09/23/2025 | Press release | Distributed by Public on 09/23/2025 11:15
Le 23 septembre 2025 - Ottawa (Ontario)
Une enquête conjointe sur TikTok menée par le Commissaire à la protection de la vie privée du Canada, Philippe Dufresne, et ses homologues provinciaux du Québec, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta a révélé que les mesures mises en place pour empêcher les enfants d'accéder à la populaire plateforme de partage de vidéos et pour prévenir la collecte et l'utilisation de leurs renseignements personnels sensibles à des fins de profilage et de ciblage étaient inadéquates.
Même si l'entreprise a déclaré que sa plateforme n'était pas destinée aux personnes de moins de 13 ans, l'enquête a révélé que des centaines de milliers d'enfants canadiens accèdent chaque année à la plateforme TikTok et que cette dernière recueille et utilise leurs renseignements personnels.
Les pratiques de marketing en ligne et le ciblage de contenu peuvent avoir des répercussions importantes sur le bien-être des enfants.
Même si l'enquête conjointe était axée sur les enfants, elle a aussi révélé que TikTok n'a pas bien expliqué ses pratiques en matière de données aux utilisateurs adolescents et adultes. TikTok n'a pas non plus obtenu de consentement éclairé à la collecte et à l'utilisation d'une importante quantité de données des utilisateurs, y compris les données sensibles de jeunes utilisateurs, comme l'exigent les lois canadiennes en matière de protection des renseignements personnels.
En réponse aux conclusions et aux recommandations des commissariats, TikTok a accepté de renforcer ses communications sur la protection de la vie privée afin que les utilisateurs, surtout les plus jeunes, comprennent comment leurs données pourraient être utilisées, notamment à des fins de publicité ciblée et de personnalisation du contenu.
En outre, TikTok a également accepté :
TikTok a apporté certaines améliorations à ses pratiques relatives à la protection de la vie privée au cours de l'enquête. Il s'agit notamment de modifications visant à empêcher efficacement les publicitaires de cibler les utilisateurs de moins de 18 ans, sauf dans le cas de catégories générales telles que la langue et la localisation approximative.
De plus, TikTok a élargi l'information sur la protection de la vie privée destinée aux utilisateurs canadiens, en français et en anglais, notamment en précisant le droit des utilisateurs d'accéder aux renseignements que détient TikTok à leur sujet ou de mettre ceux-ci à jour.
L'objectif ultime de l'enquête conjointe était de créer un environnement en ligne plus sécuritaire et plus transparent pour les enfants, où ils se sentent habilités à exercer leur droit à la vie privée et où ils peuvent explorer, apprendre et s'épanouir en toute sécurité, sans compromettre leur vie privée ou leur sécurité.
Toutes les organisations assujetties aux lois canadiennes sur la protection de la vie privée doivent respecter le droit des enfants à la vie privée et concevoir des services et des produits offrant des mesures rigoureuses de protection des renseignements personnels des enfants.
Prioriser la protection de la vie privée tout au long du cycle de vie d'une technologie, d'un programme ou d'un service peut contribuer à faire en sorte que les organisations innovent de façon responsable et offrent une protection des données adéquate qui pourra soutenir les utilisateurs, renforcer la confiance envers le service et garantir le respect des lois applicables.
« TikTok est l'une des applications de médias sociaux les plus utilisées au Canada, et elle recueille de grandes quantités de renseignements personnels sur ses utilisateurs, dont un grand nombre d'enfants canadiens. L'enquête a révélé que les profils de données personnelles des jeunes, y compris des enfants, sont parfois utilisés pour leur proposer directement du contenu publicitaire ciblé, ce qui peut avoir des effets néfastes sur leur bien-être.
Cette enquête a également permis de découvrir la mesure dans laquelle des renseignements personnels sont recueillis et utilisés, souvent sans que les utilisateurs le sachent ou y aient consenti.
Elle fait ressortir des facteurs importants à prendre compte pour toute organisation assujettie aux lois canadiennes sur la protection des renseignements personnels qui conçoit et développe des services, en particulier à l'intention des jeunes utilisateurs. Puisque la technologie joue un rôle de plus en plus central dans la vie des jeunes au Canada, nous devons mettre leur intérêt supérieur à l'avant-plan afin qu'ils puissent naviguer dans le monde numérique en toute sécurité. »
Philippe Dufresne
Commissaire à la protection de la vie privée du Canada
« En ligne, les entreprises du numérique se comportent comme les maîtres du jeu. Leurs choix de conception et leurs modèles d'affaires lancent les tendances et dictent les actions et les usages des utilisateurs. Cela génère une collecte massive de renseignements personnels. Un tel pouvoir d'influence impose cependant d'importantes responsabilités, qui ne sont pas suffisamment prises au sérieux.
Au Québec, 40 % des jeunes de 6 à 17 ans ont un compte sur TikTok. Chez les 6 à 12 ans, la proportion est de 17 %. Pourtant, les règles d'utilisation de cette plateforme prévoient que les jeunes de moins de 14 ans ne doivent pas s'y retrouver. Nul doute que l'entreprise peut et doit en faire plus pour les protéger.
L'enquête commune a amené TikTok à proposer des mesures concrètes pour mieux protéger la vie privée des jeunes. J'invite les entreprises du numérique à ne pas attendre une intervention directe des régulateurs avant de prendre leurs responsabilités.
Dès qu'elles conçoivent des produits technologiques, les entreprises doivent mettre de l'avant des mesures de protection permettant aux jeunes de profiter de l'environnement numérique, tout en minimisant les risques auxquels ils sont exposés.
Je souhaite lancer un message aux jeunes québécois : vos renseignements personnels sont précieux. Reprenez le contrôle du jeu et soyez maîtres de vos données personnelles. Je vous invite, vous et vos parents, à toujours exiger le plus haut niveau de respect de votre vie privée. »
Lise Girard
Présidente, Commission d'accès à l'information du Québec
« Chaque jour, en moyenne, toutes les 60 secondes, un enfant au Canada est banni de TikTok parce qu'il est mineur. Cela représente un demi-million de comptes appartenant à des enfants qui, au départ, n'auraient jamais dû être sur la plateforme, et qui ont vu leurs renseignements personnels recueillis et utilisés de façons qu'ils ne pouvaient pas bien comprendre ou auxquelles ils ne pouvaient consentir de manière éclairée.
La vision du monde de ces enfants est façonnée par les médias sociaux. Ces visions en développement du monde ont été façonnées d'une manière que les enfants eux-mêmes - et les adultes qui se soucient d'eux - ne peuvent espérer comprendre, et encore moins contrôler. Nous devons briser le cycle qui consiste à chercher des solutions aux atteintes à la vie privée après coup.
Au lieu de faire peser sur les enfants et les familles la responsabilité d'utiliser ces plateformes en toute sécurité, nous devons nous attaquer à la source : les entreprises doivent intégrer des mesures de protection de la vie privée adaptées à l'âge dans les technologies destinées aux enfants, et ce, dès les premières étapes de la conception de celles-ci. »
Michael Harvey
Commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de la Colombie-Britannique
« Prendre des mesures afin de protéger le droit à la vie privée des enfants est au cœur de mes priorités et au cœur de celles des autres commissaires à la protection de la vie privée du pays depuis un certain temps déjà. La présente enquête illustre parfaitement pourquoi nous avons priorisé cet enjeu.
Les enfants qui utilisent TikTok sont exposés à un large éventail de risques et de dangers qui comprennent et vont au-delà des problèmes en matière de protection de la vie privée. Ils sont plus susceptibles de voir du contenu vidéo inapproprié pour leur âge. Ils sont plus susceptibles de recevoir des publicités ciblées qui banalisent les jeux d'argent, augmentent les risques de vol d'identité, nuisent à leur développement sain, favorisent une image négative du corps ou une sexualisation précoce, ou encore renforcent les stéréotypes de genre. C'est pourquoi les prochaines étapes sont si importantes.
Nous estimons que les mesures prises à ce jour par TikTok ainsi que les engagements pris pour l'avenir sont encourageants. Cela dit, nous continuerons de surveiller la situation et de collaborer avec TikTok afin de veiller à la mise en œuvre des recommandations convenues. »
Diane McLeod
Commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Alberta