09/21/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/21/2025 17:29
Paris, le 22 septembre 2025. La France et plusieurs autres Etats prévoient de reconnaître officiellement l'Etat palestinien ce 22 septembre, rejoignant ainsi les 147 Etats ayant reconnu son existence. Si cette reconnaissance est une avancée pour la diplomatie française au Proche-Orient, elle n'aura aucun effet sur l'exécution du génocide en cours à Gaza, et l'intensification de la colonisation en Cisjordanie. Il est urgent que la France reconnaisse ce génocide et qu'elle prenne les mesures nécessaires pour y mettre un terme.
Elle doit notamment se mobiliser en faveur de l'instauration d'un embargo complet sur les armes et biens à double usage à destination d'Israël et exécuter les mandats d'arrêt de la CPI.
Alors qu'une offensive majeure de l'armée israélienne est lancée depuis quelques jours sur la ville de Gaza, une Commission d'enquête des Nations unies vient de conclure qu'Israël commet un crime de génocide à Gaza.
La publication de ce rapport intervient après que plusieurs organisations internationales de défense des droits humains (Amnesty International, Human Rights Watch, FIDH) et israéliennes (B'Tselem, Physicians for Human Rights) ont qualifié la situation en cours à Gaza de génocide, et que cette qualification juridique fait désormais l'objet d'une acceptation majoritaire de la part des juristes, historiens et experts internationaux des crimes de génocide.
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Si la reconnaissance de l'Etat palestinien est une étape importante pour la diplomatie française, elle n'arrêtera pas le génocide en cours à Gaza, où les bombardements massifs et indiscriminés s'abattent quotidiennement sur des civils condamnés à la famine, la privation de soins médicaux, et l'errance d'un camp de tentes insalubre à un autre. Alors que les déclarations américaines et israéliennes sur une future Riviera laissent présager d'un plan d'expulsion massif et forcé des palestiniens de Gaza, constitutif d'un nouveau crime de guerre, il est temps que la France reconnaisse ce génocide et prenne des mesures urgentes et concrètes pour le stopper.
Anne Savinel-Barras, Présidente de Amnesty International France.
La reconnaissance d'un Etat palestinien par la France ne l'exonère en effet pas de ses obligations résultant de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9 décembre 1948.
La France doit de toute urgence mobiliser ses partenaires au sein de l'Union européenne pour que des sanctions soient enfin prises contre Israël et ses dirigeants, que l'accord d'association de l'Union européenne avec Israël soit suspendu, et qu'un embargo total sur les armes soit adopté. Un cessez-le feu immédiat doit entrer en vigueur et le blocus illégal infligé aux populations civiles de Gaza doit être levé afin que l'aide humanitaire nécessaire puisse entrer. Les otages retenus à Gaza doivent être libérés sans conditions.
La France doit par ailleurs respecter ses engagements et soutenir l'action de la justice internationale, alors que la Cour Pénale Internationale (CPI) fait l'objet de sanctions américaines et que l'impunité généralisée entraîne chaque jour de nouvelles exactions contre les populations palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie. Elle doit revenir sur sa décision de ne pas exécuter les mandats d'arrêts de la CPI pour tout officiel israélien poursuivi, si celui-ci se trouve sur le sol français, à commencer par le premier ministre Benyamin Nétanyahou. Elle doit également interdire tout survol de son territoire pour ces mêmes officiels.
La reconnaissance de l'Etat Palestinien n'empêchera pas les expulsions illégales et violentes des civils palestiniens qui ont actuellement lieu en Cisjordanie, dans le cadre d'une colonisation ininterrompue depuis 1948. Elle ne stoppera pas non plus la relégation des palestiniens d'Israël au rang de sous-citoyen, au sein d'une société d'apartheid que nous dénonçons depuis 2022.
Anne Savinel-Barras.