10/15/2025 | Press release | Distributed by Public on 10/15/2025 03:38
Une coalition de 90 ONG de défense de la liberté de la presse et des droits humains, menée par Reporters sans frontières (RSF), appelle à la libération de l'éditeur suédois Gui Minhai, l'un des fondateurs de la maison d'édition hongkongaise Mighty Current, dix ans après son enlèvement par des agents chinois en Thaïlande. Depuis cinq ans, le régime refuse de révéler la moindre information sur sa situation.
Le 17 octobre 2015, des agents de l'État chinois ont enlevé l'éditeur suédois Gui Minhaialors qu'il se trouvait en Thaïlande pour ce qui devait être de courtes vacances. Depuis, le fondateur de la maison d'édition Mighty Current, connue pour ses enquêtes sur la politique chinoise, n'est jamais rentré à Hong Kong ni auprès de sa famille en Suède. Condamné en 2020 à dix ans de prison sur des accusations infondées, il se voit refuser tout contact avec sa fille unique ainsi que tout soutien consulaire suédois. Depuis cinq ans, aucune information n'a été communiquée sur son sort. Comme le souligne sa fille Angela Gui : "Dix ans ont passé, et nous ne savons toujours pas où se trouve mon père ni comment son procès s'est déroulé. Nous devons supposer qu'il est encore en vie, mais sans aucune nouvelle, nous ne pouvons pas en avoir la certitude."
Dans une déclaration conjointe, la coalition d'ONG a exprimé sa profonde inquiétude quant au sort de Gui Minhai et a appelé le régime chinois à le libérer immédiatement et à lui permettre d'entrer librement en contact avec sa fille. La coalition a également exhorté le gouvernement suédois, le Service européen pour l'action extérieure (SEAE), la Commission européenne et les États membres de l'Union européenne à demander publiquement et lors de réunions bilatérales avec les autorités chinoises la libération immédiate de Gui Minhai et la garantie qu'il puisse accéder à une assistance consulaire. La coalition a en outre appelé le gouvernement thaïlandais à clarifier les circonstances entourant le transfert forcé de Gui Minhai depuis la Thaïlande vers la Chine.
"Dix années d'injustice et d'inaction se sont écoulées. Gui Minhai, comme tout citoyen européen, aurait dû bénéficier, au minimum, d'un soutien consulaire et du droit de voir sa fille. Au lieu de cela, il est détenu dans un lieu secret par le régime chinois, qui ne donne aucune information sur son sort. La coopération entre l'Europe et la Chine n'a aucun sens tant qu'il ne sera pas réuni avec sa famille en Suède. Pour obtenir sa libération immédiate, le régime chinois doit être soumis à une pression forte et l'Union européenne comme la Suède doivent clairement signifier que tout refus entraînera de sérieuses conséquences politiques pour les relations bilatérales. Il est choquant que nous attendions toujours une action décisive après dix ans.
Contraint à des "aveux"
Trois mois après son enlèvement, Gui Minhai est réapparu à la télévision d'État chinoise, contraint de livrer des "aveux". Après deux ans de détention, il a été libéré, mais en réalité, il est resté sous surveillance étroite de l'État chinois. En 2018, il a de nouveau été arrêté par la police dans un train en direction de Pékin alors qu'il était accompagné de deux diplomates suédois. Deux ans plus tard, le régime chinois a annoncé sa condamnationà dix ans de prison pour avoir "illégalement fourni des renseignements à l'étranger". Selon sa fille, Angela Gui, "il est évident que mon père a été arrêté pour une seule raison : ses activités d'éditeur sur des sujets politiquement sensibles".
RSF mène campagne pour la libération de Gui Minhai et a soumisson cas, en 2018, au groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. Le 9 octobre 2025, une large majorité du Parlement européen a adoptéune résolution appelant à sa libération - la deuxième du genre après celle de 2016, qui dénonçait déjà les violations des droits humains et de la liberté de publication en Chine.
L'affaire Gui Minhai est emblématique de la campagne de répression menée par le régime chinois contre les voix critiques, dans le cadre d'une offensive croissante contre le droit à l'information depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012. La Chine occupe la 178ᵉ place sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2025de RSF, et reste la plus grande prison au monde pour les journalistes selon les données de l'organisation.