09/17/2025 | News release | Archived content
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17 septembre, 2025Alors que la transition énergétique de la planète repose sur les minéraux stratégiques d'Afrique, les organisations syndicales militent pour le devoir de diligence en matière de droits de l'homme (DDDH) pour s'assurer que les travailleurs profitent des riches ressources minérales du continent. Lors d'une conférence organisée, les 2 et 3 septembre à Accra, au Ghana, par le bureau régional d'IndustriALL Global Union pour l'Afrique subsaharienne, 90 délégués de 15 pays, parmi lesquels des leaders syndicaux, des partenaires et autres parties prenantes, étaient réunis pour aligner les normes mondiales de DDDH sur la réalité africaine.
Le thème de la conférence, "Promouvoir les droits humains et un comportement responsable des entreprises dans le monde du travail : des cadres mondiaux aux réalités africaines", faisait écho à d'autres réunions, de l'exécutif régional, des femmes, des jeunes et du réseau du textile et de l'habillement, qui se tenaient la même semaine, et soulignait la nécessité de cadres robustes pour préserver le monde du travail dans la vague de transformations que soulève la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).
Son but était de favoriser une meilleure compréhension du DDDH et du comportement responsable des entreprises, de renforcer la capacité de surveillance des syndicats sur les droits de l'homme et des travailleurs, et de plaider en faveur de cadres nationaux et sectoriels pour le DDDH. Les ressources minérales de l'Afrique sont capitales pour la transition énergétique et les délégués ont insisté sur le fait que le DDDH est essentiel pour lutter contre l'exploitation et promouvoir un développement durable, dans la ligne de l'Agenda 2063 de l'Union africaine et de la Vision du régime minier de l'Afrique.
La chaîne d'approvisionnement du cobalt de la République démocratique du Congo (RDC), qui, suivant la Banque mondiale, représente plus de 70 pour cent du cobalt extrait dans le monde, a été au centre des débats. Theodore Kamwimbi, du Centre pour la réglementation transformative du travail de l'Université du Cap-Occidental, a réclamé des contrôles rigoureux et des réparations, en particulier pour les jeunes et les femmes des mines artisanales, ainsi que l'abolition du travail des enfants.
Davidzo Muchawaya, de l'Africa Lead de l'IRMA, a commenté l'audit d'une firme chinoise en RDC, Tenke Fungurume Mininge, exprimant des inquiétudes en matière de transparence et de santé et de sécurité. Les interventions de l'IRMA, avec ses interviews hors site et le premier audit jamais réalisé sur un site chinois en RDC, ont été célébrées comme des premiers jalons vers la conformité et la redevabilité.
Des modèles de dimension mondiale, comme la directive de l'Union européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité et la législation allemande sur les chaînes d'approvisionnement ont été étudiés. Judith Kirton-Darling, d'IndustriALL Europe, a qualifié le cadre européen d'"ébauche de mise en balance des obligations des entreprises et des voies de recours des travailleurs", tandis qu'Alexander Nolte, de l'IGBCE allemande a identifié la législation allemande sur les mécanismes de transparence comme un guide pour les États africains dans les échanges mondiaux.
Les stratégies syndicales sont source d'inspiration. Par exemple pour Grahame Kelly, le secrétaire général du Mining and Energy Union d'Australie, a évoqué des tactiques telles que la mobilisation des fonds de pension, invitant les participants à se pencher sur la coopération syndicale entre l'Australie et l'Afrique en matière de DDDH.
Le directeur d'IndustriALL en charge des mines, Glen Mpufane, a mis en garde contre le fait que, sans le DDDH, "l'Afrique risque de devenir une plaque tournante de pratiques de travail relevant de l'exploitation". Il a insisté sur le rôle du DDDH dans l'organisation des mineurs dans le secteur des minéraux stratégiques comme le cobalt et le lithium en Afrique subsaharienne où les violations des droits au travail ont suscité l'attention. La conférence a souligné l'urgence d'un DDDH dans les industries du textile et de l'habillement, confrontées à la course au moins-disant de la "fast fashion", et réclamé une protection sensible à la dimension de genre pour les femmes qui y travaillent.
Les outils pratiques ont suscité un large intérêt. Le secrétaire général adjoint d'IndustriALL Kemal Özkan a déclaré que le Centre de compétence en DDDH, qui devrait voir le jour en 2026 en partenariat entre UNI Global et IndustriALL, portera sur le DDDH dans le secteur minier et le textile. Miriam Neale, directrice par intérim, a décrit la formation au développement des capacités syndicales, bien que des délégués aient exprimé des préoccupations quant à la pérennité et la possibilité d'atteindre les travailleurs de la base. Des appels se sont exprimés pour une transformation des cadres mondiaux volontaires en mécanismes contraignants. Un outil de cartographie régionale, qui permet aux syndicats de repérer les violations, notamment les risques sexospécifiques, a été mis en route, de même qu'une discussion en panel sur la manière dont des plans d'action nationaux sur les entreprises et les droits humains étaient mis en œuvre au Ghana, au Kenya et en Ouganda et dont les stratégies ont été discutées.
Le secrétaire général d'IndustriALL, Atle Høie, a déclaré :
"L'Afrique doit élaborer des filières de DDDH ancrées dans les réalités locales et les meilleures pratiques mondiales",
en exhortant les syndicats à exiger des entreprises qu'elles rendent des comptes.
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