09/02/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/02/2025 11:12
Le rapport "A digital tax to support quality journalism" du Forum sur l'information et la démocratie, organisation co-créée par Reporters sans frontières (RSF), détaille comment les démocraties devraient taxer les plateformes numériques pour soutenir un journalisme fiable. Fruit du travail avec des experts internationaux, il ouvre des perspectives pour une économie de l'information durable et protectrice du droit à l'information.
Le rapport publié ce 1er septembre par le Forum sur l'information et la démocratie, A digital tax to support quality journalism("Une taxe numérique pour soutenir le journalisme de qualité"), contient des recommandations précieuses pour instaurer une taxe sur les grandes plateformes numériques et débloquer les fonds nécessaires à la défense du journalisme de qualité. Le Forum met en lumière le fait que, loin d'être une attaque contre les intérêts américains comme le dit Donald Trump, un système de taxation spécifique du numérique est à la fois nécessaire et urgent.
Consultée sur les conclusions préliminaires, RSF estime qu'une taxation répond aux défis de la fragilisation économique des médias - l'une des principales menaces contre la liberté de la presse, selon le Classement mondial de RSF.
"Une telle taxe, s'appuyant sur le principe du pollueur-payeur, pourrait générer des fonds substantiels, y compris pour le secteur des médias. Elle représente non seulement une réponse aux déséquilibres du marché, mais également un impératif moral : celui de voir les grandes plateformes assumer leur juste part et les gouvernements, ainsi que les autres parties prenantes, reconnaître le rôle vital du journalisme en tant que bien public essentiel à la démocratie.
Des recommandations alignées sur les constats de RSF
Dans son rapport "Pressions sur les médias publics : un test décisif pour les démocraties européennes", RSF plaidait déjà pour un financement des médias publics viaune taxe redistribuée par un organisme indépendant, plutôt que par un budget annuel voté. Le Forum reprend, dans sa proposition de cadre législatif, cette mesure, qui permettrait de réduire l'influence des pouvoirs publics et de garantir l'indépendance éditoriale des médias financés.
Le rapport du Forum insiste aussi sur l'intégration des systèmes d'intelligence artificielle (IA) générative dans le périmètre de la taxe. Cette recommandation rejoint également les analyses de RSF : les concepteurs de modèles d'IA doivent partager leurs revenus avec les éditeurs de presse. De l'entraînement des modèles à la diffusion d'informations fiables par les agents conversationnels grand public, la presse de qualité constitue une ressource clé de l'économie de l'IA générative.
Agir sans attendre un cadre international
Le rapport rappelle qu'il faut agir dès maintenant à l'échelle nationale, sans attendre un cadre au niveau mondial, difficile à atteindre dans le contexte géopolitique actuel. Certains pays, comme l'Autriche et la France, ont déjà instauré des taxes sur les plateformes, mais sans que les fonds récoltés ne bénéficient au journalisme.
RSF encourage ces États pionniers à orienter ces ressources vers l'information de qualité et appelle les autres démocraties, et notamment l'Union européenne dans le cadre des discussions à venir sur le prochain cadre financier pluriannuel, à leur emboîter le pas. Le rapport du Forum fournit tous les éléments nécessaires pour bâtir un système de taxation pérenne, capable de rééquilibrer les rapports de force avec les grandes plateformes.
Lire le rapport A digital tax to support quality journalism