Armée de l'Air et de l'Espace

11/10/2025 | News release | Archived content

Naissance de l’aviation durant la Première Guerre Mondiale

Naissance de l'aviation durant la Première Guerre Mondiale

Direction : Air / Publié le : 10 novembre 2025

Au début du XXe siècle, l'aviation n'est qu'une aventure de passionnés et de pionniers. Les avions, encore fragiles et instables, servent surtout aux exploits sportifs de Santos-Dumont, Blériot, Pégoud ou Garros. L'idée d'un rôle militaire reste marginale. Quinze ans après les premiers vols des frères Wright, personne n'imagine que ces machines deviendront des instruments de guerre.

Breguet 14
Fermer

Breguet 14

Télécharger l'image

À la veille du conflit, aucune armée ne mesure réellement le potentiel de l'aviation. Les aviations militaires restent modestes en effectifs, avec environ deux cents appareils en Allemagne, un peu moins en Russie, cent quarante-huit en France et à peine plus de quatre-vingts au Royaume-Uni. En France, malgré la création d'une première escadrille militaire en 1912, l'aviation demeure marginale. Les premiers appareils utilisés durant la mobilisation sont souvent de simples avions civils réquisitionnés, comme les Blériot XI ou les Morane G, fragiles et facilement abattus par l'infanterie ennemie. Beaucoup d'officiers considèrent encore l'aéronautique comme une curiosité sans avenir militaire.

Pourtant, dès les premières semaines de la guerre, son utilité devient évidente. Pendant la bataille de la Marne en septembre 1914, les avions permettent d'identifier les mouvements ennemis et contribuent directement aux décisions stratégiques. Un mois plus tard, près de Reims, le sergent France et son mécanicien-mitrailleur, le caporal Louis Kono, parviennent à abattre un avion allemand en plein vol, un événement symbolique qui marque l'entrée réelle du combat aérien dans le conflit.

Entre progrès, transformation et perfectionnement

À la fin de l'année 1914, le front se fige et les tranchées s'étendent sur des centaines de kilomètres, rendant toute progression au sol quasiment impossible. L'aviation devient alors un outil essentiel pour observer les lignes ennemies, photographier les réseaux de tranchées et guider l'artillerie.

À partir de 1915, l'installation de radios dans certains avions transforme complètement les opérations : les observateurs peuvent transmettre en temps réel la position des cibles à attaquer, ce qui renforce considérablement l'efficacité de l'artillerie. La demande d'avions augmente brusquement et l'aviation cesse d'être un simple moyen d'observation pour devenir un élément central de la stratégie militaire.

Les premiers affrontements aériens sont improvisés. Les pilotes et observateurs tirent au pistolet, au fusil, voire lancent des projectiles sur leurs adversaires. La situation change radicalement en 1915 lorsque Roland Garros met au point un système permettant à une mitrailleuse de tirer à travers l'hélice grâce à des déflecteurs métalliques. Ce dispositif donne naissance au premier véritable avion de chasse et transforme l'aviation en outil offensif. Très vite, la maîtrise du ciel devient un enjeu vital et une course technologique s'engage entre les Alliés et l'Allemagne.

À partir de 1915, chaque camp tente tour à tour de prendre l'avantage. L'Allemagne domine d'abord grâce au Fokker Eindecker, avant que les Alliés ne réagissent avec de nouveaux appareils. Les Allemands répliquent ensuite avec le Halberstadt D, puis les Alliés reprennent l'ascendant en 1917 et 1918 grâce à des chasseurs performants comme le SPAD XIII ou le Sopwith Camel.

Cette compétition accélère les progrès techniques, qu'il s'agisse des mitrailleuses synchronisées, des viseurs de bombardement, des moteurs plus puissants ou de l'amélioration des bombes. Les avions se spécialisent progressivement entre chasse, reconnaissance, bombardement ou coopération avec l'artillerie. À la veille de l'armistice, l'expansion est impressionnante : la France aligne près de sept mille appareils, l'Allemagne environ quatre mille cinq cents et le Royaume-Uni presque quatre mille.

Les As : les nouveaux héros du ciel

Dans ce contexte apparaît la figure nouvelle de l'As, un pilote ayant remporté au moins cinq victoires homologuées. Ces aviateurs deviennent de véritables célébrités, magnifiés par la propagande et admirés par une population meurtrie par la guerre des tranchées.

La France compte notamment René Fonck, As des As allié avec soixante-quinze victoires, ainsi que Georges Guynemer - parrain de l'armée de l'Air et de l'Espace - ou Charles Nungesser. En Allemagne, Manfred von Richthofen, le célèbre Baron Rouge, domine avec quatre-vingts victoires, suivi d'Ernst Udet ou d'Hermann Göring.

Le bombardement : entre bricolage et stratégie

Les débuts du bombardement sont hésitants. Les bombes sont d'abord larguées à la main, au risque d'accidents fréquents comme ceux qui frappent l'escadrille MF 29 à Belfort. Le commandant de Goÿs, considéré comme le père du bombardement français, structure cette nouvelle discipline. Il fonde le Groupe de Bombardement 1 et organise en mai 1915 la première mission stratégique contre Ludwigshafen. Le bombardement sert à la fois à appuyer les troupes au sol et à frapper des cibles comme les usines, les gares ou les dépôts ennemis. La supériorité allemande rend les opérations diurnes trop dangereuses, ce qui pousse les équipages à voler de nuit.

L'arrivée du Breguet XIV en 1917, plus robuste et plus performant, permet néanmoins de reprendre des raids de jour, même si les bombardiers restent très vulnérables et ne disposent d'aucun parachute.

1918 : l'aviation devient décisive

En 1918, la coordination entre avions, artillerie, chars et infanterie atteint un niveau jamais vu. Les avions préparent les offensives, escortent les colonnes de chars, protègent les troupes au sol et mènent des bombardements stratégiques d'envergure. Ils ne volent plus isolément, mais en formations de plusieurs dizaines voire de centaines d'appareils. Cette intensification entraîne des pertes considérables. Environ deux mille aviateurs français et plus de six mille allemands sont tués, souvent lors d'accidents aussi mortels que les combats.

En seulement quatre ans, l'aviation passe du statut de curiosité fragile à celui d'arme décisive et polyvalente. La Première Guerre mondiale marque la véritable naissance de l'aviation militaire moderne, portée par une accélération technique stupéfiante, par des figures héroïques et par des sacrifices immenses. En 1918, les armées disposent de milliers d'appareils et l'avion devient l'un des symboles majeurs de la guerre industrielle du XXe siècle.

Blériot XI
Fermer

Blériot XI

Télécharger l'image
Armée de l'Air et de l'Espace published this content on November 10, 2025, and is solely responsible for the information contained herein. Distributed via Public Technologies (PUBT), unedited and unaltered, on November 12, 2025 at 14:28 UTC. If you believe the information included in the content is inaccurate or outdated and requires editing or removal, please contact us at [email protected]