12/04/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/04/2025 07:51
LeComité d'experts de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires a publié un nouveau rapport qui évaluela manière dont la Serbie a mis en œuvre les recommandations pour action immédiate adressées aux autorités en 2023. Il relève certaines initiatives positives, comme la mise en place du « Lecteur national », un nouvel outil pédagogique obligatoire pour tous les élèves de l'enseignement primaire et secondaire qui comporte des contenus sur les traditions et la culture des minorités nationales en Serbie, ainsi que certains projets visant à promouvoir les langues minoritaires dans les médias. Cependant, la plupart des recommandations formulées par le Comité d'experts n'ont pas été pleinement mises en œuvre.
Mettre en place un enseignement bilingue à tous les niveaux en Serbie
Le Comité note que, dans plusieurs cas, les autorités nationales serbes se sont contentées d'encourager les conseils nationaux des minorités nationales à mettre en œuvre les recommandations pour action immédiate. Dans le même temps, faute de moyens financiers et en personnel suffisants, la capacité de ces conseils à promouvoir efficacement l'utilisation des langues régionales et minoritaires dans la vie publique reste limitée. Tout en réaffirmant la nécessité de continuer à renforcer les capacités et à financer les conseils nationaux, le Comité d'experts souligne que la responsabilité ultime de la mise en œuvre de la Charte incombe aux autorités nationales.
Dans le domaine de l'enseignement des langues minoritaires, plusieurs langues (bunjevac, tchèque, allemand, macédonien, romani, ukrainien, valaque) continuent d'être enseignées exclusivement ou principalement dans le cadre de la matière « Langue maternelle et éléments de culture nationale », à raison de deux heures par semaine. Comme le Comité l'a déjà fait remarquer, l'enseignement d'une langue régionale ou minoritaire à raison de deux heures par semaine seulement ne répond pas aux exigences minimales de la Charte, en particulier lorsque cette langue n'est pas largement utilisée dans la vie publique et privée, notamment dans le cadre familial. Parmi les modèles d'enseignement des langues minoritaires en Serbie, seul le modèle d'enseignement bilingue répond aux exigences minimales de la Charte. Le Comité d'experts encourage donc les autorités à prendre des mesures proactives, en coopération avec les représentants des locuteurs des langues régionales ou minoritaires, afin de mettre en place un enseignement bilingue dans ces langues à tous les niveaux de l'enseignement.
Communiquer avec les autorités dans les langues régionales
L'une des recommandations consistait à encourager les locuteurs albanais, bulgares, croates, hongrois et slovaques à utiliser leur langue dans leurs contacts avec les antennes locales des autorités publiques et à faciliter la rédaction de documents dans ces langues. Bien qu'il soit officiellement possible de présenter des demandes dans les langues minoritaires à certaines institutions (telles que l'administration fiscale, la police, l'inspection du travail et la caisse de retraite), très peu de personnes ont utilisé cette option en 2022-2025. Quelques institutions publiques délivrent des documents dans les langues régionales ou minoritaires (par exemple, des cartes d'identité ou des certificats de nationalité en plusieurs langues), et certains bâtiments publics sont dotés de panneaux multilingues. Cependant, les documents administratifs dans ces langues font cruellement défaut, notamment les formulaires de demande fréquemment utilisés, comme ceux du permis de conduire ou de l'enregistrement de résidence.
Le Comité réaffirme que l'utilisation des langues régionales ou minoritaires dans les contacts avec les autorités devrait être davantage encouragée par la mise en place de documents bilingues ou multilingues, y compris dans l'administration en ligne.
L'évaluation porte également sur des recommandations spécifiques à l'utilisation de certaines langues régionales et minoritaires (albanais, bosniaque, bulgare, bunjevac, croate, tchèque, allemand, hongrois, macédonien, romani, roumain, ruthène, slovaque et ukrainien) dans l'éducation, notamment la formation des enseignants, les contacts avec les antennes locales des autorités publiques et les médias.
La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires est la convention du Conseil de l'Europe qui vise à protéger et à promouvoir les langues régionales ou minoritaires traditionnelles des États parties et à permettre aux locuteurs et locutrices de ces langues de les utiliser dans la vie publique et privée. Sa mise en œuvre fait l'objet d'un suivi assuré par un comité d'experts indépendants. Ayant pris effet au 1er mars 1998, le traité est désormais en vigueur dans 25 États.
Lire le rapport dans son intégralité
La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et la Serbie
Le Conseil de l'Europe protège l'identité et la culture roms en préservant la langue romani