11/07/2025 | News release | Archived content
Du 20 au 31 octobre 2025 sur l'île du Levant, la Brigade aérienne de l'aviation de chasse (BAAC) a mené une campagne de tirs combinée entre la défense sol-air et l'aviation de chasse. Appuyée par les installations de la Direction générale de l'armement, l'opération a mis en œuvre des scénarios de haute intensité face à des menaces complexes et saturantes.
Au large des côtes varoises et dans le ciel méditerranéen, une activité terrestre et aérienne foisonnante a animé durant deux semaines le site d'essais de missiles de la Direction générale de l'armement (DGA EM) implanté sur l'île du Levant. La raison ? Des tirs combinés depuis le ciel et vers le ciel contre une menace aérienne complexe représentative de la réalité des guerres actuelles. Cette campagne de tir de haut niveau orchestrée par la Brigade aérienne de l'aviation de chasse (BAAC) a en effet répondu à plusieurs objectifs opérationnels majeurs, dont la validation des procédures de combat collaboratif entre un avion de chasse et un système de défense sol-air. Elle a aussi confirmé la capacité des systèmes de défense sol-air à se défendre contre des menaces air-sol modernes. Organisée comme une opération réelle, cette activité visait également à évaluer l'aptitude des unités engagées à conduire un tir réel dans les conditions opérationnelles d'un conflit de haute intensité : temps contraint, manœuvre logistique accélérée, maintenance adaptée.
La campagne a réuni deux unités de combat du sud-est : l'escadron de défense sol-air (EDSA) 01.950 « Crau » (base aérienne 125 d'Istres) et l'escadron de chasse 1/5 « Vendée » (base aérienne 115 d'Orange-Caritat). Ensemble, opérateurs de défense sol-air et pilotes de chasse ont mené plusieurs tirs coordonnés en temps réel visant à renforcer la synergie entre aviation de chasse et défense sol-air dans un environnement complexe. Comme le confirme le général de brigade aérienne Pierre Gaudillière (GBAAC) : « J'ai assisté sur l'île du Levant à la préparation et à la réalisation d'une mission type "joint engagement zone" entre Rafale et Mamba. Deux cibles combinées traitées en un temps record d'analyse, de partage et de décision, avec une fenêtre de décision extrêmement contrainte. Deux tirs simultanés. Deux coups au but. Je valide leur préparation opérationnelle : les Aviateurs du "Crau" et du "Vendée" sont prêts. Ce n'est pas de l'art pour l'art. Tous les entraînements de la Brigade aérienne de l'aviation de chasse sont réalisés dans des conditions de stress particulièrement intense face à des cibles simulant des menaces aériennes complexes et coordonnées selon des modes d'action extrêmement crédibles au regard des conflits actuels. »
Au cours de ces scénarios tactiques, plusieurs tirs ont été réalisés avec succès et ont neutralisé une force hostile. Le commandant Quentin, directeur de l'exercice et commandant l'EDSA « Crau » témoigne : « De l'opérateur sur le lanceur, chargé de la mise en œuvre des missiles Aster 30, jusqu'au spécialiste derrière la console du module d'engagement, en passant par les techniciens responsables du radar, c'est tout l'escadron de défense sol-air qui se mobilise, déclare-t-il. Pour préparer cette campagne nous avons mené en septembre des entraînements avec la 5ᵉ escadre de chasse, afin de renforcer notre coordination et entretenir une synergie opérationnelle solide dans un cadre de haute intensité. » Aujourd'hui, se préparer à la haute intensité n'est plus une option, c'est une exigence à laquelle tous les acteurs de la troisième dimension, spécialistes de la défense sol-air ou de la chasse, font face. « Cette campagne de tirs vient clôturer un cycle de préparation opérationnelle exigeant. À titre d'exemple, 45 % de notre effectif compte moins de cinq ans de service. Cela démontre que, malgré sa jeunesse, l'escadron est pleinement opérationnel, performant et prêt à remplir ses missions avec efficacité », poursuit le commandant Quentin.
Pour cette édition, l'EDSA « Crau » a été désigné pour assurer la préparation et la conduite de la campagne. Placé sous le commandement d'un Centre de management de la défense dans la troisième dimension (CMD3D), le système sol-air moyenne portée (SAMP) Mamba a tiré un missile Aster 30 dans chacun des deux scénarios. Selon les menaces, le CMD3D coordonne l'engagement des différentes cibles en attribuant les menaces à traiter aux sections DSA ou aux chasseurs alliés.
Les tirs Aster 30 se sont déroulés les 30 et 31 octobre 2025, sous le contrôle direct du CMD3D et selon des règles d'engagement spécifiques établies pour l'exercice. Dans le premier des scénarios prévus, un Rafale et le Mamba ont tiré simultanément respectivement un missile d'interception, de combat et d'autodéfense (MICA) et un Aster 30 sur deux cibles BJ80 (Banshee Jet - simulant pour l'une un missile de croisière et pour l'autre l'avion tireur ennemi). Autre scénario réalisé, un Rafale « ennemi » de la 5e escadre a procédé au largage en très basse altitude d'une bombe A2SM (armement air-sol modulaire), équipée d'un kit d'augmentation de portée, en direction du dispositif sol-air. Le CMD3D effectuait alors une analyse en temps réel de la situation tactique et appliquait les règles d'engagement ad hoc autorisant, le cas échéant, un tir d'autoprotection du système SAMP/Terrestre Mamba. Le commandant Quentin nous explique : « La cible BJ80 est fournie par la DGA. Pour cette configuration de tir, nous utilisions une cible capable d'atteindre une plage étendue de basse à haute vitesse, indique-t-il. Sur le dispositif, deux acteurs ont engagé les cibles : un chasseur "ami" et le système de défense sol-air Mamba. Dans le cadre de cette campagne de tirs, nous avons également fourni un cadre tactique aux opérateurs : le scénario plaçait le Mamba en posture d'Entry Force (entrée en premier). Autrement dit, la capacité de défense sol-air était déployée sous faible préavis pour protéger un pays tiers demandant un appui urgent, tandis que la composante chasse assurait la présence aérienne. Les cibles jouaient le rôle d'un vecteur hostile simulant le tir d'un missile de croisière - afin de tester la réactivité et l'efficacité de nos dispositifs ainsi que la coordination avec les moyens aériens. »
Essentielle à la préparation opérationnelle des forces, cette campagne, qui a rassemblé près de 90 Aviateurs opérateurs de défense sol-air, a ainsi permis l'entraînement du personnel à la coordination des feux entre les différents effecteurs de la BAAC. Pour l'année 2026, une prochaine campagne de tir se prépare dans les coulisses de la défense sol-air avec, notamment, la mise en œuvre du tout nouveau système d'armes : le VL MICA (MICA à lancement vertical).
Intégrées à la BAAC dans le plan Altaïr en 2023, la défense sol-air et l'aviation de chasse agissent en parfaite complémentarité et constituent un ensemble à la cohérence renforcée. Depuis 2022, la défense sol-air connaît une forte augmentation de ses engagements opérationnels sur le territoire national et sur les théâtres extérieurs, renforçant ainsi la posture défensive et dissuasive de l'OTAN sur le flanc est de l'Europe. Elle s'adapte en permanence à la combinaison de nouvelles menaces (drones de toutes tailles) avec des menaces « classiques » tels les missiles de croisière et balistiques. Ces exercices conjoints avec l'aviation de chasse consolident la préparation opérationnelle des opérateurs et des techniciens des escadrons de défense sol-air aux opérations de haute intensité. Cette interopérabilité renforcée augmente l'efficacité tactique en exploitant les complémentarités entre chasse et défense sol-air, et ouvre la voie au développement rapide de nouvelles capacités.