Government of the Grand Duchy of Luxembourg

12/05/2025 | Press release | Distributed by Public on 12/05/2025 01:31

Léon Gloden: 'Les gens attendent de nous que nous améliorions la sécurité'

Interview: Paperjam (Marc Fassone et Thierry Labro)

Paperjam: Ce mardi 2 décembre, suite à un nouvel arrêt du Conseil d'État, le Platzverweis - la possibilité de faire déguerpir quelqu'un dans l'espace public - est revenu dans l'actualité. Pourquoi est-ce que ce dossier bloque?

Léon Gloden: On va s'en sortir! Le Platzverweis renforcé va arriver. Le dispositif vise à assurer que les gens qui se croisent dans l'espace public le fassent tranquillement sans être offensés et sans avoir peur. Quand vous parlez aux gens, sur le terrain et pas seulement autour du quartier de la gare, les gens l'attendent. Dans ce deuxième avis du Conseil d'État, il y a deux oppositions formelles principales. Le Conseil dit que les concepts d'ordre public, de tranquillité, de salubrité et de sécurité publique locale sont des concepts trop vagues. Et il préfère que le bourgmestre n'intervienne pas dans la procédure. Je rappelle que le concept d'ordre public local est quand même la base de l'existence des communes. Historiquement, elles ont été créées - de même que la fonction de bourgmestre - pour assurer la salubrité, la tranquillité et la sécurité. Il me semble donc normal que le bourgmestre intervienne dans la procédure. J'ai un peu de mal à comprendre le Conseil d'État, car si on supprime ces notions, alors - et je dis cela de manière ironique - on en arrivera un jour à remettre en cause l'existence des communes.

Bien sûr, il faut que ces mesures soient proportionnelles. En tant qu'ancien avocat, j'en suis bien conscient. Mais je suis aussi le ministre compétent pour assurer la sécurité publique. Et le Platzverweis renforcé est une mesure centrale pour mon parti, le CSV, et pour l'accord de coalition. Je suis très déterminé à ce que ce projet de loi puisse être voté sans qu'il soit dénaturé. On m'oppose toujours l'argument que la société civile est contre les mesures de sécurité. Je réponds: "Donnez-moi une définition de la société civile. " Si je me promène dans le quartier de la gare, dans les rues ou dans ma circonscription, il me semble que la société civile est de mon côté. Pour moi, la société civile, c'est aussi la majorité silencieuse qui ne s'exprime pas en hurlant, des gens qui m'adressent la parole quand je les croise et qui disent: "Monsieur le Ministre, on vous soutient dans ces mesures. " Les gens attendent de nous que nous améliorions la sécurité et le sentiment de sécurité. Si je dois subir les critiques de certaines associations et de certains hommes et femmes politiques de gauche, je les subirais. Je suis là pour régler le problème et je le réglerai.

Paperjam: Comment évolue la situation dans le quartier de la gare?

Léon Gloden: Les chiffres annuels concernant la criminalité seront présentés dans les prochains mois. Je dirais qu'en matière de drogue, le nombre d'arrestations augmente de façon très importante. Tous les problèmes ne sont pas résolus, mais les gens remarquent les efforts de la police. Il y a plus de présence dans les quartiers. Notre principe des "4P" démontre son efficacité. Il faut continuer. La présence policière est un des éléments de notre politique. On me reproche quelquefois que la vidéosurveillance est contraire à la protection des données, que le Platzverweis est contraire au droit à la libre circulation… Il faut regarder toutes les mesures que nous prenons comme un tout. Un tout qui améliorera la sécurité des gens.

Je dirais ensuite que la police est là pour prévenir et pour réprimer. Elle n'est pas une assistante sociale ni un juge. Elle ne peut pas résoudre toute la problématique. C'est pour cela que j'ai initié le Drogendësch 2.0, pour regrouper toutes les parties concernées - les ministres des Affaires intérieures, de la Justice, de la Santé, de la Famille et des Solidarités et la Ville de Luxembourg - pour assurer un suivi. Si la police attrape à plusieurs reprises un délinquant, la population s'attend à ce qu'il soit jugé. Il y a des consommateurs qui sont avant tout des malades. Alors il faut les soigner. Ce n'est pas la responsabilité de la police. Tout le monde fait des efforts, mais aujourd'hui, ces efforts doivent être intensifiés.

Paperjam: Assiste-t-on, dans le quartier de la gare, à l'arrivée de nouveaux délinquants en provenance de France ou d'Allemagne?

Léon Gloden: Nous sommes conscients du caractère de plus en plus transfrontalier de la criminalité dans le quartier. C'est la raison pour laquelle j'en avais discuté avec Bruno Retailleau, alors ministre français de l'Intérieur, qui avait fait remonter le problème aux préfets et au ministère français de la Justice. Ce qui a permis la signature, il y a trois mois, de la signature, entre le procureur de Luxembourg et le procureur de Metz, d'un memorandum of understanding pour mieux gérer ce flux de criminalité transfrontalière en échangeant les informations issues de procédures. C'est la raison aussi pour laquelle les polices française, luxembourgeoise et allemande intensifient les contrôles dans les transports publics.

Un aspect important pour moi est d'arriver à mieux collaborer entre autorités et à mieux partager les données. Je suis pour la protection des données personnelles. Mais si elle aboutit à ce que l'on n'arrive plus à attraper les délinquants, alors on a un problème et cela, je ne peux pas l'accepter. C'est pour ça qu'à l'échelle européenne, je rappelle toujours que ces échanges sont importants. La semaine prochaine se tiendra une conférence Benelux sur la manière d'organiser ces échanges administratifs entre autorités nationales pour prévenir la commission d'un crime. Je prends un exemple tiré d'un cas réglé à La Haye. La police a constaté dans un quartier l'ouverture de plusieurs commerces qui ne correspondaient pas à une demande commerciale. La police a collaboré avec les services en charge des classes moyennes pourvoir si cela ne cachait pas autre chose, et donc agir. Ce qu'elle a fait. Nous ne travaillons pas comme ça actuellement, mais j'aimerais qu'on y arrive.

C'est aussi pour cela que je pousse le projet de reconnaissance automatique des plaques d'immatriculation. Quand j'entends les critiques venant de personnalités politiques de gauche, je les accepte bien volontiers, mais on a besoin d'une vidéosurveillance plus élaborée. On sait que nous sommes un pays de transit. Et si on peut attraper les délinquants avec cet outil, ce sera positif.

Paperjam: La précédente coalition avait pris des mesures très marketing, comme le transport gratuit et la libéralisation de la législation sur le cannabis. À côté des aspects positifs, est-ce que cela a pu susciter un appel d'air pour les trafiquants?

Léon Gloden: Le transport gratuit est une bonne chose, mais la médaille a son revers. Cela facilite le transport des délinquants. On trouve maintenant des dealers dans les campagnes. Je ne veux pas abolir la gratuité des transports, mais nous devons trouver de nouveaux moyens pour faire face à ce phénomène. La vidéosurveillance sur les pôles d'échange est un outil dans cette optique.

Pour le cannabis, personnellement j'étais contre et je reste contre sa libéralisation. Si on croit les statistiques, cela n'a pas fait baisser la consommation des jeunes. Sur le terrain, la police ne voit pas non plus une baisse du trafic. Deux arguments avancés par les Verts.

Paperjam: Vous avez mentionné tout à l'heure l'importance de travailler entre les différentes administrations. Comment évoluent vos relations avec le ministère de la Justice et le nouveau procureur?

Léon Gloden: La collaboration avec le nouveau procureur, John Petry, est très bonne. Il a conscience des problèmes qui se posent. Il est aussi toujours disposé à nous accompagner dans les réunions publiques. J'ai un très bon échange avec lui. Je ne peux que me féliciter de cette nouvelle approche.

Paperjam: Mais est-ce que la Justice sanctionne assez, notamment les petits délinquants qui retournent assez vite dans la rue?

Léon Gloden: Le Parquet est conscient de ce problème. C'est un sujet que l'on aborde régulièrement avec lui. Bien sûr, on ne peut pas donner d'instruction à la Justice, mais en tant qu'institution, elle a un rôle à jouer. Les gens veulent que justice soit faite.

Paperjam: Face au succès de la police de proximité, doit-on s'attendre à son extension?

Léon Gloden: La police de proximité a connu un franc succès à Luxembourg-ville et à Esch-sur-Alzette. La commune de Dudelange de mon cher ami socialiste Dan Biancalana l'a demandée. C'est un exemple du décalage qui peut exister entre les aspirations nationales d'un homme politique et la gestion des situations locales… On vient de finir la phase de test dans la région mosellane. Nous avons constaté que la police locale a fait ses preuves dans les grandes villes comme Mertert et Grevenmacher, mais dans les communes rurales, elle est moins pertinente. Cela dit, si une commune ne reçoit pas la police locale, cela ne veut pas dire qu'elle ne recevra pas un renfort de police. Hesperange va recevoir des renforts policiers sans avoir besoin de police locale.

L'an prochain, nous aurons une nouvelle brigade, le Groupe de soutien opérationnel (GSO), qui aura vocation à être déployé lors de grands événements ou durant l'été sur les sites touristiques, comme le lac de la Haute-Sûre. Ce sera la première à être équipée de taser.

J'ai la volonté de rendre la police plus flexible et plus proche des citoyens. Et je pense qu'on est en train d'atteindre ce but.

Paperjam: Quels sont les impacts de cette flexibilisation sur l'organisation de la police?

Léon Gloden: Cela a pu poser des problèmes au début, mais aujourd'hui, les choses vont mieux. Nous allons continuer à recruter. On m'avait reproché le manque d'effectif pour la police judiciaire. Ce qui était le résultat de l'action de mes prédécesseurs. Depuis que ce gouvernement est en fonction, nous avons recruté plus de personnes pour ces équipes. Et dans le même temps, le cadre civil, moins visible par définition, a vu ses effectifs augmenter.

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