09/03/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/04/2025 09:06
L'accord de partenariat UE-Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et l'accord modernisé avec le Mexique sont deux dossiers majeurs portés par la Commission européenne.
À travers ces accords commerciaux, c'est l'une des plus grandes zones de libre-échange au monde qui se dessine. Mais concrètement, qu'est-ce que cela signifie pour l'Europe et pour la Belgique ?
L'accord UE-Mercosur ouvre les portes d'un marché de plus de 295 millions de consommateurs. Pour l'UE, cela veut dire que les exportations vers ces pays pourraient augmenter de près de 40 %. Les secteurs de l'automobile, des machines, des produits pharmaceutiques et du textile bénéficieront particulièrement de la suppression des droits d'importation élevés actuellement en vigueur (jusqu'à 35 % sur les voitures, jusqu'à 20 % sur les machines). Ces droits douanes ne disparaîtront pas immédiatement, ils seront progressivement supprimés afin de laisser aux entreprises du Mercosur le temps de s'adapter.
Pour la Belgique c'est important : en 2024, les exportations vers le Mercosur s'élevaient à 2,1 milliards d'euros pour les produits chimiques et pharmaceutiques, 700 millions d'euros pour les machines et équipements électriques, 371 millions d'euros pour les équipements de transport et 184 millions d'euros pour les instruments médicaux. Les droits de douanes, qui varient actuellement de14 à 35 %, seront progressivement supprimés sur tous ces produits.
Les droits d'importation seront également supprimés pour les produits en matière plastique et en caoutchouc (371 millions d'euros d'exportations en 2024).
La Belgique pourra également en bénéficier : nos constructeurs de machines, nos acteurs pharmaceutiques et nos entreprises textiles auront plus facilement accès à ces marchés. Pour de nombreuses PME, les obstacles administratifs seront réduits et les procédures simplifiées.
Aujourd'hui, l'agroalimentaire ne représente que 5 % des exportations de l'UE vers le Mercosur. Pourquoi ? À cause des droits de douane pouvant atteindre 55 % qui, de fait, ferment pratiquement le marché. Pour la Belgique, cela représente 269 millions d'euros d'exportations agroalimentaires en 2024. Grâce à l'accord UE-Mercosur, bon nombre de ces barrières tomberont faisant place à de nouvelles opportunités.
En outre, 14 produits régionaux belges bénéficient d'une indication géographique protégée, parmi lesquels le Fromage de Herve, le Jambon d'Ardenne, le Crémant de Wallonie, le Beurre d'Ardenne, le Pâté gaumais, l'Azalée de Gand et le Genièvre.
Parallèlement, des mécanismes de protection clairs ont été mis en place : les quotas d'importation en provenance des pays du Mercosur restent limités à 99 000 tonnes de viande bovine (1,5 % de la production de l'UE), 25 000 tonnes de viande porcine (0,1 %) et 180 000 tonnes de viande de volaille (1,3 %). De plus, de solides garanties ont été mises en place pour protéger le marché intérieur. La Commission prévoit également un filet de sécurité de 6,3 milliards d'euros dans le prochain budget européen afin de soutenir les agriculteurs en cas de perturbations du marché.
C'est également avantageux pour les prestataires de services belges. En 2023, les exportations de services vers les pays du Mercosur s'élevaient à 415 millions d'euros, principalement dans les services aux entreprises (143 millions d'euros), les transports (120 millions d'euros) et la propriété intellectuelle (58 millions d'euros). L'accord ouvre de nouveaux marchés, notamment dans les services financiers, les transports, le commerce numérique et l'environnement.
Pour les PME belges (qui représentent 96 % de tous les exportateurs), il sera plus facile d'exporter vers le Mercosur. L'accord réduit les coûts, simplifie les certifications, ouvre l'accès aux marchés publics et prévoit même des coordinateurs pour aider les exportateurs.
Le Mexique est depuis des années un partenaire commercial important de l'UE, mais la modernisation de l'accord ouvre de nouvelles perspectives. Pour la Belgique, les opportunités dans le secteur agroalimentaire sont particulièrement intéressantes : le fromage, la viande de porc, le chocolat, le vin et les pommes sont encore souvent soumis à des droits de douane pouvant atteindre 100 %. À terme, grâce à cet accord, ils seront supprimés.
En outre, le Mexique et les pays du Mercosur sont tous deux d'importants fournisseurs de matières premières essentielles. Cela constitue un avantage stratégique pour les industries belges, notamment dans les secteurs de la chimie, de l'acier et des hautes technologies.
Les accords avec le Mercosur et le Mexique s'inscrivent dans une stratégie plus large de l'UE : diversifier le commerce et soutenir l'emploi, tout en maintenant la durabilité et des normes strictes. Ainsi, les règles européennes en matière de sécurité alimentaire restent pleinement en vigueur, les contrôles à l'importation sont renforcés et l'UE s'efforce de créer des conditions plus équitables en imposant des exigences plus strictes concernant l'utilisation des pesticides. Pour la première fois, un accord de libre-échange contient également des dispositions relatives au bien-être animal, telles que des conditions applicables aux œufs, ainsi que des dispositions visant à élargir le champ du dialogue.
Pour la Belgique, il s'agit avant tout d'une question d'équilibre : davantage de possibilités d'exportation pour l'industrie et l'agroalimentaire, tout en protégeant l'agriculture et les produits de qualité.
Au cours des prochains mois, le Parlement européen et le Conseil devront encore approuver les accords. La Commission vise leur entrée en vigueur d'ici la fin 2026.