États-Unis : 100 jours de détention pour le journaliste Mario Guevara

Arrêté par le bureau du shérif du comté de Gwinnett le 14 juin 2025, Mario Guevaradiffusait en direct sur les réseaux sociaux de son propre média, MG News, une manifestation contre les raids des services d'immigration dans l'État de Géorgie, dans le sud-est des États-Unis. Il a été placé en garde à vue et inculpé de trois délits : rassemblement illégal, obstruction et passage piéton sur la chaussée. Les arrestations abusivesde journalistescouvrant des manifestationssont malheureusement fréquentesaux États-Unis, mais ils sont presque toujours libérés rapidement.

Le 16 juin, un juge a ordonné la libération sous caution de Mario Guevara. Cependant, au lieu de le libérer, le bureau du shérif du comté de Gwinnett l'a transféré aux services de l'immigration et des douanes (ICE), qui ont affirmé- sans fournir de preuves publiques - que le journaliste se trouvait illégalement aux États-Unis. Ses avocats contestent cette affirmation. Toutes les accusations criminelles contre le journaliste ont été abandonnéesdepuis le 10 juillet, et pourtant il croupit toujours en détention.

Mario Guevara, 47 ans, a créé son propre média en ligne, MG News, en 2024. Il travaillait auparavant pour le journal hispanophone Mundo Hispanico, près d'Atlanta, la capitale de l'État de Géorgie. Il couvrait l'immigration et ses travaux ont été publiés dans le quotidien New York Times. Arrivé aux États-Unis en 2004, Mario Guevara a demandé l'asile en 2005 à la suite de menaces reçues alors qu'il travaillait comme journaliste au Salvador. Au moment de son arrestation, il était légalement autorisé à travailler aux États-Unis et avait la possibilité d'obtenir une carte verte grâce à son fils, citoyen américain.

Selon le média local indépendant The Georgia Recorder, le bureau du shérif du comté de Gwinnett a collaboré avec l'ICE pour "contester la demande de libération sous caution de Guevara", notamment en émettant des mandats d'arrêt contre lui pour des infractions routières antérieures, déjà abandonnées. Il apparaît également que les reportages de Mario Guevara ont servi de prétexte à son maintien en détention.

En août, une coalition d'organisations de la société civile et de défense de la liberté de la presse, dont RSF, a signé une lettreenvoyée au département de la Sécurité intérieure, qui supervise l'ICE, demandant la libération de Mario Guevara.