal » au cours des deux dernières semaines.
Les violences au travail, les horaires épuisants et le manque de soutien aggravent ces troubles. « Nous avons choisi une voie d'humanité, mais cela ne signifie pas que nous cessons d'être humains nous-mêmes », confie Mélanie Debarreix, interne en radiologie en France.
Malgré tout, la majorité des soignants continuent à trouver du sens dans sa mission : trois quarts des médecins et deux infirmiers sur trois disent ressentir une forte motivation.
L'OMS alerte toutefois : jusqu'à un tiers des soignants envisagent de quitter la profession d'ici 2030, alors que l'Europe pourrait déjà manquer de 940.000 travailleurs de la santé d'ici 2030.
L'agence onusienne appelle à une action urgente : tolérance zéro face aux violences, révision des rythmes de travail et accès garanti à un soutien psychologique de qualité. Des mesures jugées indispensables pour protéger la santé mentale de ceux qui sont en première ligne - et, par extension, la santé de tous.
S'agissant de l'Afrique, selon un nouveau tableau de bord publié vendredi par le Bureau régional de l'OMS, près de 150 millions d'Africains vivent avec des troubles mentaux.
L'outil révèle l'ampleur du défi sur un continent où les services restent limités, fragmentés et inaccessibles pour de nombreuses communautés.
Les troubles comme la dépression, l'anxiété ou la dépendance touchent toutes les couches de la société. Les services de santé mentale demeurent toutefois gravement sous-dotés, fragmentés et inaccessibles, notamment dans les zones rurales, souligne l'OMS.
Le suicide constitue aussi une préoccupation majeure, avec un taux régional standardisé de 11,5 pour 100.000 habitants. Dans certains pays, la consommation d'alcool dépasse 10 litres par habitant, aggravant encore les risques.
Seuls neuf pays disposent d'une ligne budgétaire dédiée à la santé mentale, et beaucoup n'ont ni politique nationale ni personnel qualifié.
Le tableau de bord permet de suivre les indicateurs régionaux, d'identifier les lacunes et de guider les politiques publiques en faveur d'une meilleure prise en charge. En centralisant les données sur une seule plateforme, l'OMS entend ainsi favoriser une action plus cohérente et contribuer à bâtir un avenir plus sain et plus résilient pour le milliard d'habitants du continent africain.