Dans quelle benne déposer mes blocs de fonte ...

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16 octobre, 2025

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Par Anaïs Schaeffer

En mars 2024, la Commission de la recherche du CERN a donné son feu vert au projet BDF (Beam Dump Facility), une installation de type « arrêt de faisceau » jouant le rôle de cible fixe de haute intensité. Alimentée par les faisceaux de protons du Supersynchrotron à protons (SPS), l'installation BDF sera située dans la zone Nord et devrait entrer en service en 2031.

La cible de BDF aura une épaisseur de 1,5 mètre et sera capable d'absorber toute l'énergie du faisceau du SPS. C'est pourquoi elle ressemble davantage à un arrêt de faisceau qu'à une cible fixe classique. Parmi les cascades de particules qu'elle produira, les scientifiques espèrent déceler des particules interagissant très faiblement avec la matière ordinaire, si faiblement qu'elles n'auraient pas encore été détectées - appartenant à ce que l'on appelle le « secteur caché ».

Bien plus sophistiquée que les cibles existantes, l'installation BDF sera entourée d'un blindage d'environ 1 350 tonnes (180 m³) de fonte et de 1 000 tonnes (400 m³) de béton et de marbre.

Ce qui nous amène à vos blocs de fonte*.

Car 1 350 tonnes de fonte ramenées au prix du mètre cube de fonte, ça donne une facture de plus de 4 MCHF. « L'équipe en charge du projet a tout de suite envisagé de recycler d'anciens blocs de fonte du CERN, explique François Butin, responsable de la fourniture des éléments de blindage pour BDF, et notamment, ceux du projet neutrino TT7 du PS qui sont enterrés et inutilisés depuis les années 1980. On parle ici de 750 tonnes de fonte, soit quelque 263 blocs représentant un volume de 100 m³. »

Restait à les récupérer. Car extraire des blocs de fonte pesant individuellement jusqu'à 7,5 tonnes, enterrés à environ 10 m sous terre, n'est pas une mince affaire : « Ces blocs se trouvaient sous la butte située le long de la route Oppenheimer. Pour les atteindre, nous avons d'abord dû raser la butte, puis excaver », poursuit François Butin. Après avoir déterminé leur position, les techniciens ont ainsi creusé tout autour pour pouvoir réaliser une paroi de soutènement, avant de se lancer dans l'extraction des 263 blocs espérés. « Cela a été un travail long, fastidieux, et non sans surprises… Des 750 tonnes de fonte présumées, nous en avons finalement récupérées 600, soit une belle économie de 2,1 MCHF ! Quant aux 150 tonnes manquantes, ça reste pour le moment un mystère irrésolu… »

D'autres blocs de blindage inutilisés, en fonte et en béton, seront aussi collectés ailleurs au CERN, par exemple ceux de la zone TCC2 de la zone Nord. Au total, 1 100 tonnes de fonte et 850 tonnes de béton devraient pouvoir être récupérées. Une belle opération de recyclage.

*À la base, on plaisante, mais nous sommes au CERN… alors si vous avez vraiment des blocs de fonte ou de béton à recycler, n'hésitez pas à nous contacter…