12/30/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/30/2025 10:47
Nous, ministres des Affaires étrangères du Canada, du Danemark, de la Finlande, de la France, de l'Islande, du Japon, de la Norvège, de la Suède, de la Suisse et du Royaume-Uni, exprimons notre profonde inquiétude face à la nouvelle dégradation de la situation humanitaire à Gaza, qui demeure catastrophique. À l'approche de l'hiver, la population civile de Gaza est confrontée à des conditions déplorables, marquées par de fortes précipitations et une baisse des températures. 1,3 million de personnes ont toujours urgemment besoin d'un abri. Plus de la moitié des établissements de santé ne fonctionnent que partiellement et sont confrontés à des pénuries de matériel et d'équipements médicaux de première nécessité. En raison de l'effondrement total des infrastructures d'assainissement, 740 000 personnes sont exposées à des inondations toxiques. Le dernier rapport de l'IPC, publié le 19 décembre dernier, révèle qu'en dépit d'une légère amélioration depuis le mois d'août, où des informations alarmantes faisaient état d'une situation de famine, la situation reste dramatique. La majorité de la population (1,6 million de personnes) dans la bande de Gaza est confrontée à des niveaux élevés d'insécurité alimentaire aiguë. Si la quantité d'aide humanitaire entrant à Gaza a augmenté depuis le cessez-le-feu, la réponse humanitaire demeure lourdement entravée par des obstacles persistants à l'accès humanitaire.
Nous saluons les avancées importantes réalisées pour mettre un terme aux effusions de sang à Gaza, obtenir la libération des otages et tourner la page après deux terribles années de conflit. Nous appelons également à la restitution sans délai de la dépouille du dernier otage décédé, et nous demandons au Hamas de déposer les armes et de renoncer à la violence, en ligne avec la Déclaration de New York et la résolution 2803 du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui entérine le plan de paix visant à mettre fin au conflit à Gaza.
Toutefois, nous ne perdrons pas de vue la détresse de la population civile de Gaza. Nous appelons donc l'État israélien à prendre d'urgence les mesures essentielles suivantes :
Premièrement, veiller à ce que les ONG internationales puissent opérer à Gaza de manière durable et dans un cadre prévisible. À l'approche du 31 décembre, de nombreuses ONG internationales partenaires reconnues risquent d'être radiées en raison des nouvelles conditions d'enregistrement restrictives mises en place par l'État israélien. Cette radiation pourrait contraindre des ONG internationales à cesser leurs activités à Gaza et en Cisjordanie d'ici 60 jours, ce qui aurait de lourdes répercussions sur l'accès aux services de première nécessité, notamment aux soins de santé. Si les opérations des ONG internationales sont interrompues, un établissement de santé sur trois fermera à Gaza. Les ONG internationales jouent un rôle indispensable dans la réponse humanitaire et, en travaillant en coopération avec les institutions de l'ONU et les organisations palestiniennes, elles fournissent collectivement près d'un milliard de dollars d'aide humanitaire chaque année en Palestine. Toute tentative d'entraver leur capacité à opérer est inacceptable. Sans ces organisations, il sera impossible de répondre à l'ensemble des besoins urgents à l'échelle nécessaire.
Deuxièmement, garantir que les Nations Unies et leurs partenaires puissent poursuivre leur travail vital. Cet aspect est essentiel pour assurer que l'aide humanitaire soit acheminée dans l'ensemble de la bande de Gaza de manière impartiale, neutre et indépendante. Parmi ces organisations figure l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui fournit des services essentiels à des millions de réfugiés palestiniens, notamment dans les domaines de la santé et de l'enseignement.
Troisièmement, lever les restrictions excessives sur les importations de biens considérés à double usage. Ces restrictions concernent notamment les équipements médicaux et le matériel d'abri, qui sont indispensables. Elles retardent l'acheminement de produits de première nécessité dans chaque domaine et empêchent de réhabiliter et de réparer des infrastructures essentielles.
Enfin, ouvrir les points de passage et accroître les flux d'aide humanitaire parvenant à Gaza. Nous saluons l'ouverture partielle du point de passage du pont Allenby. Néanmoins, d'autres corridors permettant l'acheminement de biens jusqu'à Gaza demeurent fermés ou subissent de lourdes restrictions concernant l'aide humanitaire. Parmi ces points de passage figure celui de Rafah, auquel il est explicitement fait référence dans le plan de paix visant à mettre fin au conflit à Gaza. Les procédures douanières bureaucratiques et les contrôles approfondis entraînent des retards, alors que les le fret commercial est autorisé à entrer plus librement. L'objectif de 4 200 camions par semaine, et notamment de 250 camions des Nations Unies par jour, devrait constituer un seuil plancher, et non un plafond. Ces objectifs doivent être réhaussés pour garantir l'entrée des biens vitaux à l'échelle requise.
Prises ensemble, ces restrictions limitent la capacité de fournir l'aide humanitaire à l'échelle nécessaire, conformément au droit international humanitaire, ou de réaliser les réparations nécessaires pour appuyer les efforts de relèvement et de reconstruction. Nous exhortons à présent l'État israélien à lever ces entraves à l'accès humanitaire, à s'acquitter de ses engagements et à respecter le plan de paix visant à mettre fin au conflit à Gaza. C'est à cette condition que nous parviendrons à une réponse humanitaire efficace, à un relèvement et une reconstruction réussis et à une paix et une stabilité durables.