UNOG - United Nations Office at Geneva

10/31/2025 | Press release | Distributed by Public on 10/31/2025 13:43

À l’issue du Forum social 2025, il est souligné que l'éducation est « le moteur discret de la paix » et que « si tu veux la paix, prépare la paix »

Le Forum social du Conseil des droits de l'homme a poursuivi et achevé aujourd'hui les travaux de sa session 2025, entamée hier, jeudi 30 octobre, et qui avait cette année pour thème: « La contribution de l'éducation au respect, à la promotion, à la protection et à la réalisation de tous les droits de l'homme pour tous ».

Au cours de cette deuxième journée de session, le Forum social a tenu plusieurs tables rondes auxquelles ont pris part de nombreux panélistes, ainsi que de nombreuses délégations de pays et organisations de la société civile et plusieurs jeunes gens. Elles étaient consacrées respectivement à l'éducation aux droits socioéconomiques, à l'éducation aux droits politiques et à l'éducation aux droits humains par et pour les enfants et par et pour les jeunes. Une dernière table ronde, consacrée à l'avenir de l'éducation aux droits de l'homme et aux recommandations, a clos les travaux de cette session.

Au cours de cette dernière table ronde, il a notamment été souligné que les débats de la session avaient bien montré l'interconnexion de tous les droits humains et leur indivisibilité. Parmi les recommandations émises, a figuré celle visant la mise en place d'une véritable « éducation à la gouvernance mondiale », soit la formation de citoyens qui comprennent comment les défis mondiaux sont gérés par le biais de la prise de décision collective, des institutions multilatérales et des normes communes. Les États ont en outre été appelés à consacrer au moins 15% à 20% de leurs budgets publics à l'éducation. Il a par ailleurs été souligné qu'il était beaucoup moins coûteux de cultiver la compréhension dans les salles de classe que de reconstruire des sociétés fracturées par les malentendus et la violence. À cet égard, l'éducation est « le moteur discret de la paix », car elle façonne l'imaginaire bien avant la signature de traités ou l'adoption de résolutions, a-t-il été observé. « Si tu veux la paix, prépare la paix », a conclu un intervenant.

Les deux Coprésidents-Rapporteurs du Forum, Mme Anita Pipan et M. Carlos Sorreta, ont fait des remarques de conclusion. Ils ont notamment relevé que toutes les interventions, malgré leur diversité, partageaient une conviction commune, à savoir que l'éducation n'est pas un privilège, mais un droit fondamental et une responsabilité collective, et ont souligné que l'éducation constitue à la fois un droit fondamental, un bien commun et un levier essentiel pour l'autonomisation, la paix et la cohésion sociale.

Table ronde sur « L'éducation aux droits économiques et sociaux - participation à la vie socioéconomique, bien-être et soins, répartition équitable des avantages, ressources et opportunités»

La table ronde a été animée par M. PRADEEP WAGLE, Chef de la Section des droits économiques, sociaux et culturels au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.

Ont fait des présentations les panélistes ci-après: MME JAMILA AL-ABBASI, Directrice de Women, Youth and Kids Empowerment Initiative for Sustainable Peace and Development ; MME MOIRA FAUL, Directrice exécutive du Réseau pour les politiques internationales et la coopération en matière d'éducation et de formation (NORRAG) du Geneva Graduate Institute; M. TAKASHI KAJIWARA, Vice-Président d'Education International et Président du Syndicat des enseignants du Japon; MME JEAN TWENGE, professeure de psychologie à la San Diego State University (États-Unis); M. SERGES KAMGA, doyen de la Faculté de droit de l'Université de l'État libre, Afrique du Sud; et M. MEHMOOD ANWAR, agent de liaison à l'international pour Humanity First.

Ont ensuite pris part au débat la République bolivarienne du Venezuela, le Conseil de l'Europe et les organisations non gouvernementales suivantes : Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII, Pilares de una sociedad Project, Hazara Community in the Netherlands, Her Dream Initiative, The Association of People with Disability, Nebrija Mun Association, UNIRE, Geneva for Human Rights, Higher Education Malaysia Association, Parlamento Internacional de Derechos Humanos et Alianza Global de Jóvenes Politicos.

Du point de vue des droits économiques et sociaux, l'éducation est un moteur majeur de la réduction de la pauvreté dans le monde, a-t-il d'abord été affirmé. En effet, en dotant les individus des compétences nécessaires pour accéder à un emploi décent, acquérir des connaissances financières et développer leur esprit d'entreprise, l'éducation permet de lutter directement contre l'extrême pauvreté ; elle contribue aussi à des économies saines en fournissant aux jeunes les compétences nécessaires pour travailler, innover et maintenir leur productivité, a-t-il été expliqué. Investir dans l'éducation, en particulier dans les contextes à faible revenu, c'est donc investir dans une croissance économique saine, a-t-on insisté.

Au-delà de l'économie, l'éducation est essentielle à la réalisation de droits sociaux complets, a-t-il également été déclaré. Premièrement, a-t-on affirmé, l'éducation a la capacité de réduire les inégalités en offrant un accès égal aux opportunités et aux ressources; deuxièmement, l'éducation améliore les résultats en matière de santé en facilitant l'accès à l'information, en encourageant les comportements sains et en donnant aux individus les moyens de prendre des décisions éclairées concernant leur santé; et troisièmement, l'éducation est un moteur essentiel de l'égalité des sexes, car elle améliore considérablement la situation économique et sociale des filles et des femmes, réduit les cas de mariages précoces - qui obligent souvent les filles à abandonner leurs études - et favorise l'égalité entre les sexes.

Deux initiatives communautaires en matière d'éducation ont été présentées. La première œuvre en faveur de la santé et de la sécurité mentales, physiques et émotionnelles des écoliers palestiniens confrontés au conflit ; son objectif est de doter les enfants des compétences nécessaires pour pouvoir gérer les situations auxquelles ils sont confrontés quotidiennement, ainsi que les dangers et les émotions et sentiments intenses auxquels ils doivent faire face. L'autre initiative consiste à doter des écoles africaines en infrastructures de base indispensables, telles que des puits pour l'approvisionnement en eau potable et l'électricité. Ce type d'initiatives dépend en grande partie de la générosité des donateurs internationaux, a-t-il été souligné.

La réalisation des Objectifs de développement durable et de leurs cibles relatifs à l'éducation nécessite la mobilisation des ressources et des connaissances nécessaires pour améliorer les systèmes éducatifs dans le monde entier: c'est pourquoi il faut répondre de toute urgence aux problèmes liés au financement de l'éducation, notamment en portant à au moins 20% des dépenses publiques les budgets nationaux consacrés à ce secteur, ont insisté plusieurs panélistes.

D'autres réflexions ont porté sur le lien entre les smartphones et le recul des résultats scolaires observé au niveau international. Une panéliste a décrit les résultats d'une étude montrant en effet des tendances très inquiétantes dans les résultats scolaires depuis les années 2010, lorsque la possession de smartphones a commencé à se généraliser dans la population, d'abord dans les pays développés puis à l'échelle internationale. Les données PISA montrent à cet égard une baisse des résultats en mathématiques, en lecture et en sciences depuis 2012; elles suggèrent aussi que, dans les pays où les élèves passent moins de temps à utiliser des appareils à des fins récréatives pendant les heures de cours, la baisse des résultats en sciences est moins marquée. Une solution à ce problème consisterait à mettre en place des politiques scolaires strictes concernant l'utilisation des téléphones par les élèves: à cet égard, un consensus se dégage sur le fait que la meilleure solution est d'interdire les téléphones pendant toute la journée scolaire, solution préconisée par 83% des enseignants aux États-Unis, a fait remarquer une panéliste.

Plus de 250 millions d'enfants n'étaient pas scolarisés en 2023, en raison notamment des guerres, de la pauvreté et du manque d'inclusion à l'école, a-t-il par ailleurs été relevé. De plus, a-t-il été ajouté, la pénurie d'enseignants, chiffrée à 44 millions de personnels manquants au niveau mondial, compromet la capacité des écoles de soutenir correctement les élèves et a des effets sur la capacité d'apprentissage des jeunes.

Les enfants handicapés, a regretté un panéliste, sont encore trop souvent exclus du système éducatif. Subsistent à cet égard partout dans le monde de grandes difficultés à traduire en actes les lois relatives à l'éducation inclusive de ces enfants, c'est-à-dire à les scolariser dans les mêmes salles de classe que les autres jeunes, a-t-il souligné. Il y a un manque d'équipements et d'enseignants spécialisés pour prendre en charge les enfants handicapés, a-t-il ajouté. Il faudrait, pour remédier à ces problèmes, appliquer une forme d'apprentissage universel garantissant l'accès de tous, enseignants et élèves, aux mêmes possibilités dans les salles de classe ; en outre, les acteurs de l'intelligence artificielle sont appelés à jouer un rôle essentiel dans l'inclusion des enfants handicapés, a estimé le panéliste.

Les délégations ont pour leur part souligné que l'éducation était un pilier essentiel de la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels, ainsi qu'un instrument fondamental pour réduire les inégalités. À cet égard, les mesures coercitives unilatérales remettent en cause la jouissance des droits de l'homme et le droit à l'éducation, a-t-il été indiqué.

L'éducation doit être au cœur des politiques publiques participatives, inclusives et bien financées, a insisté un intervenant, avant de demander que des ressources suffisantes soient consacrées à l'édification de sociétés plus justes et durables, en investissant dans l'éducation et en réorientant les dépenses militaires, qui - a souligné cet intervenant - ont atteint des niveaux sans précédent et « inacceptables ».

L'attention des États Membres a par ailleurs été attirée sur l'interdiction faite aux filles afghanes d'aller à l'école et sur le sort dramatique des filles qui, dans le monde, sont victimes de mutilations génitales féminines.

Des appels ont été lancés en faveur de l'éducation inclusive de tous les enfants handicapés; de la prise en compte, dans les programmes scolaires, des valeurs des peuples autochtones; ainsi que d'une distribution équitable des ressources publiques au profit des écoliers et étudiants, afin qu'ils puissent effectivement réaliser leur droit à l'éducation. Il a été demandé que l'éducation favorise non seulement l'emploi, mais aussi la participation des jeunes à la vie sociale.

Dans des remarques de conclusion, les panélistes ont notamment insisté sur l'importance de remédier non seulement au problème du recul de l'aide internationale pour le développement, mais aussi aux flux financiers illégaux depuis les pays du Sud - qui, a dit une intervenante, sont bien plus importants et nuisent à la réalisation du droit à l'éducation. Il a d'autre part été recommandé que l'inclusion des jeunes handicapés soit prise en compte dès le stade de la budgétisation du système éducatif et que les personnes handicapées et leurs organisations soient consultées dans la conception des systèmes d'assistance par intelligence artificielle.

Table ronde sur « L'éducation aux droits politiques - Participation, citoyenneté et expression »

La table ronde, modérée par M. CARLOS SORRETA, Coprésident-Rapporteur du Forum social, a entendu les présentations des panélistes ci-après: MME CLAUDIA FLORES, Présidente du Groupe de travail des Nations Unies sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles; MME DELPHINE DORSI, Directrice de l'Initiative pour le droit à l'éducation; MME HENRIETTE REIERSON JOHNSTONE, Présidente du Fonds norvégien d'aide internationale aux étudiants et aux universitaires (SAIH); et M. GERARD KAMGA, de l'Université de l'État libre en Afrique du Sud.

Ont ensuite pris part au débat les représentants des pays suivants: Roumanie, Koweït, Afghanistan, et Sri Lanka. Sont aussi intervenus la Commission des droits de l'homme des Philippines; Humanity First; Grigoriadou Eirini 'Othisi High School; Model United Nations/Future Leaders Network; VIDES International; Young Canadians Changemakers Association (YCCM); Instituto Internazionale Maria Ausiliatrice - IIMA; Quest; Global Forum for the Defense of the Less Priviliged; OIDEL; Albukhary Foundation; Nebrijamun Association; Mme Bayan Albogami; Coletivo Antonio Flor; et Pilares de una sociedad Project.

Les panélistes ont de nouveau souligné que l'éducation, bien au-delà d'un simple droit fondamental, constitue un levier essentiel pour la réalisation de tous les autres droits humains. Elle permet à chacun, et en particulier aux femmes et aux filles, de participer pleinement à la vie politique, économique et sociale, de développer un esprit critique et de contribuer aux décisions collectives. Certains intervenants ont souligné que les inégalités de genre demeurent l'un des principaux obstacles à un accès équitable à une éducation de qualité. Ils ont dénoncé les normes sociales et familiales qui privilégient encore la scolarisation des garçons, les stéréotypes qui enferment les filles dans certains rôles et la persistance de barrières institutionnelles. Ils ont également insisté sur la nécessité de promouvoir une éducation inclusive, égalitaire et sensible au genre, intégrant notamment l'éducation complète à la sexualité, fondée sur les droits humains et les données scientifiques, comme outil d'autonomie et de lutte contre les discriminations.

Plusieurs panélistes ont mis en évidence le lien étroit entre le droit à l'éducation et le droit de participer à la vie publique. L'éducation, ont-ils rappelé, prépare les citoyennes et citoyens à comprendre le fonctionnement des institutions, à débattre, à s'exprimer et à exercer leurs droits civiques. Ils ont plaidé pour des programmes d'éducation civique et aux droits humains dès le plus jeune âge, l'instauration de conseils d'élèves ou de parlements de jeunes, ainsi qu'une meilleure formation à la culture numérique et médiatique, afin de renforcer la participation démocratique et l'inclusion de tous les groupes, notamment les plus marginalisés.

Une intervenante a attiré l'attention sur le rôle crucial de l'enseignement supérieur comme espace d'exercice des droits humains, de réflexion critique et d'action civique. Face à la montée des régimes autoritaires et à la réduction de l'espace civique, elle a dénoncé la répression croissante du militantisme étudiant et les attaques contre la liberté académique. Elle a appelé à protéger les étudiants et les enseignants en danger, à reconnaître les étudiants militants comme défenseurs des droits humains et à faire des universités des lieux sûrs pour la libre expression et le débat public.

Certains participants ont mis l'accent sur l'importance de l'inclusion et de la lutte contre les discriminations croisées, en particulier à l'égard des filles en situation de handicap, lesquelles figurent parmi les plus marginalisées dans le monde. Un panéliste a plaidé pour des infrastructures accessibles, des outils pédagogiques adaptés, des enseignants formés et des programmes débarrassés des biais de genre.

Les intervenants ont insisté sur la nécessité d'une approche globale et transformatrice de l'éducation, fondée sur l'égalité, la diversité et la liberté académique, afin de faire de l'éducation un véritable outil d'émancipation, de participation démocratique et de justice sociale.

Les délégations ont pour leur part relevé le rôle central de l'éducation dans la consolidation des sociétés démocratiques, inclusives et résilientes. Elles ont souligné que l'éducation ne devait pas se limiter à la transmission de connaissances, mais aussi développer la pensée critique, les valeurs civiques et la capacité des citoyens à participer activement à la vie publique. Plusieurs interventions ont mis l'accent sur la nécessité d'intégrer l'apprentissage des droits humains et des valeurs démocratiques dans les programmes scolaires, afin de renforcer la cohésion sociale et de lutter contre la désinformation, les discours de haine et les manipulations.

De nombreux intervenants ont en outre rappelé que l'éducation demeure un droit fondamental encore inégalement accessible étant donné ce qu'il en est notamment pour les filles, les minorités, les enfants réfugiés ou encore les personnes en situation de handicap. Ils ont dénoncé les discriminations structurelles et les biais culturels qui excluent encore trop d'enfants et de jeunes de l'enseignement et ont appelé à des réformes pour garantir l'égalité d'accès, la sécurité dans les écoles et la formation des enseignants à la diversité religieuse, culturelle et de genre.

Les échanges ont mis en lumière l'importance de l'éducation civique et politique comme outil d'autonomisation et de participation démocratique. L'apprentissage des droits, de la participation et de la responsabilité citoyenne doit être encouragé dès le plus jeune âge, à travers des pratiques concrètes de dialogue et de décision collective, a-t-il été souligné. Plusieurs intervenants ont plaidé pour que la voix des jeunes soit pleinement entendue et reconnue dans les processus éducatifs et politiques.

Les participants ont insisté sur la nécessité d'une approche inclusive et humaniste de l'éducation, qui allie savoirs scientifiques et sens critique, innovation et valeurs sociales, pour former des citoyens capables de penser par eux-mêmes et de bâtir des sociétés fondées sur la justice, la dignité et la paix. L'éducation a été présentée non seulement comme un droit, mais aussi comme une responsabilité collective et une condition indispensable à la démocratie, au développement durable et au respect de tous les droits humains.

Dans leurs remarques de conclusion, les panélistes ont précisément souligné que l'éducation est bien plus qu'un droit fondamental: elle est la base de la démocratie, de la paix et de la justice sociale, ont-ils affirmé. Ils ont insisté sur la nécessité de repenser son contenu pour y intégrer la participation, la pensée critique et le vivre-ensemble dès le plus jeune âge. Tous ont salué la voix et l'engagement des jeunes, appelant à leur donner une place réelle dans la vie démocratique, tout en réaffirmant l'urgence de bâtir des systèmes éducatifs inclusifs et protecteurs, notamment pour les filles et les enfants handicapés.

Table ronde sur « L'éducation aux droits de l'homme pour, avec et par les enfants »

Animée par MME ANITA PIPAN, Coprésidente-Rapporteuse du Forum social, la table ronde a compté avec les contributions d'EMILIA, JOSHUA, DERECK, MALAIKA, ALEXANDRA, ROSA ET LILLY, adolescents scolarisés à l'ECOLINT - École internationale de Genève.

Mme Pipan a rappelé que la cinquième phase du Programme mondial d'éducation dans le domaine des droits de l'homme mettait l'accent notamment sur le numérique, les changements climatiques et l'environnement. Les jeunes invités, a-t-elle précisé, ont justement travaillé sur des projets relevant de ces trois domaines.

Les élèves susmentionnés ont alors décrit leurs différents projets relevant de la santé, de la technologie, de l'environnement, de l'éducation, de la paix et des questions sociales, ainsi que leur démarche consistant à se considérer non plus comme de simples écoliers, mais aussi comme des acteurs de leur propre avenir, poussés par l'urgence et capables de proposer des solutions concrètes.

Les élèves se sont d'abord penchés sur le problème de la fast fashion, s'agissant en particulier des répercussions de cette industrie sur l'environnement et de la situation difficile des très nombreuses femmes qui sont employées dans ce secteur et, plus amont, des enfants qui parfois travaillent dans les champs de coton. Les élèves ont notamment indiqué avoir, au niveau local, contribué au recyclage et à la réutilisation des vêtements usagés et, faute de pouvoir intervenir dans la production des vêtements, s'être interrogés sur leur propre comportement de consommateurs.

Concernant ensuite les aspects liés à la sécurité, les jeunes ont pris conscience des risques que les enfants courent dans le contexte des conflits et des situations de conflit, et du lien étroit existant entre paix et égalité. Leur réflexion a aussi porté sur la recherche de solutions aux conflits plus proches d'eux, y compris au sein de leur propre famille. Ils ont organisé des levées de fonds pour contribuer aux efforts d'organisations caritatives qui aident matériellement les enfants réfugiés pour leur permettre de retrouver une certaine normalité.

Un autre projet a porté sur les déchets alimentaires et le gaspillage dans ce domaine. Les élèves ont pris conscience des conséquences désastreuses pour l'environnement du gaspillage, alors même que des centaines de personnes n'ont pas assez à manger, et de leur caractère profondément inégalitaire. Ils ont donc collaboré avec des partenaires locaux pour collecter des aliments invendus et les redistribuer à des personnes dans le besoin à Genève.

Les jeunes ont en outre exprimé leur solidarité avec les filles afghanes privées de scolarité. Ils ont conclu que l'éducation aux droits de l'homme était une nécessité au niveau mondial: d'abord pour apprendre en quoi ces droits consistent, ensuite pour savoir comment œuvrer pour le bien de tous.

Après ces présentations, des intervenants dans le public ont salué la démarche des jeunes collégiens et les recherches qu'ils ont menées pour approfondir ces sujets.

Table ronde sur « L'éducation aux droits de l'homme pour, avec et par les enfants - Construire un avenir juste et durable »

Modératrice de cette table ronde, MME ELISA GAZZOTTI, pour Amnesty International et Soka Gakkai International, a présenté les panélistes, trois jeunes militants, éducateurs aux droits de l'homme: MME AIZAT RUSLANOVA (Kirghizistan), M. ANDRÉS ALLÁN SÁNCHEZ OSORIO (Mexique/Panama) et MME DEJANA STOSIC (Serbie).

Les jeunes intervenants ont témoigné de la manière dont l'éducation aux droits humains peut devenir un levier de transformation personnelle et collective. Tous ont souligné la nécessité de sortir d'une approche théorique pour faire des droits humains une expérience vécue, concrète et participative.

Aizat Ruslanova a montré comment l'art, à travers le cinéma, la photographie ou les installations visuelles, peut devenir un outil pédagogique puissant pour éveiller l'empathie, briser le silence autour de la violence et ouvrir des espaces de dialogue sûrs. Selon elle, un film ou une œuvre peut parfois provoquer une prise de conscience plus profonde qu'un discours, en donnant aux jeunes, en particulier aux filles, les moyens de mettre des mots sur leurs expériences et d'agir.

Andrés Allán Sánchez Osorio a décrit son travail auprès de jeunes issus de contextes de pauvreté, de violence ou de marginalisation. Pour lui, l'éducation aux droits humains ne doit pas être un cours abstrait, mais un processus vivant qui aide les jeunes à se reconnaître comme titulaires de droits et à comprendre les causes structurelles de l'injustice. Il a plaidé pour une approche intersectionnelle, ancrée dans les réalités locales, qui tienne compte des inégalités de genre, d'origine ou de classe, et pour que les jeunes soient associés à la conception même des programmes éducatifs.

Enfin, Dejana Stosic a rappelé que les droits humains n'ont de valeur que s'ils sont appliqués. Face aux violences faites aux femmes, aux atteintes à la démocratie et à la montée de l'autoritarisme, elle a dénoncé le fossé entre les lois «sur le papier» et la réalité du terrain. Selon elle, l'éducation doit non seulement informer, mais aussi inspirer l'action, enseigner la résistance et le courage civique.

À l'issue de ces présentations, un dialogue s'est engagé entre les panélistes et les participants. À cette occasion, les déclarations puissantes et inspirantes des trois jeunes intervenants ont été particulièrement saluées.

Table ronde de clôture et recommandations sur « L'avenir de l'éducation aux droits de l'homme »

Cette dernière table ronde a été animée par MME FARIDA SHAHEED, Rapporteuse spéciale sur le droit à l'éducation. Ont fait des contributions les conférenciers suivants: M. OUATTARA DIAKALIA, militant pour le développement communautaire en Afrique, membre du Conseil international du Forum social mondial et du Forum social africain; M. MIHIR KANADE, membre du Mécanisme d'experts chargé de la question du droit au développement; MME WHITNEY MÉLINARD, Présidente de Kopounoule Inc. ; M. XIGEN WANG, doyen de la Faculté de droit de la Huazhong University of Science and Technology (Chine) ; MME SARA AKBAR ; MME CAROLINA FINNETE, chercheuse et avocate au Tax Justice Network.

Mme Shaheed a estimé que les débats de ce Forum social 2025 avaient bien montré l'interconnexion de tous les droits humains et leur indivisibilité. La question se pose maintenant, a-t-elle estimé, de savoir comment faire en sorte que la pratique de l'éducation soit à la hauteur des défis mondiaux et de la manière dont les cadres de gouvernance doivent évoluer pour ce faire.

À cet égard, parmi les recommandations émises, a figuré celle visant la mise en place d'une véritable « éducation à la gouvernance mondiale », soit la formation de citoyens qui comprennent comment les défis mondiaux sont gérés par le biais de la prise de décision collective, des institutions multilatérales et des normes communes. Dans ce contexte, a fait remarquer un intervenant, la création s'impose de plates-formes numériques inclusives, afin d'éviter que les connaissances sur la gouvernance mondiale restent concentrées dans quelques langues ou régions, ce qui risquerait de reproduire les inégalités que la coopération mondiale vise justement à résoudre.

Les intervenants ont en outre relevé que l'éducation permettait de constituer un capital humain bien formé et outillé pour relever les défis du développement, en particulier le développement communautaire, qui s'entend comme le développement à la base. Il a été recommandé d'encourager cette forme de développement en tant qu'elle est la charpente du développement aux niveaux national et international.

S'agissant de la technologie, il a été recommandé que les États prennent des mesures pratiques et efficaces pour intégrer le droit à l'éducation dans le Pacte numérique mondial; qu'ils augmentent la part de leur aide au développement consacrée à l'éducation numérique et technique; et qu'ils fassent en sorte que l'intelligence artificielle (IA) générative soit accessible, gratuite et véritablement inclusive.

Il a aussi été demandé que les États prennent des mesures pour que les enfants confrontés aux catastrophes et aux conflits puissent continuer de suivre leur scolarité. Les enseignants doivent être équipés pour apprendre à des enfants issus de tous les contextes, a pour sa part préconisé une intervenante.

D'autres recommandations ont porté sur le financement de l'éducation. Une intervenante a appelé les États à consacrer au moins 15% à 20% de leurs budgets publics à ce poste, et à prendre des mesures de nature fiscale aux niveaux national et international pour appuyer résolument cet effort.

Enfin, il a été souligné qu'il était beaucoup moins coûteux de cultiver la compréhension dans les salles de classe que de reconstruire des sociétés fracturées par les malentendus et la violence. À cet égard, l'éducation est « le moteur discret de la paix », car elle façonne l'imaginaire bien avant la signature de traités ou l'adoption de résolutions, a fait observer un expert. Pour renforcer le multilatéralisme et la dignité humaine, a-t-il insisté, il faut donc commencer par les écoles, qui sont les espaces où se forment les esprits et où se transmettent les valeurs : « si tu veux la paix, prépare la paix », a-t-il résumé.

Ont ensuite pris part au débat: l'Association d'aide à l'éducation de l'enfant handicapé, Hib Digital, Health Educational Transformation Zimbabwe Foundation Trust, University for Peace et RSE & Développement.

Une intervenante a plaidé pour que le droit à une éducation de qualité, tenant compte du genre, devienne une réalité pour tous les enfants handicapés dans le monde.

Pour des millions de personnes, le fossé entre leur éducation et leurs possibilités réelles d'emploi se creuse, a fait remarquer un autre intervenant. Il a plaidé à cet égard pour des modèles de formation intégrés incluant l'apprentissage tout au long de la vie. Une autre intervenante a mentionné l'organisation de programmes de formation mutuelle entre jeunes femmes des zones rurales.

D'aucuns ont en conclusion plaidé, entre autres, pour l'instauration, dans les pays et au niveau international, de cadres habilitants pour l'éducation aux droits humains, et pour le renforcement de la coopération internationale dans ce domaine.

Remarques de conclusion de la session par les deux Coprésidents-Rapporteurs du Forum

MME PIPAN a souligné la richesse des échanges et la force du dialogue comme moteur de transformation. Elle a relevé que toutes les interventions, malgré leur diversité, partageaient une conviction commune, à savoir que l'éducation n'est pas un privilège, mais un droit fondamental et une responsabilité collective. Selon elle, l'éducation constitue l'une des plus puissantes forces de l'humanité, capable de bâtir des ponts, de réduire les inégalités et de donner à chacun la possibilité de façonner son avenir. Elle a insisté sur la nécessité de protéger et de valoriser l'éducation partout et en toutes circonstances, y compris en temps de crise ou de guerre, et d'en faire un espace d'inclusion, de pensée critique et d'innovation. Enfin, elle a appelé à investir dans l'éducation sur les plans politique, moral et financier, réaffirmant l'engagement de son pays, la Slovénie, à promouvoir une éducation au service de la paix, du développement et de l'autonomisation, particulièrement pour les jeunes. Elle a remercié chaleureusement tous les participants, interprètes et organisateurs pour leur contribution à ce Forum porteur d'espoir.

M. SORRETA a salué la richesse des échanges de ce Forum social 2025, soulignant que ce Forum avait une nouvelle fois démontré son pouvoir fédérateur en rassemblant des voix souvent absentes des enceintes internationales - artistes, universitaires, jeunes militants et philosophes. Il a rappelé que l'éducation constitue à la fois un droit fondamental, un bien commun et un levier essentiel pour l'autonomisation, la paix et la cohésion sociale. Il a cependant déploré le sous-financement chronique des systèmes éducatifs, les attaques contre les écoles en période de conflit, la censure croissante et le manque de reconnaissance des enseignants, alors même que des millions d'enfants restent privés d'accès à l'école.

M. Sorreta a insisté sur le rôle transformateur de l'éducation pour surmonter les inégalités liées au genre, au handicap, à la religion ou à la classe sociale, et sur sa contribution à la réalisation d'autres droits, notamment le travail décent, la santé et la justice climatique. Il a aussi défendu la liberté académique, l'interdisciplinarité et l'éducation aux valeurs comme piliers de la démocratie et de la pensée critique. Rappelant que les jeunes ne sont pas de simples bénéficiaires, mais de véritables agents du changement, il a salué les projets qui ont illustré leur engagement pour l'égalité, l'environnement et la responsabilité numérique.

Enfin, M. Sorreta a appelé à placer l'éducation inclusive, abordable et fondée sur les droits humains au cœur des politiques publiques, tout au long de la vie et dans tous les espaces - tant dans les écoles que dans les médias, les lieux de travail et les communautés. Il a exhorté à investir durablement dans l'éducation, à renforcer la coopération internationale et à faire de l'éducation aux droits humains un moteur de paix, de développement durable et de justice pour les générations présentes et futures.

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HRC25.016F

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