12/05/2025 | News release | Distributed by Public on 12/05/2025 09:09
Le mardi 25 novembre 2025, la réserve opérationnelle de niveau 2 de la base aérienne (BA) 107 de Villacoublay s'est retrouvée pour une journée de cohésion exceptionnelle. Guidés par le général (2s) Jean-Pierre Haigneré, les réservistes ont plongé dans l'univers de l'apesanteur et redécouvert les enjeux de l'armée de l'Air et de l'Espace.
À l'ancien mess rang, l'ambiance est à la fois chaleureuse et studieuse. Le colonel Pierre Cornetto, commandant de la BA 107, et son conseiller réserve, le lieutenant-colonel® Patrick, ont convié les réservistes récents afin qu'ils restent connectés à l'évolution de l'institution. Un objectif simple : préserver la culture aéronautique, maintenir un socle commun face aux nouveaux enjeux de l'espace.
Pour cette édition, la surprise est de taille. Le général (2s) Jean-Pierre Haigneré, quatrième Français envoyé dans l'espace, accepte exceptionnellement de reprendre la parole. Il n'a pas donné de conférence depuis plus de dix ans.
Dès ses premiers mots, le ton est donné : « Je dois beaucoup à l'armée de l'Air », confie-t-il. Promotion 69 de l'École de l'air, pilote de Mirage V et III à Colmar jusqu'en 1980, il raconte sa manière de naviguer « au cap et à la montre », loin des cockpits numériques d'aujourd'hui. Des bases qu'il juge « solides, presque fondatrices ».
La suite de sa carrière ressemble à une ascension à la fois exigeante et passionnée : formation de pilote d'essai en Grande-Bretagne, thèse sur le Harrier, vols sur des machines mythiques comme le Dewoitine D.520. Il participe au développement du radar du Mirage 2000 N, totalise 5 500 heures de vol, sur 102 appareils différents, dont 1 800 heures d'essais en vol. Un parcours de pionnier, mais raconté avec une modestie désarmante.
1985 marque un tournant. Sélectionné comme astronaute au Centre national d'études spatiales (CNES), il rejoint l'équipe Hermès et contribue à la création de la Caravelle Zéro G, destinée à reproduire l'apesanteur grâce aux vols paraboliques. Affecté à un vol prévu en 1991, il part pour la Cité des étoiles, près de Moscou : « On y a passé neuf ans avec Claudie » [épouse de Jean-Pierre Haigneré et première Française à être allée dans l'espace-NDLR], se souvient-il. Il évoque l'apprentissage du russe, les entraînements éprouvants, la centrifugeuse, les exercices aquatiques, les simulations de dépressurisation… et ce mélange d'efforts et de valeurs qui fait la culture astronautique : intelligence collective, transmission, excellence, diversité, maîtrise des risques.
Le récit s'intensifie lorsque l'astronaute décrit son premier lancement. Baïkonour, trois semaines avant le décollage, les rails, la mise en place du lanceur, la séquence synchronisée… « On ne parlait pas des sensations du décollage entre astronautes. Une certaine pudeur », dit-il.
Le 1er juillet 1993, il enfile son scaphandre. Le public retient son souffle lorsque le général mime l'attente, cinq heures recroquevillé dans la capsule. Puis le compte à rebours, la poussée, les ballottements d'une fusée « naturellement instable », les 4 g, les réservoirs qui se vident, la séparation du premier étage, et en neuf minutes, l'orbite.
Deux jours plus tard, il rejoint la station Mir. Sa mission dure 20 jours. En 1999, il repart : cette fois pour 188 jours, incluant une sortie extravéhiculaire de plus de six heures. Il devient l'astronaute non russe ayant passé le plus de temps à bord de la station.
Le général Haigneré partage aussi l'intimité du quotidien : le nettoyage du dimanche, la chaleur parfois étouffante (35 °C), les écarts thermiques du vide spatial (+150 °C / -120 °C). Les loisirs ? « Photographier la Terre, encore et encore. »
Il raconte le poids du scaphandre, l'épuisement, mais aussi ce moment où la réalité se frotte au rêve. Puis la fin de mission : la rentrée atmosphérique en plasma, les 5 000 m de chute sous parachute, la capsule qui peut atterrir à 600 km du point prévu, le choc final à 5 m/s… et ce mal de Terre qui vous assaille dès que les pieds touchent le sol.
La salle atterrit avec lui. Applaudissements, sourires, émotion. Les réservistes n'oublieront pas ce voyage immobile, ni ce privilège d'entendre un témoin aussi rare. La journée se poursuit avec une marche de 8 km, un atelier TIOR (technique d'intervention opérationnelle rapprochée), la découverte du nouvel armement de l'escadron de protection. Mais l'esprit reste suspendu, un instant encore, quelque part entre la Terre et les étoiles.
En conclusion, le général Jean-Pierre Haigneré confie : « Je n'ai passé qu'un peu plus de six mois dans l'espace… mais des années à m'y préparer. Je reste avant tout un Aviateur. »
Et il a réussi, en une matinée, à emmener tout son auditoire en apesanteur.