UNFPA - United Nations Population Fund

10/07/2025 | News release | Archived content

« Je tiens toujours à terminer l’école » : en Namibie, les filles traversent une crise du libre arbitre en matière de procréation

RÉGION DE KUNENE, Namibie - « J'aurais dû être en première cette année », explique Elly Tjondu, 21 ans. « C'est tout ce que je veux, retourner à l'école pour terminer mes études. »

Dans le village Alpha, à 15 kilomètres de la ville d'Opuwo dans la région de Kunene, en Namibie, Elly est assise devant la maison familiale, son nourrisson emmitouflé dans une grenouillère. Lorsqu'elle n'avait que 15 ans, Elly est tombée enceinte pour la première fois. Victime d'une fausse couche, elle a malheureusement perdu le bébé. Une expérience dramatique qui l'a marquée à vie.

À 18 ans, elle est tombée enceinte pour la deuxième fois et a donné naissance à une petite fille en bonne santé. Grâce au soutien de ses parents, Elly a pu retourner à l'école : sa mère gardait le bébé tandis qu'elle profitait des pauses pour rentrer et allaiter.

La région de Kunene présente l'un des taux de grossesse adolescente les plus élevés de Namibie, alors que plus d'un tiers des filles tombent enceintes avant d'avoir atteint l'âge adulte.

Après sa seconde grossesse, Elly souhaitait en savoir plus sur la planification familiale, mais la clinique la plus proche de chez elle est à Opuwo.

« Je voulais avoir un moyen de contraception après ma deuxième grossesse », déclare-t-elle, « mais quand on n'a pas d'argent pour le taxi, on reste chez soi. »

Pour les filles comme Elly, sans moyen de transport, les soins de santé sexuelle et reproductive sont hors de portée.

Une crise pour les adolescentes

L'an dernier, Elly est à nouveau tombée enceinte ; elle a accouché de son deuxième enfant en juin 2025. Par le passé, elle avait pu retourner à l'école malgré un âge avancé grâce à la politique namibienne Learner Pregnancy Policy ainsi qu'à la disponibilité de ses parents. Mais cette fois-ci, sa mère et son père lui ont demandé de rester à la maison et d'allaiter, lui promettant qu'elle pourrait reprendre ses études en janvier.

Elly Tjondu habille son bébé de deux mois dans la maison familiale dans le village d'Alpha, dans la région de Kunene. ©UNFPA Namibe

Elly vit avec ses parents et ses frères et sœurs, dont l'une a eu un bébé il y a un peu plus d'un an. Sa mère, Uandende Tjondu, a également accouché cette année, et avec plusieurs jeunes enfants à charge, la famille Tjondu est confrontée à de lourdes pressions financières et de soins.

Son père, Kaukondua Tjondu, est soudeur. Il trouve tant bien que mal des petits boulots dans le voisinage : il répare des outils, des portes, des portails et tout ce qui peut lui permettre de travailler. « J'essaie », explique-t-il à l'UNFPA, l'agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive. « Mais le travail n'est pas toujours disponible. Je fais ce que je peux. »

Les deux pères des enfants d'Elly sont encore à l'école, fait qui illustre l'impact disproportionné des grossesses à l'adolescence sur les filles.

Dans le monde entier, les filles comme Elly font face à une crise du libre arbitre en matière de procréation. Sans informations ni services de qualité, elles ne peuvent pas véritablement faire de choix quant à leur avenir. En première ligne de cette crise, les adolescentes font les frais des grossesses non désirées : les filles qui tombent enceintes à l'adolescence ont plus de risque d'abandonner l'école, de tomber malades et de souffrir de difficultés économiques tout au long de leur vie.

Mais M. Tjoundu a décidé de ne pas confronter la famille des garçons qui ont conçu ses petits-enfants.

« Je ne suis pas allé à leur rencontre », déclare-t-il. « Ce n'est pas facile. Dans notre culture Himba, lorsqu'il n'y a pas de mariage, on ne va pas voir la famille du garçon. »

« Ce sont encore des enfants », poursuit-il. « Ils ne travaillent pas. Que peuvent-ils vraiment faire ? Je me concentre simplement sur ce que je peux faire : m'occuper de mes petits-enfants. »

Le droit de choisir

Après avoir découvert qu'Elly était de nouveau enceinte, ses parents ont craint les futures difficultés, mais la famille s'est unie pour soutenir chacun de ses membres. Désormais mère de deux enfants, Elly continue d'espérer pouvoir un jour terminer ses études.

« Nous lui avons dit qu'elle devait être forte et prendre soin de son bébé et qu'elle pourrait retourner à l'école l'année prochaine quand le bébé sera plus âgé », précise sa mère.

Le père d'Elly, Kaukondua Tjondu, est soudeur, mais explique que le travail est parfois difficile à trouver. ©UNFPA Namibia

Dans les communautés soumises à des difficultés comme la pauvreté, les adolescentes sont souvent les premières à perdre l'accès à l'éducation, aux soins de santé et autres services critiques qui protègent leur bien-être.

« Je veux qu'elles aient plus d'opportunités que moi »

L'UNFPA soutient le gouvernement de Namibie pour donner plus de moyens aux prestataires de santé d'assurer des services intégrés et adaptés aux jeunes par le biais de cliniques et de plateformes de sensibilisation mobiles. Cette approche implique notamment de former les équipes de santé à donner aux adolescent·e·s et aux jeunes des informations en matière de santé sexuelle et reproductive sans jugement et dans le respect de leur culture.

L'UNFPA a également lancé des campagnes de contraceptifs réversibles à action prolongée en Namibie pour apporter des méthodes de planification familiale adaptées aux adolescent·e·s qui n'ont que rarement accès aux établissements de santé. Plus de 21 000 de ces contraceptifs ont été distribués en Namibie entre 2020 et 2024, et 385 implants (une méthode de plus en plus populaire chez les adolescent·e·s de la région) ont été fournis dans la région de Kunene entre 2024 et 2025.

Pour les jeunes mères comme Elly, le chemin pour continuer ses études sera peut-être long, mais elle est déterminée à aller jusqu'au bout. « Je veux retourner à l'école. Je veux travailler et bien élever mes enfants », affirme-t-elle.

« Je veux qu'elles aient plus d'opportunités que moi. »

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