UNOG - United Nations Office at Geneva

12/19/2025 | News release | Distributed by Public on 12/19/2025 10:06

Gaza : la famine « repoussée », la survie toujours en jeu

Déclaré en août dernier, au temps fort du blocus humanitaire imposé par Israël à Gaza, l'état de famine n'est officiellement plus de mise dans le territoire palestinien. À la faveur du cessez-le-feu actuel et d'une levée partielle des entraves au livraisons d'aide, ce fléau mortel a été « repoussé », s'est félicité vendredi le chef de l'ONU.

Le Secrétaire général n'a pas caché son soulagement. « Un bien plus grand nombre de personnes peuvent désormais accéder à la nourriture dont elles ont besoin pour survivre », a souligné António Guterres, lors d'une conférence de presse au siège de l'organisation, à New York.

La nouvelle a été annoncée par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un groupe d'experts internationaux faisant autorité en matière de données sur la malnutrition. Le Soudan est désormais le seul pays au monde pour lequel un état de famine demeure en vigueur.

© UNICEF/Rawan Eleyan
Un garçon est soigné pour malnutrition dans un hôpital du sud de Gaza.

À Gaza, les progrès constatés sont toutefois précaires. Dans son dernier rapport, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) souligne que la majorité de la population continue de faire face à la malnutrition aiguë. Entre le 1er décembre 2025 et le 15 avril 2026, environ 1,6 million de personnes, soit plus des trois quarts des habitants de l'enclave, resteront à des niveaux d'insécurité alimentaire jugés « critique », « urgent » ou « catastrophique ».

Ces chiffres, a insisté António Guterres, traduisent des acquis excessivement fragiles. « Cela me brise le cœur de voir l'ampleur persistante de la souffrance humaine à Gaza », a-t-il confié. « Les familles endurent l'insupportable ».

Dans le meilleur des cas, les conséquences désastreuses de la malnutrition sur la santé physique et mentale se font ressentir longtemps après la disparition de la faim. Et les agences humanitaires de l'ONU préviennent que la bande de Gaza pourrait de nouveau basculer dans la famine d'ici à la mi-avril 2026. « La situation reste très fragile et dépend d'un accès humanitaire et commercial soutenu, élargi et constant », insistent-t-elles dans un communiqué de presse, publié vendredi.

Des progrès humanitaires sous pression

Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 10 octobre, les Nations Unies et leurs partenaires ont intensifié leur réponse. « Nous préparons plus de 1,5 million de repas chauds par jour et distribuons des colis alimentaires dans toute Gaza », a détaillé le Secrétaire général. « De l'eau potable atteint davantage de communautés. Certains établissements de santé ont rouvert ».

À la suite des violentes tempêtes hivernales, les agences ont également distribué des tentes, des couvertures, des vêtements et d'autres articles de première nécessité. António Guterres a salué « le travail acharné des humanitaires et des États membres », ainsi qu'une coopération accrue avec le Centre de coordination civilo-militaire.

Mais il a aussitôt mis en garde : « Les besoins augmentent plus vite que l'aide ne peut parvenir ».

UN News
De pluies diluviennes à Gaza ont inondé les camps de déplacés, aggravant les conditions déjà désastreuses pour des centaines de milliers de personnes vivant dans des abris de fortune.

Des déplacés exposés au froid et aux inondations

Sur le terrain, les conditions météorologiques ont aggravé une situation déjà précaire. Vendredi, l'UNICEF a annoncé qu'un enfant était mort d'hypothermie à Gaza. Selon l'agence, il s'agit du troisième à mourrir de froid depuis la dégradation des conditions météorologiques dans l'enclave.

Parallèlement, les tempêtes qui ont frappé le territoire le 11 décembre ont fait 13 morts et laissé des milliers de familles sans abri, selon le bureau onusien des affaires humanitaires, qui fait état d'inondations touchant près de 55 000 foyers et de l'évacuation de 370 familles près du littoral.

Ces mouvements de population interviennent alors que l'immense majorité des immeubles résidentiels de l'enclave ont été détruits par les bombardements israéliens au cours de la guerre entre le pays et le Hamas, entamée le 7 octobre 2023. La plupart de la population est contrainte de vivre dans des abris de fortune inadaptés aux fortes précipitations actuelles. « Des enfants sont contraints de dormir dans des tentes inondées », a alerté António Guterres. « Des bâtiments, déjà meurtris par les bombardements, s'effondrent sous le poids de la pluie et du vent, faisant de nouvelles victimes civiles ».

Nouvelles de l'ONU
Un bâtiment de plusieurs étages gravement endommagé par les bombardements israéliens risque de s'effondrer à Gaza, mettant en danger les familles déplacées qui s'abritent à proximité de la structure.

Abris effondrés, tentes détruites

Selon le bureau des affaires humanitaires, « les structures fragilisées par la guerre et les inondations massives mettent en péril des centaines de milliers de déplacés », tandis que les services d'eau et d'assainissement, les hôpitaux et les boulangeries peinent à se relever, en raison des destructions, des pénuries et des restrictions persistantes sur les biens autorisés à entrer.

Déjà, 17 bâtiments se seraient effondrés depuis le 10 décembre. Plus de 42 000 tentes ou abris de fortune ont été entièrement ou partiellement endommagés dans 320 sites de déplacement et 43 zones, affectant au moins 235 000 personnes.

« Le 17 décembre, le ministère de la santé de Gaza a signalé qu'au total, 12 personnes étaient décédées à la suite de l'effondrement de murs et de maisons endommagées, et qu'un enfant était mort d'hypothermie », précise le bureau.

© UNICEF/Eyad El Baba
Les enfants de la bande de Gaza reçoivent des kits de vêtements d'hiver de la part de l'UNICEF.

Une aide toujours entravée, un cessez-le-feu fragile

Malgré l'acheminement de 119 000 tonnes métriques d'aide depuis le cessez-le-feu, plus de 172 000 tonnes d'aide préautorisée restent bloquées en attente de transfert vers l'enclave, dont environ 70 % de denrées alimentaires.

Dans plus de la moitié de Gaza, où des troupes israéliennes demeurent déployées, « des terres agricoles et des quartiers entiers restent inaccessibles », a souligné António Guterres.

« Les frappes et les hostilités se poursuivent, augmentant encore le nombre de victimes civiles et exposant nos équipes à de graves dangers », a-t-il ajouté, plaidant pour un cessez-le-feu « véritablement durable », l'ouverture de davantage de points de passage, la levée des restrictions sur les biens essentiels, la suppression des entraves administratives et un accès humanitaire sans entrave, y compris pour les ONG.

Gaza et la Cisjordanie, une même urgence

Le Secrétaire général a également alerté sur la dégradation rapide de la situation en Cisjordanie occupée, où les Palestiniens font face à « une intensification de la violence des colons israéliens, des confiscations de terres, des démolitions et des restrictions de mouvement accrues ». Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacées à la suite d'opérations israéliennes dans le nord du territoire.

« Le droit international, y compris le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme, doit être respecté dans l'ensemble du territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est », a insisté António Guterres, rappelant que les mesures conservatoires prises par la Cour internationale de justice « sont contraignantes et doivent être mises en œuvre ».

« Cette crise est le produit de décisions humaines », a-t-il conclu. « Elle peut être résolue par des choix humains, s'il existe une volonté politique d'agir. La souffrance perverse et prolongée doit cesser. Les Palestiniens ont besoin d'un horizon d'espoir ».

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