09/30/2025 | Press release | Archived content
Monsieur Christian LECHERVY,
Envoyé spécial pour la Birmanie
Conférence de haut niveau sur la situation des Rohingyas et autres minorités en Birmanie
New York, Siège des Nations Unies, Salle de l'Assemblée générale, le 30 septembre 2025
- Seul le prononcé fait foi -
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame la Présidente de l'Assemblée,
Madame l'Envoyée spéciale,
Mesdames et Messieurs,
Cela fait plus de quatre ans que la junte inflige au peuple birman sa stratégie de violence indiscriminée. Depuis sa prise de pouvoir illégitime le 1er février 2021, elle mène de manière systématique des frappes aveugles, des incendies de villages, des actes de tortures, des raids aériens et d'autres atrocités envers les populations civiles. Les attaques meurtrières visent des écoles, des centres de santé, des établissements religieux. De nombreux enfants sont tués et blessés, des femmes, des filles et des hommes sont victimes de violences sexuelles.
La France suit avec une extrême préoccupation l'aggravation continue de la situation, celle des Rohingyas et des autres minorités en Birmanie. Leur souffrance, faite de discriminations, de violences et de déplacements forcés, qu'elle soit le fait de la junte ou des groupes armés locaux, est inacceptable. Ces pratiques doivent cesser.
Les violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire devront être jugées. La justice est une condition indispensable pour une paix durable. C'est pourquoi la France soutient le travail de la Cour pénale internationale, qui enquête sur les crimes relevant de sa compétence commis à l'encontre des Rohingyas. Elle soutient également, depuis sa création, le Mécanisme d'enquête indépendant pour la Birmanie qui œuvre à faciliter les investigations sur les crimes internationaux les plus graves commis et répétées aux droits de l'Homme en Birmanie depuis 2011 et permettra de juger ceux qui en sont responsables.
La France se tient aux côtés de l'Union européenne, premier bailleur humanitaire en Birmanie, pour apporter une aide nécessaire aux populations. Nous avons renforcé notre action en 2024 avec plus de 11 millions d'euros de contribution aux secours d'urgence en Birmanie et près de 6 millions d'euros alloués à la réponse humanitaire pour les populations déplacées de force et réfugiées dans les pays voisins, en particulier les Rohingyas au Bangladesh.
Nous appelons la communauté internationale à se mobiliser davantage à nos côtés, y compris financièrement, dans un contexte où la situation en Birmanie et celle des Rohingyas est souvent occultée par d'autres crises plus médiatiques.
Le retour des réfugiés et des déplacés est pour nous une priorité, mais il ne pourra se faire sans sécurité, sans accès aux droits et sans citoyenneté reconnue. La liberté de mouvement, l'accès à l'éducation et à la santé sont essentiels. Des réformes profondes sont impératives pour rendre possible ce retour.
La France appuie les efforts de l'Envoyée spéciale du Secrétaire général et de l'ASEAN pour trouver une issue politique inclusive et répondre aux causes profondes de la crise actuelle. Nous encourageons le dialogue régional, la coopération entre tous les États et organisations internationales concernés et exigeons la pleine mise en œuvre de la résolution 2669 du Conseil de sécurité des Nations Unies.
La France salue l'engagement du Bangladesh, des populations d'accueil et le travail des agences des Nations Unies pour offrir aux personnes ayant trouvé refuges sécurité, aides humanitaires et perspectives d'avenir.
Nous appelons le pouvoir de Naypyidaw à enclencher un processus de dialogue politique sincère et inclusif, répondant aux aspirations de la population. L'engagement de la communauté internationale à travers des mécanismes de lutte contre l'impunité est une condition essentielle pour sortir de la crise.
Nous appelons les Etats présents à joindre leurs efforts. La protection des populations, des Rohingyas et des autres minorités est une responsabilité collective qui nous engage tous.
Je vous remercie.