10/07/2025 | News release | Distributed by Public on 10/07/2025 14:28
« L'intelligence artificielle aujourd'hui, c'est un enjeu de taille pour tous les pays à travers la planète, et l'Afrique ne peut pas être en reste de ce mouvement », déclare le Dr. Tawfik Jelassi, Sous-directeur général pour la communication et l'information à l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), dans un entretien accordé à ONU Info.
La semaine dernière, l'agence onusienne a dévoilé des solutions innovantes et des initiatives lors d'une conférence du G20 sur le développement de l'intelligence artificielle en Afrique, à Cape Town, en Afrique du Sud. Cette conférence était organisée pour « mettre l'intelligence artificielle au service de l'Afrique » et « pour faire en sorte de soutenir une dynamique endogène en Afrique », a souligné la cheffe de l'UNESCO, Audrey Azoulay, dans un communiqué de presse.
En effet, les progrès de l'IA à travers le monde présentent de grandes opportunités de progrès comme de grands risques, liés notamment à l'environnement, l'éthique ou les inégalités.
« L'Afrique ne peut pas se permettre d'accroître la fracture numérique. Elle envisage d'utiliser l'intelligence artificielle comme un levier de croissance, d'inclusion sociale, de développement économique et de prospérité », explique le Dr. Jelassi.
Selon lui, l'IA en Afrique doit pouvoir être à l'image de ses utilisateurs et correspondre au mieux à leurs besoins.
« L'Afrique ne doit pas en quelque sorte hériter de l'intelligence artificielle qui est en train d'être conçue, développée, mise en oeuvre ailleurs à travers le monde », dit-il. « L'Afrique ne va pas utiliser une intelligence artificielle basée sur des valeurs qui ne sont pas celles de l'Afrique, développée avec les langues qui ne sont pas pratiquées à travers l'Afrique et selon des cadres et des concepts qui sont étrangers à l'Afrique ».
Le haut responsable de l'UNESCO s'est félicité de la présence et de la participation à la conférence de groupes sous-représentés ou marginalisés dans les prises de décisions, tels que des jeunes, des personnes atteintes de handicap, ou des locuteurs de langues minoritaires.
C'est sur des bases inclusives et participatives que l'UNESCO prévoit de former plus de 15.000 fonctionnaires et 5.000 personnels judiciaires aux enjeux de l'IA à travers le continent africain. Ces apprentissages visent à développer les compétences des bénéficiaires dans des domaines tels que l'IA et l'État de droit, l'éthique de l'utilisation de l'IA, ou encore la transformation numérique dans l'administration publique renforcée par l'IA.
Le projet de l'UNESCO contient différents types de mise en oeuvre sur le terrain. Des cours en ligne, d'abord, permettront à un maximum de bénéficiaires de se former, de n'importe où, avec une connexion Internet. En présentiel, le programme Youth Coding Initiative formera plus de 2.000 instituteurs, élèves et décideurs politiques de l'éducation, issus de 15 pays africains.
Un incubateur panafricain verra aussi le jour, soutenant 1.500 chercheurs dans le développement de l'IA. Les bureaux régionaux de l'UNESCO à Nairobi, Dakar, ou à Cape Town proposent également des formations. Et à Rabat au Maroc, l'UNESCO a co-créé il y a maintenant un an un centre dédié à l'intelligence artificielle, AI Movement, le premier sur le continent.
Pour agrandir encore plus l'échelle de la formation à l'IA, l'UNESCO a créé en juin dernier l'Alliance mondiale des écoles d'administration publique, qui rassemble déjà 45 États africains.
« Il faut coopérer les uns avec les autres - les pays africains avec le concours de la Commission de l'Union Africaine. Il faut s'unir. [...] L'IA est une technologie qui demande beaucoup de ressources et certaines économies, notamment en Afrique, ne peuvent pas se le permettre », rappelle le Dr. Jelassi.
Les initiatives de l'UNESCO se veulent également durables et efficaces dans le temps. Leur conception est basée sur les droits humains, selon le haut responsable de l'UNESCO. « On ne veut pas une mauvaise utilisation de l'intelligence artificielle [...] Il faut que ça se passe d'une façon qui respecte la dignité personnelle, qui respecte les données privées, et qui respecte l'être humain en tant qu'utilisateur ou en tant que destinataire de cette technologie », dit-il.
L'éthique et la responsabilité sont également au cœur des solutions de l'UNESCO sur l'IA, avec l'adoption en 2021 par 193 pays de sa recommandation sur l'éthique de l'intelligence artificielle. C'est le premier instrument normatif mondial concernant l'éthique de l'IA.
Cependant, le développement de l'IA reste indéfectible de ses enjeux environnementaux, au vu de sa large consommation d'eau et d'électricité. Le Dr. Jelassi rappelle ainsi l'alignement de l'UNESCO avec les Objectifs de développement durable de l'ONU, ainsi que l'étude de ce sujet, avec notamment la publication d'un nouveau rapport sur le développement d'une IA plus compacte, puissante et économe en énergie.