Guerre civile en Birmanie : la journaliste Mu Dra enlevée par un groupe armé, elle doit être libérée

Le 20 septembre 2025, des membres des services de renseignement de l'Armée de l'Arakan se sont rendus au domicile d'une journaliste de l'agence de presse indépendante Border News Agency, Mu Dra, et l'ont emmenéepour un interrogatoire, sous les yeux de ses parents, selon les informations recueillies par RSF. Cette organisation armée contrôle la majorité de l'État de Rakhine - anciennement État d'Arakan -, dans l'ouest de la Birmanie.

Trois jours plus tard, un porte-parole de l'Armée de l'Arakan a affirméqu'il ne s'agissait pas d'une arrestation, mais d'une "mesure de précaution", et qu'elle faisait l'objet d'une enquête pour avoir "enfreint les règles applicables en temps de guerre par ses déclarations et ses activités, ce qui a mis en danger la sécurité publique". Elle est détenue par le groupe armé depuis.

La rédactrice en chef de Border News Agency, Ko Kaung Myat Naing, estime au contraire qu'elle est visée pour un article récent dénonçant le manque de fournitures scolaires dans un village accueillant un grand nombre de personnes déplacées en raison du conflit. En outre, Mu Dra a documentédes abus tels que des violences contre des civils commises par l'Armée de l'Arakan, ainsi que d'autres violations des droits humains par la junte militaire dans l'État de Rakhine.

Mu Dra est la première journaliste détenue par l'Armée de l'Arakan depuis le soulèvement déclenché après le coup d'État de la junte militaire de février 2021. D'autres groupes armés opposés au régime militaire ont également ciblé la presse, à l'instar de l'Armée de l'indépendance kachin (KIA), qui avait détenupendant un mois en 2024 un journaliste de l'agence de presse Red News Agency, Ta Lin Maunget le reporter indépendant Naung Yoe.

Depuis le coup d'État, la junte militaire mène une répression d'une brutalité extrêmecontre les médias : sept journalistes et défenseurs de la liberté de la presse ont été exécutés, plus de 200 ont été emprisonnés, dont au moins 51 toujours derrière les barreaux.

Myanmar Press Freedom Project : le soutien de RSF aux journalistes birmans

Face à cette répression, RSF a fourni une aide d'urgence à plus d'une centaine de journalistes et pilote depuis la Thaïlande le Myanmar Press Freedom Project, destiné à soutenir les professionnels des médias en exil, tout comme ceux qui continuent de travailler dans le pays.

La Birmanie, placée 169e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presseétabli par RSF en 2025, est la deuxième plus grande prison au monde pour les journalistes, juste derrière la Chine.