10/07/2025 | News release | Distributed by Public on 10/07/2025 11:28
Selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), la récente recrudescence de la violence marque un tournant dans la partie septentrionale de ce pays d'Afrique australe.
« Après des années d'incertitude, les familles atteignent leurs limites : certaines restent malgré le danger, d'autres fuient à nouveau avec peu d'espoir de revenir », a déclaré depuis Pemba (chef-lieu de la province de Cabo Delgado), Xavier Creach, Représentant du HCR au Mozambique, lors d'un point de presse de l'ONU à Genève.
Cette nouvelle vague de déplacements est l'une des plus importantes enregistrées cette année, avec plus de 100.000 personnes déjà contraintes de fuir. Depuis le début du conflit en 2017, plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées, prises entre l'insécurité et les bouleversements répétés.
Pour la première fois depuis le début du conflit, les 17 districts de Cabo Delgado, épicentre du conflit, ont été directement touchés, les attaques simultanées dans toute la province semant la peur et l'instabilité. « Bon nombre des personnes déplacées ces derniers jours étaient autrefois des hôtes qui avaient ouvert leur maison à d'autres, et se retrouvent aujourd'hui déracinées et dans le besoin », a ajouté M. Creach.
Dans ces zones portuaires, les préoccupations en matière de sécurité s'intensifient. Les civils continuent d'être pris pour cible, avec des informations faisant état de meurtres, d'enlèvements et de violences sexuelles. Les femmes et les filles sont particulièrement exposées à la violence domestique et sexuelle, notamment lorsqu'elles vont chercher de l'eau ou du bois loin des sites d'accueil.
Les enfants sont parmi les plus touchés, avec des témoignages de recrutement forcé et d'attaques délibérées par des groupes armés non étatiques. « Beaucoup de personnes déplacées souffrent d'une profonde détresse psychologique et ont un besoin urgent de soutien psychosocial », a détaillé le responsable du HCR.
Plus largement, la violence s'est fortement intensifiée cette année. À la fin du mois d'août, plus de 500 incidents sécuritaires touchant des civils avaient été enregistrés, notamment des raids sur des villages, des enlèvements, des meurtres de civils, des pillages et la destruction de maisons et d'infrastructures.
En 2022, considérée comme l'une des périodes les plus intenses du conflit, 435 incidents ont été signalés.
« La crise dans le nord du Mozambique est devenue l'une des situations humanitaires les plus complexes de la région. Au-delà de la violence, les familles sont confrontées aux effets combinés de cyclones répétés, d'inondations et d'une sécheresse prolongée », a fait valoir M. Creach.
Or la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire intervient dans un climat de coupes budgétaires. Sur l'appel de fonds de 352 millions de dollars, le HCR n'a reçu que 66 millions de dollars. L'agence onusienne appelle la communauté internationale à renouveler son soutien au Mozambique.