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10/28/2025 | Press release | Archived content

Allocution du Directeur général de l’OMS à l’occasion de la 75e session du Comité régional de l’OMS pour l’Europe – 28 octobre 2025

Madame la Présidente, Mme Deprez,

Mesdames et Messieurs les ministres, ambassadeurs et ambassadrices et chefs et cheffes de délégation,

Monsieur le Directeur régional, Dr Hans Kluge,

Chers collègues et amis, chères collègues et amies,

Bonjour de New York. Je suis sincèrement désolé de ne pas pouvoir être là en personne, et je vous remercie d'avoir ajusté le programme pour me permettre de me joindre à vous virtuellement.

Comme vous le savez, l'ONU se trouve à un tournant décisif de son histoire. Cette semaine, l'ensemble des dirigeants et dirigeantes des Nations Unies se réunissent à New York pour discuter des réformes au titre de l'initiative ONU80, de la refonte de l'aide humanitaire, des ODD et des changements à apporter à l'efficacité, au mandat et à la structure de l'ONU. C'est la raison pour laquelle je ne peux pas être avec vous, et je sais que vous me pardonnerez cette absence, compte tenu des circonstances.

L'OMS apporte tout son soutien à ce processus, non seulement parce qu'elle fait partie de la famille des Nations Unies, mais aussi parce que son succès dépend du succès de l'ensemble des Nations Unies.

L'OMS est la seule institution à participer à trois pôles d'activités grâce à ses travaux axés sur l'action humanitaire et le développement et en tant qu'agence spécialisée des Nations Unies.

Ce projet me paraît très prometteur pour faire progresser la santé. En effet, il cherche particulièrement à tirer parti des bureaux régionaux et des bureaux de pays de l'OMS, conformément aux propositions que le Secrétaire général a présentées à l'Assemblée générale au début du mois.

Je remercie le Danemark d'accueillir le Bureau régional de l'OMS en Europe, et je remercie tous les États Membres pour l'appui vigoureux qu'ils ont apporté à l'OMS au cours de l'année écoulée.

Je remercie également les membres du personnel des bureaux régionaux et des bureaux de pays pour leur dévouement et leur professionnalisme pendant cette période difficile.

Malgré les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés, vous avez continué de soutenir nos États Membres dans la mise en œuvre des 13e et 14e programmes généraux de travail et du Programme de travail européen.

Et malgré ces défis, il y a de nombreuses réussites à célébrer, que le Directeur régional a décrites dans son rapport annuel.

Dans chaque pays, il y a des réussites à célébrer et des défis à relever.

En ce qui concerne la couverture sanitaire universelle, il est encourageant de voir que les pays prennent des mesures pour étendre la couverture des services, la protection financière et l'accès aux médicaments et à la vaccination, tout en renforçant les soins de santé primaires, les personnels de santé et la qualité des soins.

S'agissant des urgences sanitaires, les pays renforcent leurs capacités tout en répondant aux situations d'urgence, notamment la guerre en Ukraine et l'évacuation des enfants malades et blessés de Gaza.

Pour ce qui de la promotion de la santé et du bien-être, l'accent est mis sur les maladies transmissibles et non transmissibles, les changements climatiques, la résistance aux antimicrobiens, etc.

Je salue aussi les travaux accomplis par le Bureau régional pour rendre l'OMS plus efficace et plus efficiente.

Dans le même temps, vous faites face à de nombreux défis, dont certains sont nouveaux et d'autres récurrents, dont certains sont communs à toutes les régions et d'autres propres à la vôtre :

la progression continue de la résistance aux antimicrobiens ;

des taux de vaccination sous-optimaux ;

l'augmentation du nombre de cas d'obésité et de diabète ;

à l'échelle mondiale, le taux de consommation d'alcool le plus élevé, le taux de tabagisme qui diminue le plus lentement et le taux d'allaitement maternel le plus bas ;

une pénurie prévue de 800 000 agents et agentes de santé ;

des taux élevés de violence contre les femmes et les filles ;

autant de défis auxquels la région est confrontée.

Bien sûr, vous ne pourrez pas résoudre tous ces problèmes cette semaine, mais donner aux enfants les meilleures conditions de vie possibles est un moyen fondamental d'y parvenir. Je suis donc heureux de constater que votre ordre du jour comporte une nouvelle stratégie pour la santé et le bien-être des enfants et des adolescents.

De même, pour relever les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés, il faudra innover dans les produits, les services et les politiques. C'est pourquoi je salue le projet de stratégie visant à mettre l'innovation au service de la santé publique.

Alors que nous nous concentrons sur la santé des enfants et des adolescents, il est également essentiel que nous répondions aux besoins de santé des personnes âgées. Je suis donc ravi que vous discutiez, lors de cette réunion, d'une nouvelle stratégie sur le vieillissement en bonne santé, qui sera élaborée et finalisée l'an prochain.

Enfin, je vous félicite pour le deuxième Programme de travail européen, qui s'appuie sur le premier et vient compléter le quatorzième PGT.

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Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et ambassadrices, chers collègues et amis, chères collègues et amies,

Lors de l'Assemblée mondiale de la Santé de 2025, les États Membres ont envoyé un message très clair : ils veulent une OMS forte et autonome.

Tout d'abord, les États Membres ont approuvé la prochaine augmentation des contributions fixées, une étape majeure en vue d'assurer la viabilité et l'indépendance financières de l'OMS, et de la protéger contre les chocs futurs, conformément à l'objectif fixé lorsque nous avons entamé la réforme financière de 2017.

Je tiens à remercier les États Membres d'avoir pris, en 2022, la décision historique de porter les contributions fixées à 50 % du budget de base et d'avoir approuvé les deux premiers versements, en mai 2023 et en mai 2025. Nous espérons que vous effectuerez les trois versements restants en 2027, 2029 et 2031 et que vous atteindrez l'objectif des 50 %.

Il s'agit d'un élément clé de notre réforme financière, qui est une solution stratégique aux problèmes systémiques auxquels nous sommes confrontés, lesquels sont liés à notre modèle de financement.

Je ne saurais trop insister sur l'importance de cette décision, tant dans le contexte de la crise actuelle que pour l'avenir à long terme de l'Organisation.

L'augmentation des contributions fixées nous a permis de sauver un grand nombre de postes et de réduire l'impact des coupes budgétaires auxquelles nous avons été confrontés cette année.

Mais cette décision est aussi une solution stratégique à long terme, qui s'attaque à l'un des principaux problèmes systémiques de l'Organisation et qui continuera de porter ses fruits sous le mandat du prochain Directeur général ou de la prochaine Directrice générale et bien après. Il s'agit d'un programme conçu pour s'inscrire dans la durée, qui place l'OMS sur des bases solides.

La deuxième décision majeure prise par l'Assemblée cette année a été l'adoption de l'Accord de l'OMS sur les pandémies.

Cette décision historique montre que, même en période de profondes divisions, les pays peuvent encore s'unir et trouver des solutions communes à des problèmes communs.

Il est essentiel que les États Membres concluent les négociations sur le Système d'accès aux agents pathogènes et de partage des avantages découlant de leur utilisation - l'annexe PABS - à temps pour l'Assemblée de 2026, afin que l'Accord sur les pandémies puisse être achevé et ratifié puis entrer en vigueur en vertu du droit international.

Nous savons toutes et tous que l'OMS fait face à des défis importants, en raison des diminutions drastiques des financements.

Compte tenu de ces diminutions, j'ai soumis un budget considérablement réduit pour l'exercice biennal 2026-2027 à l'Assemblée mondiale de la Santé de 2025, que les États Membres ont approuvé.

Sur la base de ce budget révisé, le Secrétariat a entrepris un important processus de hiérarchisation, de réalignement et de restructuration, au Siège et dans toutes les Régions, y compris en Europe.

Nous avons commencé par le haut, en réduisant de près de moitié le nombre de hauts responsables et de directeurs et directrices au Siège.

Au cours des dernières semaines et des derniers mois, nous avons eu la douleur de devoir nous séparer d'un grand nombre de collègues.

Nous avons mené ce processus de manière prudente et systématique, en nous concentrant sur les principes d'équité, de transparence et d'humanité. Le processus a donc été positif et efficace dans l'ensemble.

Nos collègues ont rendu service au monde entier de nombreuses façons, y compris sous une pression extrêmement forte pendant la pandémie de COVID-19, et ne méritaient pas d'être traités de cette façon.

Mais nous voyons dans cette crise l'occasion de construire une OMS plus axée sur son mandat principal, plus indépendante et plus à même d'agir pour les États Membres et les populations.

Lorsque nous avons entamé la transformation de l'OMS, l'objectif était aussi d'éviter les chocs auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui et d'assurer l'indépendance de l'Organisation en stabilisant ses sources de financement.

Nous pensons que nous pouvons faire plus avec moins, en maximisant notre pouvoir fédérateur.

En d'autres termes, nous allons tirer parti de notre réseau de 800 centres collaborateurs dans le monde, dont près d'un tiers se trouvent dans la Région européenne, et mettre en place de nouveaux réseaux de partenaires. Partout dans le monde, des possibilités s'offrent à nous. L'essentiel est de les trouver. Nous n'avons pas à tout faire nous-mêmes. Nous pouvons fédérer et laisser d'autres faire. Donc, oui, nous pouvons faire plus avec moins. Il suffit d'ouvrir les yeux.

Nous prévoyons d'organiser notre première réunion mondiale de tous les centres collaborateurs en avril 2026 à l'Académie de l'OMS à Lyon, en France, afin d'étudier les moyens de tirer le meilleur parti de ce puissant réseau d'institutions de premier plan, et même d'en recruter davantage.

Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs et ambassadrices, chers collègues et amis, chères collègues et amies,

Malgré les défis auxquels elle se trouve confrontée, l'OMS continue de s'acquitter du mandat que les États Membres lui ont confié :

Nous acheminons une aide humanitaire à Gaza, au Soudan, en Syrie, en Ukraine et ailleurs ;

Nous avons contribué à mettre un terme à la propagation d'Ebola en République démocratique du Congo ;

Nous aidons les pays à faire face aux conséquences des coupes dans les budgets consacrés à l'aide internationale ;

À rattraper le retard en matière de vaccination ;

À agir contre les maladies non transmissibles et pour la santé mentale ;

À surveiller la résistance aux antimicrobiens et à y remédier ;

Et à éliminer les maladies tropicales négligées.

Nous appuyons le déploiement de vaccins antipaludiques ;

Nous contribuons à accélérer la mise au point d'un nouveau vaccin très prometteur contre la tuberculose ;

Et nous œuvrons en faveur de la disponibilité et du caractère abordable des antirétroviraux à action prolongée pour la prévention du VIH, ce qui pourrait changer la donne dans la lutte contre cette épidémie.

Hier, j'ai été très heureux d'apprendre que les autorités de réglementation sud-africaines sont les premières en Afrique à autoriser le lénacapavir, et les troisièmes au monde après la FDA et l'EMA. L'utilisation généralisée du lénacapavir changera la donne, et nous continuerons de faire avancer les choses, avec vous.

Mais rien de tout cela n'aurait pu être réalisé par le Secrétariat ; c'est le fruit d'une étroite collaboration avec nos partenaires et avec vous, nos États Membres.

Cette collaboration et ce partenariat sont aujourd'hui plus importants que jamais.

Avant de vous quitter, je souhaite lancer trois appels.

Premièrement, j'exhorte tous les États Membres à participer activement aux négociations sur l'annexe PABS à l'Accord sur les pandémies, de sorte qu'elle soit conclue à temps pour l'Assemblée mondiale de la Santé qui se tiendra en mai 2026.

Deuxièmement, je remercie les États Membres qui ont reçu des patients et patientes de Gaza, et je vous demande d'en accepter davantage, tout comme je demande aux autres pays d'ouvrir leurs frontières.

Environ 15 000 patients et patientes doivent encore être évacués hors de Gaza pour être soignés, dont 4000 enfants. Plus de 700 personnes sont déjà mortes en attendant leur évacuation médicale.

Et troisièmement, je vous exhorte à saisir cette occasion pour œuvrer, à nos côtés, à bâtir une OMS plus forte, plus autonome et plus indépendante, qui soit plus à même de servir tous les pays.

Je me réjouis à la perspective de continuer à travailler avec mes collègues du Bureau régional et avec tous les États Membres pour promouvoir, garantir et protéger la santé en Europe et partout ailleurs.

Merci beaucoup.

Focus

75e session du Comité régional de l'OMS pour l'Europe
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