Ministry of Europe and Foreign Affairs of the French Republic

11/04/2025 | Press release | Distributed by Public on 11/04/2025 02:53

Déclaration conjointe sur la réalisation de l’égalité de genre , la promotion des droits de toutes les femmes et les filles et le renforcement d’une approche féministe de la[...]

Préambule

Nous, ministres et hauts représentants des gouvernements soussignés, parmi lesquels l'Allemagne, l'Arménie, l'Australie, la Belgique, le Canada, le Chili, Chypre, la Colombie, l'Espagne, l'Estonie, la France, l'Irlande, l'Islande, le Kosovo, la Lettonie, le Libéria, la Lituanie, le Luxembourg, la Macédoine du Nord, le Mexique, la Moldavie, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République dominicaine, le Royaume-Uni, le Rwanda, la Slovénie, la Thaïlande, l'Ukraine et l'Uruguay,

Déterminés à adopter des approches féministes ou transformatrices en matière de genre dans nos diplomaties, que ce soit en adoptant des politiques étrangères féministes ou, dans d'autres cas, en renforçant l'égalité de genre et les droits des femmes et des filles,

Nous sommes réunis à un moment décisif à l'occasion de la 4e Conférence ministérielle des diplomaties féministes, à Paris (France), les 22 et 23 octobre 2025, pour réaffirmer notre engagement continu et examiner les progrès réalisés, ainsi que les difficultés qui subsistent pour faire avancer l'égalité de genre et l'autonomisation des femmes et des filles dans toute leur diversité.

Nous demeurons unis et solidaires à un moment où le monde est confronté à un nombre croissant de crises prolongées et multidimensionnelles, et où le droit international ainsi que les normes et principes agréés en matière de droits de l'Homme, notamment les droits des femmes et des filles, sont remis en question.

Tout en reconnaissant les avancées durement acquises au cours des cinquante dernières années, nous exprimons notre profonde préoccupation face aux niveaux actuels de violence et de discrimination envers les femmes et les filles dans toute leur diversité, qui n'ont pas faibli, face aux tentatives continues de faire reculer les droits des femmes et des filles, et face à la persistance des répercussions négatives des inégalités de genre à travers le monde.

Principes directeurs

Nous réitérons notre adhésion commune à l'Etat de droit et aux principes démocratiques, à l'universalité des droits de l'Homme, au respect du droit international et du multilatéralisme, qui sont interdépendants et se renforcent mutuellement, ainsi que notre conviction profonde que les approches féministes fournissent les conditions propices à la paix et à des sociétés durables, résilientes et inclusives.

Nous réaffirmons notre ferme soutien au Programme de développement durable à l'horizon 2030 et à l'ensemble des Objectifs de développement durable (ODD), qui accordent une place centrale à l'égalité de genre et à l'autonomisation de toutes les femmes et les filles, notamment l'Objectif de développement durable n°5, et à la mise en œuvre du Pacte pour l'avenir et de ses annexes.

Nous soulignons que notre travail repose sur notre engagement à respecter, protéger, promouvoir et garantir les droits fondamentaux de toutes les femmes et les filles, en tant que conditions nécessaires à la réalisation des Objectifs de développement durable et au respect des engagements internationaux, tels que la Charte des Nations unies, la Déclaration universelle des droits de l'Homme, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, et ses Protocoles facultatifs, ainsi que les autres instruments pertinents pour parvenir à l'égalité de genre.

Nous maintenons nos engagements pris en 1995 lors de l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Pékin et dans les documents finaux des conférences d'examen qui ont suivi. Si ces engagements pris il y a 30 ans ont permis des progrès considérables, des obstacles majeurs persistent, et nous sommes conscients que nous sommes encore loin d'avoir atteint l'ODD n°5 et ses indicateurs, tant à l'échelle mondiale que nationale, à seulement cinq ans de l'échéance de 2030.

Nous réaffirmons l'engagement pris par 179 pays lors de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994 à adopter un Programme d'action tourné vers l'avenir, porteur de profonds changements pour la vie des femmes et des filles. Au Caire, nous sommes parvenus à un consensus mondial concernant le lien crucial entre population et développement durable, et nous avons reconnu l'importance de faire des droits et santé sexuels et reproductifs, et notamment du droit de disposer de son corps, une priorité. Aujourd'hui, cet engagement est plus pertinent que jamais.

Alors que cette année marque le 25e anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, suivie par plusieurs autres résolutions, nous réaffirmons notre engagement à intégrer et à mettre en œuvre l'Agenda « Femmes, paix et sécurité » dans l'ensemble de nos politiques nationales et étrangères. Nous rappelons notre ferme conviction que l'égalité de genre et la participation pleine, égale et significative des femmes dans toute leur diversité, à toutes les étapes des processus de paix, de la prévention des conflits, du règlement des conflits et de la consolidation de la paix sont essentielles au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité internationales. Nous réitérons notre vive condamnation de toutes les formes de violences fondées sur le genre, notamment des violences sexuelles liées aux conflits, et exhortons l'ensemble des États à lutter contre l'impunité des auteurs de ces violences.

Nous rappelons notre engagement à parvenir à des résultats ambitieux en matière d'égalité de genre et d'autonomisation de toutes les femmes et les filles dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), l'Accord de Paris sur le climat, la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, et nous rappelons notre ferme soutien aux principes du Pacte pour la prospérité, les peuples et la planète (4P).

Nous saluons et poursuivons les efforts des Conférences ministérielles des diplomaties féministes précédentes, qui se sont tenues en Allemagne (2022), aux Pays-Bas (2023) et au Mexique (2024).

Appel à l'action

Dans ce contexte, nous affirmons solennellement, dans le respect mutuel et l'amitié qui nous unit, notre engagement à travailler ensemble afin de :

1. Respecter, protéger, promouvoir et mettre en œuvre les droits fondamentaux de toutes les femmes et les filles, et de reconnaître l'universalité, l'indivisibilité et l'interdépendance de ces droits, conformément à la Déclaration universelle des droits de l'Homme et aux traités pertinents en matière de droits de l'Homme. Nous appelons tous les États à se conformer à leurs obligations internationales en la matière. Nous continuerons à garantir que les femmes et les filles, dans toute leur diversité et tout au long de leur vie, jouissent pleinement et sur un pied d'égalité de tous les droits fondamentaux, notamment le droit à la non-discrimination, à la vie, à la santé, à l'alimentation, à la nutrition, au respect de la vie privée, à l'éducation, à la liberté de conscience, d'opinion et d'expression et à ne pas subir de traitements cruels ;

2. Lutter contre les violences fondées sur le genre en tant que priorité sur le plan national et international, en reconnaissant que les femmes et les filles subissent des formes multiples et croisées de discrimination. Nous soulignons le besoin urgent de combattre et d'éliminer rapidement l'ensemble des formes de violence et de discrimination fondées sur le genre, notamment les formes de criminalisation ou de punitions à l'encontre des femmes et des filles pour avoir pris des décisions relatives à leur propre corps, les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre, ainsi que les violences fondées sur le genre facilitées par la technologie, aussi bien en ligne qu'hors ligne ;

3. Mobiliser les hommes et les garçons en tant qu'acteurs du changement et des bénéficiaires de l'égalité de genre. À cet effet, nous nous efforcerons de mobiliser, former, encourager et soutenir les hommes et les garçons pour qu'ils assument la responsabilité de leur comportement, notamment en matière sexuelle et procréative. L'attention portée aux hommes et aux garçons et à leurs masculinités respectives est essentielle pour traiter les causes profondes du déséquilibre des relations et structures de pouvoir, notamment les inégalités de genre, telle que la répartition inéquitable des activités de soins qui nuit à la jouissance effective par les femmes, les adolescentes et les filles de leurs droits ;

4. Soutenir le rôle clé des acteurs de la société civile et des organisations féministes, notamment les défenseures et défenseurs des droits des femmes, dans la défense, la protection et la promotion des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, et promouvoir un environnement favorable à ces acteurs partout dans le monde : nous sommes fermement opposés aux mesures légales et administratives qui visent à réduire l'espace civique, notamment s'agissant des organisations de droits des femmes et des organisations féministes. Nous reconnaissons le rôle joué par les autorités locales pour renforcer les mesures visant à réduire les disparités fondées sur le genre à l'échelle locale ;

5. Défendre le droit des femmes et des filles dans toute leur diversité à prendre en connaissance de cause des décisions sur leur vie et leur corps, protéger et promouvoir davantage les droits et santé sexuels et reproductifs, essentiels à la réalisation de l'égalité de genre, garantir un accès complet et en temps voulu à des services de santé maternelle complets, notamment à des services de santé sexuelle et reproductive complets pour le suivi des grossesses et des naissances, ainsi qu'aux soins d'avortement sécurisé, et prévenir les grossesses non désirées, y compris chez les adolescentes ;

6. Reconnaître l'existence de diverses formes de familles, qui doivent être protégées par les États et respectées par les sociétés en tant que levier pour l'égalité de genre, et reconnaître que tous les enfants, pour l'épanouissement harmonieux de leur personnalité, devraient grandir dans un cadre familial et dans un climat de bonheur, d'amour et de compréhension, et qu'il incombe au premier chef aux parents, aux tuteurs légaux, aux membres de la famille et aux autres membres du foyer d'élever l'enfant et d'assurer son développement ;

7. Multiplier les mesures visant à garantir la participation pleine, égale, effective et significative des femmes et des jeunes à l'ensemble des systèmes de prise de décisions dans tous les domaines de la vie publique, économique et politique et à tous les niveaux, notamment en renforçant les systèmes de protection sociale universelle, en adoptant des réformes permettant aux femmes d'avoir un accès égal aux ressources économiques, et en leur garantissant des conditions de travail décentes et l'égalité de salaire à travail égal et de valeur égale. En outre, nous soulignons la pertinence de la Recommandation générale n° 40 du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, notamment ses références à l'Agenda « Femmes, paix et sécurité » ;

8. Concevoir et promouvoir, dans nos administrations et auprès de nos agents, une culture féministe qui reconnaisse les droits des femmes, des jeunes femmes et des filles dans toute leur diversité et soit intégrée aux processus de prise de décision et à la diplomatie.
Nous demeurons déterminés à poursuivre la coordination de notre travail et de nos positions dans le système onusien, d'autres enceintes internationales, initiatives multilatérales et organisations régionales pertinentes, ainsi que dans nos relations bilatérales. Lors de cette 4e Conférence ministérielle des diplomaties féministes, nous adoptons de nouvelles mesures pour renforcer notre mobilisation dans la sphère multilatérale afin d'atteindre nos objectifs en matière d'égalité de genre et d'autonomisation de toutes les femmes et les filles (ODD n°5) en faisant respecter ces valeurs universelles, et en reconnaissant que nous sommes forts individuellement, mais que nous sommes plus forts ensembles.

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