Prime Minister of the French Republic

12/05/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/06/2025 18:07

« Je me sentais vide » : Camille Lacourt revient sur ses dépressions

Il est l'un des nageurs les plus titrés de sa génération. Quintuple champion du monde et quintuple champion d'Europe, personnalité majeure du 100 mètres dos, Camille Lacourt a aussi connu ce que le sport de haut niveau expose rarement : deux dépressions, l'une après les Jeux olympiques de 2012, l'autre au moment de sa retraite en 2017. Deux épisodes dont il parle dans les films documentaires « Srong, aussi forts que fragiles » et « Santé mentale : briser le tabou ». En libérant la parole autour de la santé mentale des athlètes, l'ancien nageur veut aider les autres en montrant que les champions peuvent, eux aussi, vaciller.

Vous avez traversé deux dépressions. Comment avez-vous vécu cette période ?

J'ai échoué aux JO de 2012 alors que j'étais l'un des favoris. Je me suis demandé à quoi pouvait servir de s'être autant entraîné. Cela a été très violent. Je me suis senti vide, j'avais perdu toute notion de plaisir et de goût à la vie. À ce moment-là, je n'en ai parlé à personne, je me suis dit que cela allait passer, mais cet épisode a duré plusieurs mois.

Je me suis senti vide, j'avais perdu toute notion de plaisir et de goût à la vie.

Camille Lacourt

  • Ancien champion du monde de natation

Vous avez vécu une période semblable après votre retraite sportive. Était-ce différent ?

Oui, très différent. La dépression est arrivée moins soudainement. Je me demandais quelle personne je devais être en dehors de la performance qui a défini toute ma vie, et j'ai réalisé que je n'étais pas en phase avec moi-même. J'ai commencé à boire de façon irraisonnable pour gérer cette anxiété. Je pensais avoir préparé cette fin de carrière mentalement et professionnellement. Je me disais que je ne vivrais pas la petite mort du sportif. Mais quand votre vie tourne autour de la performance depuis plus de 15 ans, c'est très difficile à vivre. Il y a un vrai reset mental. Tant qu'on n'a pas franchi la dernière étape, penser à l'après est trop abstrait. On croit être prêt, mais on ne l'est pas vraiment.

Comment avez-vous réussi à vous en sortir ?

Je n'ai pas vu de « psy » à ce moment-là, mais j'avais eu un préparateur mental et un psychologue sportif pendant des années. Je crois que cela m'a aidé à remonter la pente. Je n'ai pas pris de médicaments, mais il n'y a aucune honte à cela. Les antidépresseurs permettent de faire repartir un peu le cerveau, de recréer l'hormone du bonheur et de relancer la machine cérébrale.

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Publié le 03/07/2025

Était-ce une honte pour un sportif de parler de dépression ?

Ce n'était simplement pas envisageable. La dépression était vue comme réservée à des gens faibles ou malades. Aujourd'hui, la vision a changé. La dépression n'est pas une question de force ou de faiblesse, cela veut juste dire qu'on n'est pas au bon endroit, que le cerveau ne gère pas.

Comment les fédérations et les clubs peuvent-ils mieux accompagner les sportifs ?

Aucune fédération n'a trouvé de solution pour éviter les dépressions. La quasi-totalité des athlètes ont des préparateurs mentaux qui les aident à vivre ces périodes difficiles. On prévient que cela peut arriver, et on évite ainsi de passer des mois à se demander ce qui nous arrive. On sait que l'on peut se tourner vers des professionnels, qu'il existe des outils pour se reconnecter au présent et avancer malgré les moments compliqués.

Peut-on vraiment concilier performance et santé mentale ?

Oui, mais il faut savoir qu'être sportif de haut niveau, c'est chercher des performances extrêmes et donc flirter avec les limites. C'est le jeu de l'excellence, d'aller chercher le dernier petit recul et parfois on passe de l'autre côté. D'où l'intérêt d'être préparé.

Quel message adresseriez vous aux jeunes qui visent le haut niveau ?

Quel que soit le sport, c'est dur tant il y a beaucoup de prétendants et si peu d'élus. Je leur dirai : foncez, essayez d'atteindre votre 100 %. Le sport, même sans médaille, vaut le coup, malgré des phases difficiles. C'est une école de la vie exceptionnelle. Ces expériences m'ont appris à m'écouter et à arrêter de croire que je suis plus fort que mon cerveau. Si je ressens de la fatigue, si mon cerveau m'envoie un message, je ne me dis plus « ça va le faire ».

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