Federal Department of Foreign Affairs of the Swiss Confederation

11/06/2025 | Press release | Distributed by Public on 11/06/2025 01:58

Ansprache von Bundesrat Martin Pfister beim Comité Suisse-UE

Ansprache von Bundesrat Martin Pfister, Chef des Eidgenössischen Departements für Verteidigung, Bevölkerungsschutz und Sport (VBS), anlässlich einer Veranstaltung des Comité Suisse-UE an der Universität Genf, Mittwoch, 5. November 2025.

Es gilt das gesprochene Wort

Chers membres du Comité Suisse-UE,
Madame la Vice-rectrice,
Madame la Conseillère d'Etat,
Mesdames et Messieurs en vos titres et fonctions,

Vous m'avez invité en tant que membre du Conseil fédéral, mais aussi en tant que ministre de la Défense, à m'exprimer sur l'Europe.

Je crois que la question revient aux fondamentaux de Hamlet : to be or not to be ? Veut-on, oui ou non, la voie bilatérale avec l'Union européenne ? Une relation avec l'UE, on l'aura de toute façon - là n'est pas la question. Simplement, cette relation sera stable et ordonnée… ou pas. Là est la question. En tant que ministre de la Défense, j'aimerais commencer par vous dire pourquoi des relations stables entre la Suisse et l'Europe sont aussi importantes pour la politique de sécurité.

Après des décennies d'un ordre mondial supposé sûr, nous voici arrivés au temps des ruptures. La situation est instable. Les anciennes certitudes ont soudain perdu leur valeur. La voie bilatérale revêt désormais une autre dimension : elle doit être considérée dans un contexte géopolitique qui s'est fondamentalement transformé. Nous devons nous confronter à des évolutions qui nous semblaient impossibles.

Que pouvons-nous constater ?

  • Le monde démocratique est mis sous pression par des régimes autoritaires et autocratiques.
  • L'ordre mondial soi-disant basé sur des règles, hérité de la Seconde Guerre mondiale, vacille. Le droit international et les organisations internationales voient leur importance diminuer et sont de plus en plus souvent ignorés.
  • Nous assistons à un réarmement généralisé à l'échelle mondiale, auquel s'ajoute un développement technologique fulgurant dans les domaines des drones, de la robotique et de la cyberguerre.
  • Le rôle joué par les États-Unis dans la sécurité de l'Europe est en train de changer. L'entrée en fonction du nouveau gouvernement américain, début 2025, a encore accéléré les bouleversements dans les relations internationales. Les relations entre l'Europe et les États-Unis sont fondamentalement remises en question.
  • La guerre fait rage aujourd'hui sur le sol européen, en Ukraine, mais elle se déroule aussi sous des formes hybrides dans d'autres pays du continent. La Suisse n'est pas épargnée. Les menaces ne connaissent pas de frontière.

La Suisse est directement affectée par ces bouleversements politiques mondiaux. Notre pays est contraint de revoir sa position dans un environnement instable et changeant. Nous devons nous demander ce que ces évolutions signifient pour nous. Et ce qu'elles signifient pour nos relations avec nos partenaires et nos alliances.

Mesdames, Messieurs,

En ces temps d'instabilité géopolitique, le Conseil fédéral est convaincu de l'importance capitale que revêtent, pour la Suisse, des relations réglementées avec l'UE, tant sur le plan stratégique que politique et économique.

Permettez-moi, à ce stade, de poser une question de principe : quels sont véritablement les enjeux de nos relations avec l'UE ?

Ils sont de trois ordres :

  • La prospérité, tout d'abord. En effet, l'UE est, de loin, notre premier partenaire commercial.
  • Les valeurs ensuite. Nous partageons avec l'UE nos valeurs centrales que sont la démocratie, l'État de droit et les droits humains.
  • La sécurité, enfin. Située au cœur du continent, la Suisse est entourée de pays membres de l'Union européenne. L'UE a un effet stabilisateur sur les conflits entre pays européens grâce à l'interdépendance économique, à des règles et des institutions communes et à l'État de droit.

Il convient donc de définir de quelle façon la Suisse peut agir de manière sûre dans son environnement, réduire les risques et saisir les opportunités. La politique, l'économie et la sécurité sont indissociables. Et rien ne peut se faire sans de bonnes relations inscrites dans un cadre réglementaire.

Cela fait plus de vingt-cinq ans que nous entretenons, d'une manière cohérente, ces relations avec l'UE dans le cadre de la voie bilatérale. L'expérience nous montre que cette voie a fait ses preuves. Pas moins de neuf fois, le peuple suisse a confirmé cette approche aux urnes, directement ou indirectement. Autrement dit, c'est une réussite.

La voie bilatérale assure à la Suisse un accès fiable au marché de nos principaux partenaires commerciaux. Elle crée des règles claires pour les entreprises et nous permet de participer à des programmes européens de recherche et de formation.

L'UE et ses États membres représentent aussi un partenaire de plus en plus important de notre politique de sécurité et de défense. L'Europe - certains États membres de l'UE, et aussi des non-membres comme le Royaume-Uni et la Norvège - organise sa défense et sa sécurité par le biais d'une multitude d'initiatives.

Sur cette base, le Conseil fédéral a décidé, en juin 2025, d'entamer des discussions exploratoires avec l'UE en vue de conclure un partenariat en matière de sécurité et de défense. Par de tels partenariats, l'UE offre un cadre pour des États tiers qui souhaitent renforcer la coopération dans ces domaines. Pour la Suisse, cela consisterait, par exemple, à coopérer dans la lutte contre les menaces hybrides. Il s'agirait aussi de créer la possibilité d'achats d'armement en commun. Acheter avec d'autres nous permettrait d'obtenir de meilleurs prix. Cela nous donnerait aussi un meilleur accès à l'armement, dans un contexte où la demande surpasse largement l'offre. Naturellement, toute coopération doit se tenir aux limites de la neutralité.

Pour l'ensemble des raisons que j'ai mentionnées, les bonnes relations avec l'UE revêtent, pour la Suisse, une nécessité stratégique. Le Conseil fédéral est convaincu que la nouvelle série d'accords représente la bonne solution pour stabiliser la voie bilatérale, la développer et assurer la prospérité future de la Suisse. La voie bilatérale est faite sur mesure pour notre pays. C'est la meilleure solution possible pour préserver ses intérêts et ceux de sa population.

Les nouveaux accords garantissent à la Suisse la participation sectorielle au marché intérieur de l'UE. Ils ouvrent l'accès à de nouveaux accords que la Suisse souhaitait depuis longtemps. Ces traités portent notamment sur l'électricité, la santé et la sécurité alimentaire. Enfin, la participation de la Suisse à d'importants programmes de coopération en matière de formation, de recherche et d'innovation sera ainsi assurée.

La politique de sécurité est un autre domaine dans lequel notre action ne peut pas se limiter à nos frontières. Car la menace est transfrontalière. C'est par la coopération que nous pourrons préserver notre liberté, et non par l'isolement. Le renforcement de la capacité de défense de la Suisse passe par une intensification de la coopération internationale. De bonnes relations avec l'UE constituent une condition préalable pour la participation de la Suisse à des formats de politique de sécurité qui vont dans le sens de nos intérêts et sont compatibles avec notre neutralité.

Mesdames, Messieurs,

Les évolutions géopolitiques actuelles ne sont pas un phénomène passager mais une tendance durable, qui place notre pays face à des défis économiques, politiques et sécuritaires. Nous devons nous positionner de manière à y faire face efficacement, pour que la Suisse puisse agir de manière sûre dans son environnement, en diminuant les risques et en mettant à profit les opportunités.

Nous l'avons dit, la politique, l'économie et la sécurité sont fortement liées. Si l'on veut agir de manière responsable, on doit les considérer ensemble. Les décisions prises dans un domaine se répercutent sur les autres. La capacité économique fait partie de la résilience politique. La stabilité politique est un atout pour la place économique. Pour toutes ces raisons, de bonnes relations, inscrites dans un cadre réglementaire, avec nos principaux partenaires économiques, politiques et sécuritaires, revêtent une importance stratégique. La réponse à la question « to be or not to be » est claire.

Les relations bilatérales avec l'UE sont fondamentales pour la prospérité, la stabilité et la sécurité de la Suisse. La nouvelle série d'accords représente la continuité des relations, taillées sur mesure, qui lient la Suisse à l'UE. Ils permettent de stabiliser une voie bilatérale qui a largement fait ses preuves et garantissent dans la durée le bon fonctionnement des accords actuellement en vigueur.

Je vous remercie.

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