services publics, europe et économie : la cfe-cgc ouvre le débatPôle public

La CFE-CGC lance un cycle de conférences pour éclairer les enjeux et défendre sa vision des services publics. Présentation avec André Thomas, secrétaire national au développement et à la représentativité du secteur public.

La CFE-CGC va organiser le 28 octobre, puis le 4 février 2026, deux colloques consacrés au service public, une première pour l'organisation. Pourquoi s'emparer de ce sujet ?

Ce cycle de conférences s'inscrit dans l'objectif assumé par la confédération de produire à terme une doctrine des services publics du XXIe siècle. Partout, à la TV, à la radio, dans les journaux, il n'y a pas une seule seconde où le service public ne s'invite pas de manière prioritaire au centre des débats. Dans ces conditions, il est impossible pour la CFE-CGC de ne pas avoir un socle de pensée, serein, suffisamment construit, pour déterminer comment nous envisageons les choses. Encore faut-il savoir s'entourer et discerner ce qui est innovant.

À tort, le service public est trop souvent évoqué pour de bien mauvaises raisons. Ceux qui parlent du coût trop élevé des services publics sont les mêmes qui réclament plus de policiers, de services d'urgence et une meilleure qualité de l'eau. Dans ces débats, les équations présentées sont régulièrement scandaleuses - trop de dépenses publiques = trop de services publics -, en ignorant par ailleurs honteusement la dégradation des conditions de travail des salariés concernés. La CFE-CGC s'insurge contre cette vision binaire. Le service public, c'est à la fois 5,7 millions d'agents des trois versants de la fonction publique (État, territoriale et hospitalière) et 3 à 4 millions de salariés du privé qui travaillent par voie de délégations, de concessions, de groupements. La CFE-CGC s'adresse à toute cette population. Tirer contre le service public, c'est tirer contre tout le monde. C'est être irresponsable.

Quelle démarche a entrepris le service développement et représentativité du secteur public que vous pilotez à la confédération ?

Pour éviter l'écueil du guêpier de la parole et de la pensée faciles, nous avons d'abord rencontré une à une nos fédérations CFE-CGC pour les écouter, savoir comment elles ressentent la situation. Cela a été d'une grande richesse. Il en ressort communément que le service public a besoin d'un État stratège afin de répondre aux besoins de la population. Le service public doit assurer la cohésion sociale et économique et échapper à cette ambiance qui l'opposerait « naturellement » au secteur privé. Poncif éculé, ce type de raisonnement, pire qu'une fadaise, est un non-sens absolu car en vérité rien ne les oppose. Il y a certes des besoins à redéterminer, des choix à faire, mais rien ne pourra se réaliser - en termes de sécurité sociale et économique, de sécurité tout court, de justice, d'éducation, de santé, de transition écologique, etc.- sans adopter la hauteur et l'objectivité nécessaires.

Beaucoup se plaignent de ne pas avoir assez de juges, d'infirmières, que nos enfants manquent d'instruction, que les délais ici et là sont longs, que la qualité n'est pas au rendez-vous ; mais qu'en même temps cela coûte trop cher. Cette situation paradoxale, répétée à l'envie, nuit à la qualité des débats.

Et quelle a été votre approche en externe pour construire ces colloques et ce projet de doctrine des services publics ?

La deuxième étape a été de rencontrer de nombreux chercheurs, économistes, sociologues, historiens et experts de chaque discipline. Leur accueil a été au-delà de nos espérances pour nourrir le débat avec le caractère innovant propre à la CFE-CGC. Avec cette vision qu'ont les populations de l'encadrement, les cadres, les techniciens, les agents de maîtrise vis-à-vis de l'approche stratégique et de la direction d'entreprise, qu'elle soit publique ou privée. Tous les experts nous ont demandé de persévérer dans cette voie, d'où notamment notre volonté d'organiser ces deux prochains colloques.

Pour le premier, le 28 octobre (« Services publics, Europe et économie : quels liens ? »), il nous a semblé prioritaire d'expliquer, de poser le débat autour du service public pour bien se rendre compte qu'il n'y a pas de conflictualité entre l'économie, l'Europe et les services publics, mais plutôt une complémentarité et un nouvel équilibre à rechercher. Vous allez apprendre énormément ! S'agissant du second, le 4 février 2026, nous présenterons le monde des possibles, celui de nos idéaux, celui que nous construirons ensemble. Pour débattre d'un enjeu crucial et redonner toute sa place au service public dans l'économie et en Europe, soyez nombreux le 28 octobre, en présentiel ou en distanciel !

Propos recueillis par Mathieu Bahuet