11/11/2025 | News release | Distributed by Public on 11/11/2025 23:27
Le président Salva Kiir dirige le pays depuis son indépendance en 2011. Son adversaire de toujours, Riek Machar, est chef de l'opposition et, jusqu'à il y a peu, premier vice-président du pays.
L'antagonisme entre les deux hommes plonge ses racines dans les divisions du mouvement de libération sud-soudanais, à l'époque où le territoire luttait encore pour se détacher du Soudan.
Leur rivalité a aussi une dimension ethnique : M. Kiir appartient à la communauté dinka, M. Machar à celle des nuer.
Ces clivages, instrumentalisés par le pouvoir comme par l'opposition, ont façonné les alliances militaires et nourri les cycles de vengeance qui continuent de miner la cohésion nationale.
Né le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud est la plus jeune nation du monde.
Son indépendance du Soudan voisin découle de l'accord de paix signé en 2005, qui met fin à deux longues guerres civiles soudanaises entre le nord et le sud (1955-1972 ; 1983-2005).
Un référendum d'autodétermination, en janvier 2011, largement remporté par le « oui », consacre la sécession.
Le jour de l'indépendance, le Conseil de sécurité déploie la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), chargée d'appuyer la sécurité et la consolidation de la paix du nouvel État.
Après l'euphorie des débuts, le pays bascule rapidement dans la guerre civile.
Deux ans à peine après l'indépendance, la rivalité Kiir-Machar dégénère.
En décembre 2013, des combats éclatent dans la capitale, Juba, entre les forces loyales au président et celles fidèles au vice-président.
La guerre qui en découle est d'une extrême brutalité : massacres ethniques, viols systématiques, villages incendiés.
Selon l'ONU, le conflit aurait fait près de 400 000 morts et provoqué le déplacement de plus de 4 millions de personnes, soit un tiers de la population.
Un premier accord signé en 2015 s'effondre. Ce n'est qu'en septembre 2018 qu'un nouvel accord met fin au conflit et ouvre la voie à un gouvernement d'union, formé en 2020, avec M. Kiir pour président et M. Machar pour vice-président.
En février, des combats meurtriers éclatent dans l'État du Haut-Nil, dans le nord-est, entre les forces gouvernementales fidèles à M. Kiir et l'« Armée », une milice communautaire nuer accusée par le président d'agir en concertation avec M. Machar.
À Juba, plusieurs responsables de l'opposition sont arrêtés. En mars, Riek Machar est placé en résidence surveillée, puis inculpé en septembre pour trahison, meurtre et crimes contre l'humanité. L'opposition dénonce une instrumentalisation politique.
Depuis la situation politique et sécuritaire se dégrade. De nouveaux affrontements meurtrier dans le nord confirment la fragilité du cessez-le-feu.
Pour l'ONU, l'accord de 2018 demeure la seule voie vers la stabilité. Mais il est mis à mal par les violations du cessez-le-feu, les arrestations d'opposants et les décisions unilatérales du pouvoir.
Les élections prévues en 2026 semblent de plus en plus illusoires : la réforme constitutionnelle stagne, les forces armées restent divisées et la méfiance entre camps s'accroît.
L'ONU appelle à un nouvel élan politique et régional pour sauver la transition et empêcher le pays de replonger dans la guerre civile.
Plus de 7,5 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, souffrent d'insécurité alimentaire aiguë ; 28 000 sont menacées de famine, selon l'ONU.
Des inondations récentes ont déplacé plus d'un million d'habitants.
Les violences sexuelles restent endémiques : 2,7 millions de femmes et de filles sont exposées à des risques graves, et plus de 260 cas ont été recensés en 2024.
Depuis avril 2023, le conflit opposant l'armée soudanaise aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) bouleverse tout le bassin du Nil supérieur.
Plus d'un million de réfugiés soudanais ont afflué vers le Soudan du Sud, accentuant la pression sur des infrastructures déjà saturées et coupant Juba d'un médiateur essentiel : Khartoum, jusque-là garant de l'accord de 2018.