UNOG - United Nations Office at Geneva

10/31/2025 | News release | Distributed by Public on 10/31/2025 13:16

Exécutions sommaires, massacres et viols au Soudan : l’ONU s’alarme sur les atrocités commises à El Fasher

Depuis la chute d'El Fasher aux mains des paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR), des milliers de civils ont fui la ville. Tous affirment que des exactions ont lieu dans la région, alerte le Bureau des droits de l'homme de l'ONU, relevant que de plus en plus de détails émergent sur les atrocités commises pendant et après la chute de cette ville du Darfour-Nord.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH) indique avoir des « témoignages horribles » depuis que les FSR ont lancé une offensive majeure contre la ville le 23 octobre dernier. Des informations font état « d'exécutions sommaires, de massacres, de viols, d'attaques contre des travailleurs humanitaires, de pillages, d'enlèvements et de déplacements forcés ».

Les services du Haut-Commissaire Volker Türk estiment que le nombre de civils et de personnes mises hors de combat lors de l'attaque des FSR contre la ville et ses voies de sortie, ainsi que dans les jours qui ont suivi la prise de contrôle, pourrait s'élever à plusieurs centaines.

© UNICEF/Mohammed Jamal
Une femme fouille les restes brûlés de son abri dans un camp de déplacés au Darfour, au Soudan.

Viol collectif

« Notre bureau a reçu des témoignages de personnes qui ont fui El Fasher terrifiées et qui ont survécu au périple effrayant jusqu'à Tawila, à environ 70 km de là. Nous avons reçu des vidéos choquantes ainsi que d'autres images montrant de graves violations du droit international humanitaire et des violations flagrantes des droits de l'homme », a déclaré depuis Nairobi, Seif Magango, porte-parole du HCDH, lors d'un point de presse régulier de l'ONU à Genève.

Le HCDH a également documenté le meurtre de travailleurs humanitaires et de bénévoles locaux qui venaient en aide aux communautés vulnérables à El Fasher. Au moins deux intervenants humanitaires locaux ont été tués à El Fasher le 27 octobre dernier. Trois médecins seraient détenus par les paramilitaires.

L'ONU a aussi reçu des informations alarmantes faisant état de violences sexuelles. Au moins 25 femmes ont été victimes d'un viol collectif lorsque les FSR ont pénétré dans un refuge pour personnes déplacées près de l'université d'El Fasher.

« Des témoins confirment que des membres de la RSF ont sélectionné des femmes et des filles et les ont violées sous la menace d'une arme, forçant les autres personnes déplacées - environ 100 familles - à quitter les lieux sous les tirs et les intimidations des résidents plus âgés », a détaillé M. Magango.

Crimes de guerre à El Fasher et au nord du Kordofan

Dans le nord du Kordofan, des informations font état de violations graves commises dans le cadre de la prise de Bara par les paramilitaires. Il s'agit notamment l'exécution sommaire présumée de cinq volontaires du Croissant-Rouge.

L'ONU estime à 50 le nombre de civils tués le 26 octobre ou aux alentours de cette date, certains pendant les hostilités, d'autres sommairement exécutés sous l'accusation d'être des partisans des forces armées soudanaises.

« Ces derniers rapports faisant état de violations graves pourraient constituer de nombreux crimes au regard du droit international, à El Fasher et dans ses environs, ainsi qu'à Bara », souligne le porte-parole, appelant à des enquêtes indépendantes et transparentes sur toutes ces violations du droit international.

Des millions de personnes privées de soins de santé

De son côté, l'Agence sanitaire mondiale de l'ONU (OMS) appelle la communauté internationale, à ne pas abandonner le peuple soudanais en cette « période très sombre » alors des millions de personnes sont toujours privées de soins de santé en raison des attaques incessantes contre les infrastructures sanitaires.

L'illustration de cette situation abominable, c'est le massacre mardi dernier de plus de 460 patients et de leurs familles à El Fasher.

Depuis le début du conflit en avril 2023, l'OMS a recensé 189 attaques contre des structures de santé au Soudan, qui ont fait 1.670 morts et 419 blessés. 86 % de tous les décès liés à des attaques contre des structures de santé ont eu lieu cette année, ce qui indique que les attaques sont de plus en plus meurtrières.

Les dernières données de l'OMS, datant de juillet 2025, montrent que moins de la moitié des établissements de santé du pays sont pleinement opérationnels, 12 % sont partiellement opérationnels et 40 % ne fonctionnent pas.

PAM/Mohamed Galal
Camions transportant l'aide alimentaire du PAM arrivant à Tawila, au Soudan

Des camions d'aide en attente dès que l'accès sera ouvert

« Dans les États du Darfour et du Kordofan, la situation est pire, l'insécurité et le manque de fournitures entraînant des perturbations dans les services. Des personnes meurent faute d'accès aux soins de santé de base et aux médicaments », a déclaré la Dre Teresa Zakaria, cheffe des opérations humanitaires à l'OMS.

Sur le terrain, les équipes de l'OMS, travaillent sans relâche pour maintenir les services de santé, notamment dans des zones comme Tawila où continuent d'affluer les personnes fuyant El Fasher. L'agence achemine des médicaments et des fournitures d'urgence à Tawila, notamment pour le traitement du choléra, les services de santé maternelle et infantile et le traitement de la malnutrition aiguë sévère.

En outre, les camions de l'OMS sont en attente dans le cadre d'un convoi humanitaire de l'ONU transportant de la nourriture, des médicaments et des fournitures médicales vitales à El Fasher, dès que l'accès sera ouvert.

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