12/23/2025 | News release | Distributed by Public on 12/23/2025 09:14
Mardi, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a dénoncé les pressions « constantes » exercées sur les populations vivant dans les zones contrôlées par l'armée. Selon ses informations, les autorités recourent à un mélange d'incitations et de menaces pour forcer la participation électorale, ciblant en priorité les groupes les plus vulnérables.
Parmi les personnes visées figurent les étudiants - dont beaucoup votent pour la première fois -, les déplacés internes, les prisonniers politiques et les ressortissants du Myanmar vivant à l'étranger. Dans l'État de Mon, un étudiant a ainsi rapporté que son université exigeait, lors de l'inscription aux cours, la présentation d'une preuve de vote anticipé.
Le Myanmar est plongé dans une crise politique depuis que l'armée a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en 2021, provoquant par la suite une guerre civile à l'échelle nationale.
« Les autorités militaires du Myanmar doivent cesser d'utiliser la violence brutale pour contraindre les gens à voter et cesser d'arrêter les personnes qui expriment des opinions dissidentes », a déclare dans un communiqué Volker Türk, le chef du HCDH.
Dans la commune de Chaungzon, toujours dans l'État de Mon, de jeunes habitants disent redouter que le vote devienne une condition préalable à l'obtention de documents administratifs essentiels comme les cartes d'identité, passeports ou certificats d'enregistrement familial. Des personnes âgées ou à mobilité réduite auraient également été contraintes de voter, des soldats procédant à des collectes de bulletins de vote directement au domicile des électeurs.
Ce climat de contrainte s'accompagne d'une répression judiciaire accrue. Des dizaines de personnes auraient été arrêtées en vertu d'une « loi sur la protection des élections » pour avoir exercé leur liberté d'expression. Certaines condamnations sont d'une sévérité extrême : dans la commune de Hlaingthaya, près de Yangon, trois jeunes ont ainsi écopé de peines allant de 42 à 49 ans de prison pour avoir accroché des affiches hostiles au scrutin.
Le HCDH fait également état de pressions exercées sur les personnes déplacées à l'intérieur du pays, notamment dans la région de Mandalay. Dans cette régions gravement touchée par le séisme de magnitude 7,7 qui a le pays, fin mars, certains déplacés auraient été averties que leurs maisons seraient saisies ou qu'elles subiraient des attaques s'ils ne revenaient pas voter dans leur localité d'origine.
Une source citée par l'ONU rapporte : « Ils disent aux personnes déplacées à l'intérieur du pays : "Vous devez revenir en ville [pour voter]. Si vous ne revenez pas, nous continuerons à vous bombarder" ».
Face à de tels rapports, Volker Türk s'insurge. « Forcer les personnes déplacées à entreprendre un retour dangereux et involontaire constitue une violation des droits de l'homme », affirme-t-il.
Parallèlement, les civils sont pris en étau entre l'armée et les groupes armés opposés à la junte. Le 16 novembre, neuf enseignantes de Kyaikto auraient été enlevées alors qu'elles se rendaient à une formation liée au scrutin. Elles ont été relâchées après avoir reçu des avertissements de la part de leurs ravisseurs. Plusieurs groupes antimilitaires ont annoncé leur intention de perturber les élections, accentuant encore les risques pour la population.
La politique de contrainte s'étend également à la diaspora. Des ressortissants du Myanmar à l'étranger font état de pressions exercées par des représentants de l'armée, qui conditionneraient le renouvellement de passeports, de visas ou de permis de travail à la participation au vote.
En Corée du Sud, des travailleurs migrants affirment avoir reçu des appels les exhortant à voter, le renouvellement de leurs documents de voyage étant subordonné au remplissage du « formulaire 15 » de vote anticipé.
Dans sa forme actuelle, conclut le HCDH, ce processus électoral est voué à renforcer l'insécurité, la peur et la polarisation dans le pays, plutôt qu'à ouvrir la voie à une transition politique crédible.
« Ces élections se déroulent clairement dans un climat de violence et de répression », avertit M. Türk. « Les conditions nécessaires à l'exercice des droits à la liberté d'expression, d'association ou de réunion pacifique, qui permettent une participation libre et significative de la population, ne sont pas réunies ».