RSF - Reporters sans frontières

10/09/2025 | Press release | Distributed by Public on 10/10/2025 06:40

Arrestations au Somaliland : les autorités doivent mettre un terme à la répression du journalisme indépendant

Depuis le début de l'année, les arrestations de journalistes se multiplient dangereusement au Somaliland, à l'instar de celle du journaliste Abdiaziz Saleban Sulub, qui a été condamné à un an de prison ce 7 octobre, accusé par un gouverneur d'avoir supprimé certains passages d'un de ses discours et d'en avoir ainsi modifié le message. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités du territoire à laisser les journalistes faire leur travail et à mettre fin à cette répression du journalisme indépendant.

Le journalisme est mis à rude épreuve au Somaliland, état autoproclamé indépendant non reconnu par les instances internationales. En témoigne la condamnation en appel, ce 7 octobre, du journaliste de la chaîne de télévision en ligne KF Media TV Abdiaziz Saleban Sulub à un an de prison et à une amende de 2 millions de shillings somaliens (environ 3 000 euros) pour avoir posté des extraits d'un discours d'un gouverneur. S'il a pu être libéré le lendemain, après que sa peine eut été "achetée" par l'Association des Journalistes du Somaliland (SOLJA), une organisation régionale de défense de la liberté de la presse, comme l'autorise la loi pour les peines de prison d'un an ou moins, il n'aurait jamais dû passer passer un jour en détention ni être condamné à une peine privative de liberté pour avoir exercé son métier.

Accusé par le gouverneur de Togdheer, au centre du Somaliland, d'avoir coupé des passages d'un de ses discours et d'en avoir ainsi modifié le message - dans les faits, il n'en a pas déformé le sens - le journaliste aura passé presque un mois en prison. Arrêté le 12 septembre par la police de Burao, capitale de Togdheer, il a comparu devant le tribunal le 24 septembre et a été relaxé trois jours plus tard. Il a cependant été maintenu en détention jusqu'à la décision en appel, qui l'a condamné à une peine d'un an de prison.

"Cette condamnation d'un journaliste illustre tristement la répression accrue à laquelle font face les journalistes au Somaliland, où une vingtaine de journalistes ont été interpellés ou détenus depuis le début de l'année. Le gouvernement du Somaliland doit absolument mettre un terme à cette répression du journalisme indépendant, qui s'est intensifié depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2024. Nous l'appelons à garantir que les journalistes pourront désormais exercer leur métier sans craintes de représailles.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Recrudescence du nombre de journalistes inquiétés par la police

Depuis janvier 2025, le gouvernement du président somalilandais Abdirahman Mohamed Abdullahi, au pouvoir depuis décembre 2024, a drastiquement réduit au silence les voix dissidentes, particulièrement au moyen d'arrestations et de convocations auprès de la police judiciaire. L'année 2025 est marquée par un nombre croissant d'arrestations de journalistes au Somaliland : depuis le début d'année, RSF en recense 21, dont 7 ont duré plus de deux jours.

Au mois de septembre seulement, neuf journalistes ont été victimes d'arrestations arbitraires dans la région. Le 27 septembre, la police du Somaliland à Erigabo a brièvement arrêté quatre reporters qui couvraient une visite du ministre de l'Éducation du Somaliland dans des écoles de la ville. Ils ont été battus, notamment à coups de pied, par la police, avant d'être détenus au poste de police local pendant sept heures puis libérés sans inculpation. Les autres journalistes arrêtés l'ont été sans motif et libérés le jour même.

L'ancien président de l'Association des journalistes du Somaliland contraint à l'exil

Ces menaces grandissantes contre le journalisme dans la région ont contraint l'ancien président de l'Association des journalistes du Somaliland, Mohamoud Abdi Jama, alias Xuuto, à fuir le territoire après qu'il a critiqué le gouvernement. Le matin du 19 juin, le journaliste s'est rendu à une convocation du bureau du commandant du Département des enquêtes criminelles (CID) du Somaliland. La veille, dans une publication sur Facebook, il avait remis en cause la gestion d'un accord entre le gouvernement du Somaliland et le Commandement des États-Unis pour l'Afrique (AFRICOM).

"Le commandant m'a montré mes publications et a voulu me placer en détention, sans mandat. Un ministre l'a appelé pour demander mon arrestation", indique le fondateur du quotidien Waaheenà RSF. Alors que le commandant lui demande d'attendre devant la porte, Mohamoud Abdi Jama parvient à quitter les lieux discrètement, retourne chez lui pour préparer un sac à dos précipitamment et quitte le pays.

Contacté par RSF, le ministre de l'Information, Ahmed Yasin Sheikh Ali Ayanle, n'a pas répondu à nos questions quant à cette détérioration inquiétante des conditions d'exercice du journalisme au Somaliland.

Afrique
Somalie
Découvrir le pays
Image
136/ 180
Score : 40,49
Publié le09.10.2025
  • Afrique
  • Somalie
  • Cadre légal et justice
  • Détentions et procédures arbitraires
  • Actualité
  • Dénonciation
  • Liberté de la presse
  • Droit à l'information
  • Politique
  • Détention arbitraire
  • Menaces et pressions
  • Exil
RSF - Reporters sans frontières published this content on October 09, 2025, and is solely responsible for the information contained herein. Distributed via Public Technologies (PUBT), unedited and unaltered, on October 10, 2025 at 12:40 UTC. If you believe the information included in the content is inaccurate or outdated and requires editing or removal, please contact us at [email protected]