09/16/2025 | News release | Distributed by Public on 09/16/2025 09:52
Ce rapport, qui s'appuie sur deux années d'enquêtes, montre comment les revenus pétroliers et non pétroliers sont détournés par le biais de montages opaques hors budget et de contrats liés à des intérêts politiques, tandis que des millions de Soudanais du Sud sont privés de services de base.
« Notre rapport raconte l'histoire du pillage d'une nation : la corruption n'est pas accidentelle, elle est le moteur du déclin du Soudan du Sud », a déclaré la présidente de la Commission, Yasmin Sooka. « Les souffrances des civils sud-soudanais sont la conséquence directe du pillage éhonté des recettes publiques depuis l'indépendance en 2011. »
Le rapport met en évidence des cas emblématiques de corruption, notamment le programme « Pétrole contre des routes », qui a permis de détourner environ 2,2 milliards de dollars hors budget vers des réseaux de favoritisme politique. Ce programme implique Benjamin Bol Mel, nommé vice-président du Soudan du Sud en février 2025, dont les entreprises n'ont pas livré la plupart des routes promises.
Le document détaille également les stratagèmes mis en place par Crawford Capital Ltd pour percevoir des recettes non pétrolières, dont seule une infime partie est reversée au budget de l'État, tandis que des prélèvements illégaux sur les acteurs humanitaires entravent les opérations d'aide alimentaire essentielles.
Or sur le terrain, les enquêteurs de l'ONU ont constaté « une pauvreté généralisée et l'absence d'infrastructures et de services de base, conséquences directes de la corruption ».
« Les dirigeants du Soudan du Sud doivent mettre fin au pillage systématique et à l'impunité. Lorsque les recettes publiques deviennent des fortunes privées, la paix ne peut perdurer », a ajouté Mme Sooka.
L'analyse des données officielles réalisée par la Commission montre que les recettes pétrolières du gouvernement ont dépassé à elles seules 25,2 milliards de dollars depuis 2011, une somme colossale pour l'un des pays les plus pauvres du monde. Pourtant, la corruption systémique et le détournement des recettes pétrolières et non pétrolières font que pratiquement aucun argent n'est affecté aux services essentiels.
« Au lieu d'utiliser la richesse nationale pour servir la population, les dirigeants politiques du pays ont systématiquement détourné les revenus pétroliers et non pétroliers, par le biais de la corruption et de stratagèmes opaques profondément ancrés dans l'ensemble du gouvernement », a insisté de son côté, l'autre expert de la Commission, Barney Afako.
Au contraire, les pratiques budgétaires favorisent largement les élites politiques. Entre juillet 2020 et juin 2024, le ministère des Affaires présidentielles a dépassé son allocation de 584 % (près de six fois son allocation, soit 557 millions de dollars).
En revanche, le ministère de la Santé n'a reçu que 19 % de son allocation (moins d'un cinquième, soit 29 millions de dollars), le ministère de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire n'a reçu que 7 % (moins d'un dixième, soit 11 millions de dollars) et le ministère du Genre et de la Protection sociale n'a reçu que 3,7 millions de dollars sur quatre ans.
Outre les crises notées dans les systèmes éducatif, sanitaire et judiciaire, la plupart des fonctionnaires sont sous-payés ou non payés.
La Commission appelle donc les partenaires internationaux de Djouba à faire clairement savoir que « cette situation est inacceptable ».
Le rapport formule 54 recommandations à l'intention du gouvernement du Soudan du Sud afin de mettre fin à l'impunité en matière de corruption, de renforcer la responsabilité et de donner la priorité aux besoins fondamentaux de la population dans les budgets nationaux et les processus de dépenses publiques.