 PTB - Parti du Travail de Belgique
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10/31/2025 | Press release | Distributed by Public on 10/31/2025 08:03
Le politicien d'extrême droite Geert Wilders prend des revers, mais ça ne veut pas dire qu'un meilleur avenir pour les Pays-Bas est en vue. Avec ce résultat électoral, le pays se dirige à nouveau vers un gouvernement antisocial et militariste. Quels défis cela pose-t-il pour la gauche, dans un paysage politique qui glisse toujours plus vers la droite ?
Vendredi 31 octobre 2025
BELGA
L'égocentrique d'extrême droite Geert Wilders, et son parti le PVV, subissent une lourde défaite électorale, mais obtiennent tout de même 26 sièges - malgré le record mondial d'incompétence et de querelles dont son gouvernement a fait preuve.
Avec les progrès de JA21 (une sorte de PVV 2.0, tout autant d'extrême droite) et du Forum pour la Démocratie de Thierry Baudet, l'extrême droite est loin d'être vaincue.
Tous prétendent représenter la volonté du peuple, mais tous trompent les gens. En 2010, Wilders avait déjà trahi sa promesse électorale centrale - revenir sur la hausse de l'âge de la pension - en apportant son soutien au premier gouvernement Rutte.
En 2024, il a refait le coup. L'âge de la pension est resté à 67 ans, et passera même à 67 ans et 3 mois à partir de 2028, y compris pour les métiers pénibles. Une véritable logique du « travaille jusqu'à la tombe ».
Parmi les autres grandes promesses électorales avec lesquelles Wilders avait remporté les élections précédentes, aucune n'a été tenue :
Par contre, sous le gouvernement du Premier ministre Dick Schoof, issu du parti de Wilders, il y avait bel et bien des marges budgétaires pour l'industrie de l'armement et la militarisation de l'économie. Les Pays-Bas figurent parmi les meilleurs élèves de l'Otan, dirigée par Donald Trump, où le néerlandais Mark Rutte est désormais secrétaire général.
Avant 2024, la voie était déjà pavée pour l'extrême droite et pour Wilders, après des années de politiques antisociales menées par Rutte, alors Premier ministre, et ses divers partenaires de coalition.
Cela incluait Frans Timmermans, chef de la coalition sociale-démocrate GroenLinks-PvdA, qui, aux côtés des libéraux de la VVD, a imposé des coupes dans les soins de santé et le logement social. Pas étonnant que cet homme et son parti n'aient pas été perçus comme une alternative crédible. Résultat : ils essuient eux aussi une lourde défaite, et Timmermans jette l'éponge.
Les partis D66 et CDA sont également co-auteurs des politiques antisociales menées ces dernières années aux Pays-Bas. Leur orientation n'a pas changé, mais ils ont eu la bonne idée de se présenter sous une nouvelle apparence, pour faire croire qu'ils incarnaient une autre politique. Avec de nouveaux chefs de file : Rob Jetten, la nouvelle « star » de D66, et Henri Bontenbal, le « propret » leader du CDA. Tous deux ne proposent pourtant que les mêmes vieilles recettes : un retour à la stabilité politique, afin de pouvoir mieux imposer l'austérité et la militarisation. D66 a d'ailleurs profité, dans la dernière ligne droite, du vote « utile » contre Wilders.
Quant à l'autre parti « centriste », le VVD libéral de Dilan Yesilgöz, c'est lui qui a donné un vernis de respectabilité au gouvernement de Wilders et rendu le PVV d'extrême droite « fréquentable » sous la précédente législature. Entre-temps, de nombreux partis de l'establishment et les grands médias ont repris et normalisé une grande partie du discours de Wilders et cie.
La crise du logement ? La faute aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d'asile. Et lorsque la télévision aborde le sous-financement de l'enseignement ou des soins de santé, le journaliste demande : « Oui, mais que pensez-vous de l'asile ? » C'est une stratégie délibérée : apprendre aux gens à frapper vers le bas, pour éviter qu'ils ne regardent vers le haut.
Si, après ces élections - et sans doute d'âpres négociations - une coalition entre ces quatre partis de l'establishment voit le jour, on peut s'attendre à ce qu'elle poursuive la même ligne : antisociale, pro-Otan et militariste, obsédée par la « sécurité » et la nouvelle guerre froide jusqu'à vouloir réintroduction du service militaire obligatoire, cheval de bataille du D66.
C'est exactement le type de politique que l'establishment européen promeut partout dans l'Union, et qui sert de terreau à la progression de l'extrême droite.
Aux Pays-Bas, cette extrême droite - sous ses différentes formes (PVV, JA21, FvD) - peut continuer à se présenter comme le faux prophète d'une « politique populaire », en trompant et mentant pour canaliser en sa faveur la colère légitime du peuple contre la politique traditionnelle.
Quelles leçons tirer de ce spectacle politique néerlandais ?
D'abord, que le vrai visage de l'extrême droite n'a rien de social : il est profondément néolibéral et militariste.
Ensuite, que croire qu'on peut contenir l'extrême droite en gouvernant avec une politique néolibérale traditionnelle, c'est en fait lui dérouler le tapis rouge. On le voit aux Pays-Bas comme ailleurs en Europe.
Pour la gauche, le défi est de s'attaquer aux racines sociales de l'extrême droite et de transformer le sentiment de ras-le-bol des travailleurs et des jeunes en une réponse de gauche concrète : baisse de l'âge de la pension, taxe des millionnaires, augmentations des salaires et allocations, démilitarisation et rupture avec la logique de toujours courir après les États-Unis et l'Otan.
Pendant la campagne, le parti de gauche SP a tenté de briser le consensus militariste et de formuler des propositions sociales. Mais ce n'est qu'en imposant, avec les syndicats et la société civile, une véritable politique de paix et de progrès social, que la gauche pourra affaiblir l'attrait du programme antisocial, trumpien et mensonger de l'extrême droite.