En réaction à des crises mondiales toujours plus aiguës, la région paneuropéenne (les 53 États membres de la Région européenne de l'OMS et le Liechtenstein) donne à la résilience une place centrale dans ses programmes en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène. Le Protocole sur l'eau et la santé célèbre son 20e anniversaire dans un contexte caractérisé par l'aggravation du changement climatique, des conflits et l'évolution des maladies et de la démographie. Pour l'essentiel, cet accord international unique établit un lien entre, d'une part, la gestion durable de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène et, d'autre part, la prévention et la maîtrise des maladies d'origine hydrique. Il s'agit d'un instrument juridiquement contraignant qui fédère les secteurs de la santé, de l'environnement et de l'eau autour d'objectifs régionaux clés.
La septième session de la Réunion des Parties au protocole se tient à Budapest à l'invitation du gouvernement hongrois et du secrétariat commun assuré par l'OMS/Europe et la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU). Le segment de haut niveau de la journée d'ouverture sera consacré aux systèmes résilients pour améliorer la santé à l'avenir, et réunira des ministres et des représentants de haut niveau. Ceux-ci devraient adopter un programme de travail ambitieux et prospectif pour les 3 prochaines années, avec une perspective stratégique, axée sur la résilience, concernant les initiatives futures en matière d'eau, d'assainissement et d'hygiène pour une meilleure santé.
Le Protocole sur l'eau et la santé soutient directement l'accent résolument mis sur la résilience climatique, la sécurité sanitaire et l'adaptation des systèmes de santé pour l'avenir, exprimé à la fois dans la Déclaration de Budapest sur l'environnement et la santé de 2023 et dans le nouveau Deuxième Programme de travail européen, ce qui le rend essentiel à la réalisation d'objectifs ambitieux en matière de renforcement des systèmes et services d'eau, d'assainissement et d'hygiène.
Deux décennies de progrès tangibles
Vingt ans plus tard, le rôle de ce protocole reste plus utile que jamais. « Aujourd'hui, dans la région, 118 millions de personnes sont desservies par des structures de soins qui ne disposent toujours pas d'installations sanitaires de base. Les établissements de soins de santé sont le lieu où les personnes en situation de vulnérabilité cherchent à se soigner. Pourtant, sans infrastructures adéquates pour l'eau, l'assainissement et l'hygiène, un trop grand nombre de personnes peuvent subir des dommages involontaires au lieu des soins attendus », observe le docteur Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l'OMS pour l'Europe. « En définitive, une eau sans risque sanitaire, l'assainissement et l'hygiène doivent faire partie intégrante de tout investissement dans des systèmes de santé modernes. »
Depuis son entrée en vigueur, en 2005, le Protocole est salué pour le rôle important qu'il a joué s'agissant d'élargir l'accès à des services d'eau et d'assainissement gérés en toute sécurité, d'améliorer la qualité de l'eau de boisson et d'amener des progrès en matière de pratiques d'hygiène dans toute la région paneuropéenne. Il propose aux États membres une batterie d'outils et de recommandations fondés sur des données probantes. En même temps qu'il met résolument l'accent sur une mise en œuvre concrète dans les pays, le Protocole permet d'obtenir des progrès dans les domaines de l'eau, de l'assainissement et de la santé dans la région.
Ce protocole a facilité l'adoption de plans pour la sécurité de l'eau axés sur les risques, une approche recommandée par l'OMS à laquelle recourent désormais plus de 30 pays pour faire face aux risques climatiques et autres. Les recommandations formulées dans le cadre de ce protocole ont également contribué à ce que soient réalisées des évaluations approfondies dans plus de 1 500 établissements de soins de santé dans 10 pays, ce qui a entraîné des améliorations concrètes pour des dizaines de millions de personnes. Une étude récemment publiée sur les données probantes concernant Legionella, l'un des agents pathogènes d'origine hydrique les plus importants dans la région, permettra de mieux comprendre comment il apparaît et d'encadrer les mesures prises pour le prévenir et le maîtriser.
« Nous ne pouvons pas nous permettre d'être satisfaits de nous-mêmes face aux dangers. Alors que les effets du changement climatique s'intensifient, que les situations d'urgence sanitaire se multiplient, que la dégradation de l'environnement s'accélère et que de nouvelles menaces, telles que celles liées à la cybersécurité, apparaissent, il devient encore plus urgent de nous atteler à la tâche qui nous attend », observe Tatiana Molcean, secrétaire exécutive de la CEE-ONU. « Pour la sécurité de demain, nous devons investir dans des systèmes d'eau, d'assainissement et d'hygiène résilients et équitables. »
Investir dans des systèmes d'eau, d'assainissement et d'hygiène résilients, c'est investir dans la santé des populations. En renforçant la résilience, nous soutiendrons des communautés plus fortes et plus saines confrontées à un avenir incertain.