IMF - International Monetary Fund

10/10/2025 | Press release | Distributed by Public on 10/10/2025 15:44

Le FMI et Haïti achèvent une mission à distance sur la deuxième revue du programme de référence

le 10 octobre 2025

Un programme de référence est un accord informel entre un pays membre et les services du FMI en vertu duquel ces derniers assurent le suivi de son programme économique. Il ne requiert pas l'approbation du conseil d'administration du FMI. Les rapports des services du FMI au titre des programmes de référence sont transmis au conseil d'administration pour information.

  • Le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités haïtiennes ont achevé la mission à distance au titre de la deuxième revue du programme de référence, sous réserve de l'approbation de la direction du FMI.
  • La mise en œuvre du programme a été encourageante dans une conjoncture délicate. Tous les objectifs quantitatifs et indicatifs ont été atteints à la date d'évaluation (fin juin). Le financement monétaire du déficit budgétaire reste à un niveau nul et les réserves de change continuent de s'accumuler, favorisées par la vigueur des envois de fonds. Le programme de réformes poursuit sa progression malgré des retards dans certains domaines, et les autorités continuent de faire preuve d'une forte appropriation du programme et de leur mobilisation, notamment par le biais du comité de haut niveau chargé du suivi du programme de référence.

Washington: Une équipe des services du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par M. Camilo E. Tovar a réalisé une mission à distance du 30 septembre au 8 octobre 2025 afin d'évaluer les progrès accomplis dans le cadre du programme de référence en faveur d'Haïti. Un programme de référence est un accord informel entre les autorités d'un pays et le FMI qui permet à ce dernier de suivre l'exécution du programme économique des autorités, et à celles-ci d'établir des antécédents dans la mise en œuvre de leur politique économique, qui pourraient ouvrir la voie à une aide financière du FMI dans la tranche supérieure de crédit. Le programme de référence d'Haïti est adapté au contexte du pays caractérisé par de graves problèmes de sécurité, une fragilité institutionnelle et des capacités limitées. Il soutient les priorités de la politique économique des autorités, notamment la stabilisation l'économie, l'amélioration de la gouvernance et le renforcement des mécanismes de protection sociale. La collaboration avec les autorités se poursuivra au cours des prochaines semaines.

À l'issue de la mission, M. Tovar a fait la déclaration suivante :

« La situation économique d'Haïti demeure fragile marquée par la persistance de chocs internes et externes et une incertitude croissante. L'économie s'est contractée pour la septième année consécutive. L'inflation reste élevée, autour de 32 % en glissement annuel. Le secteur bancaire continue de montrer des vulnérabilités, le ratio des prêts improductifs dépassant 13 % en juin 2025, bien que le ratio de fonds propres du système (22 %) soit supérieur au minimum réglementaire de 12 %.

« Les envois de fonds ont poursuivi leur progression. L'augmentation des transferts financiers des migrants vers leurs familles s'explique par l''aggravation des conditions sécuritaires, et également par l'anticipation probable de changements dans les politiques migratoires internationales. Ces flux ont renforcé le solde des transactions courantes, qui devrait enregistrer un léger excédent durant l'exercice 2025. À fin juillet 2025, les réserves de change brutes restent adéquates à plus de 3,1 milliards de dollars, soit environ 7 mois d'importations prospectives. Le taux de change nominal reste stable, entrainant une appréciation du taux de change réel.

« La politique budgétaire reste contrainte par les défis sécuritaires, les faiblesses institutionnelles et une marge de manœuvre limitée. La situation des finances publiques était globalement équilibrée durant l'exercice 2025, sous l'effet d'une amélioration du recouvrement des recettes en termes nominaux et d'une faible exécution des dépenses en raison de la persistance des conditions sécuritaires et de la fragilité des institutions. Les dépenses sociales ont augmenté de 34 % environ, soutenues par le guichet chocs alimentaires de la facilité de crédit rapide du FMI approuvé en 2023. La dette publique devrait s'établir à 12,4 % du PIB d'ici la fin de l'exercice 2025, soit le niveau le plus faible de la région Amérique latine et Caraïbes.

« Les perspectives demeurent exposées à des risques plutôt baissiers. Une intensification des perturbations provoquées par les gangs ainsi e qu'une escalade de la violence ou des tensions sociales risquent d'accentuer les vulnérabilités socio-économiques. En outre, un revirement éventuel des politiques migratoires et commerciales pourrait réduire nettement les exportations et les envois de fonds. Ces événements pourraient renforcer les effets négatifs de la crise sécuritaire sur la production intérieure, aggraver la crise humanitaire et économique et intensifier les pressions budgétaires. Cependant, un développement susceptible d'atténuer les risques réside dans la décision du Conseil de sécurité des Nations Unies d'autoriser la transformation de la Mission internationale d'appui à la sécurité en une Force multinationale de lutte contre les gangs. Cette initiative, soutenue par un nouveau bureau d'appui des Nations Unies et l'Organisation des États américains, pourrait marquer un tournant décisif dans les efforts visant à rétablir la sécurité dans le pays, rebâtir les institutions et jeter les bases de la croissance économique, ouvrant ainsi la voie à 'une amélioration des conditions de vie de la population haïtienne.

« La mise en œuvre du programme est encourageante. Tous les objectifs quantitatifs et indicatifs ont été atteints à la date d'évaluation (fin juin). Le financement monétaire du déficit budgétaire a été maintenu à un niveau nul, les dépenses sociales ont respecté l'objectif du programme et les résultats en matière de recettes sont restés sur la bonne voie. Les réserves de change continuent de s'accumuler, soutenues par la vigueur des envois de fonds. Les réserves internationales nettes ont atteint 1,5 milliard de dollars à la fin juillet 2025, grâce à des envois de fonds importants et des achats de devises. Le programme de réformes, qui porte sur la gouvernance, la gestion des finances publiques, les sauvegardes et la communication de données, continue de progresser malgré des retards dans certains domaines.

Le programme de référence continuera de mettre l'accent sur les priorités suivantes :

« Faire avancer les réformes de la gouvernance afin de surmonter les fragilités. Les efforts de réforme doivent être coordonnés et doivent reposer sur l'évaluation diagnostique de la gouvernance, en veillant à i) améliorer la transparence et la responsabilité de la gestion des finances publiques ; ii) atténuer les risques de corruption dans l'administration des recettes et iii) assurer la responsabilité dans les cas d'actes graves de corruption, de crime organisé et de blanchiment de capitaux. Les autorités sont encouragées à achever l'évaluation nationale des risques liés au blanchiment des capitaux et au financement du terrorisme, et à continuer de combler d'autres lacunes du dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) afin d'aider Haïti à sortir de la liste grise du Groupe d'action financière (GAFI).

« Mobiliser les recettes et améliorer l'exécution du budget. Parmi les mesures prioritaires à prendre dans l'immédiat pour améliorer la mobilisation des recettes, on peut citer la mise en œuvre concrète des échanges automatisés de données mensuelles entre le système fiscal et le système douanier et l'achèvement du déploiement des services de déclaration et de paiement des impôts pour l'ensemble des gros contribuables dans toutes les banques commerciales. Renforcer l'exécution budgétaire, en particulier des dépenses sociales et de sécurité, est essentiel pour apporter l'aide voulue aux populations vulnérables et répondre aux besoins essentiels d'infrastructures et de développement. Il faut à cet effet améliorer la gestion de la trésorerie et évaluer les projets et hiérarchiser le budget de façon adéquate, conformément à l'évaluation de la gestion des investissements publics par le FMI de 2022.

« Renforcer le cadre de politique monétaire de la banque centrale. La crédibilité de la politique monétaire s'est améliorée avec la suppression du financement monétaire du déficit budgétaire. Pour la deuxième année consécutive, le financement monétaire a été nul, ce qui a aidé à maîtriser l'inflation et à renforcer la crédibilité de la Banque de la République d'Haïti (BRH). De plus, la stabilité relative du taux de change nominal donne à l'économie un point d'ancrage nominal. Compte tenu du climat difficile et incertain, les interventions sur le marché des changes doivent rester axées sur la préservation de la stabilité du taux de change et le soutien à l'accumulation de réserves internationales.

« Faire avancer les réformes de la supervision et de la réglementation du système financier. Les autorités sont encouragées à poursuivre le programme de contrôle sur place, renforcer le contrôle sur pièces, intégrer la grille d'évaluation des risques dans l'architecture de supervision de la BRH et achever le nouveau plan comptable des institutions financières.

« Améliorer la qualité et la mise à jour des données communiquées. Il est essentiel de publier en temps opportun les états financiers vérifiés de la Banque de la République d'Haïti (BRH), notamment en finalisant l'audit de l'exercice 2023 et en lançant celui de 2024. La mise en œuvre des recommandations issues du rapport d'évaluation des sauvegardes de 2024 est également encouragée. Les autorités doivent progresser dans la transmission des données via le formulaire standard de déclaration des réserves internationales et des liquidités en devises, tout en renforçant les statistiques du secteur extérieur conformément aux recommandations du FMI. Enfin, il est recommandé d'améliorer les statistiques des finances publiques et d'aligner les indicateurs de solidité financière sur les normes internationales.

« Malgré les efforts constants des autorités, Haïti a besoin d'un soutien financier international pour répondre à ses besoins de développement urgents. Afin de préserver la viabilité de la dette et de consolider les progrès réalisés dans le cadre du programme de référence, ce soutien devrait être fourni sous forme de dons plutôt que de prêts non concessionnels. Un financement sous forme de dons contribuerait à répondre aux besoins humanitaires, sociaux et économiques immédiats tout en inscrivant l'économie sur une trajectoire de croissance solide et durable à moyen et long termes, condition essentielle à l' amélioration les conditions de vie de la population haïtienne.

Conformément à la stratégie du FMI pour les pays fragiles ou touchés par un conflit, les services du FMI continueront de collaborer étroitement avec les principaux partenaires pour le développement d'Haïti, notamment en matière de gouvernance et de renforcement des capacités.

L'équipe des services du FMI s'est entretenue avec M. Alfred Métellus, ministre de l'Économie et des Finances et M. Ronald Gabriel, gouverneur de la Banque de la République d'Haïti ainsi qu'avec d'autres hauts fonctionnaires.

La mission exprime sa gratitude envers les autorités haïtiennes pour leur étroite coopération et les entretiens ouverts et constructifs durant tous ses travaux.

Département de la communication du FMI

RELATIONS AVEC LES MÉDIAS

ATTACHÉ DE PRESSE: Meera Louis

TÉLÉPHONE: +1 202 623-7100 COURRIEL: [email protected]

IMF - International Monetary Fund published this content on October 10, 2025, and is solely responsible for the information contained herein. Distributed via Public Technologies (PUBT), unedited and unaltered, on October 10, 2025 at 21:44 UTC. If you believe the information included in the content is inaccurate or outdated and requires editing or removal, please contact us at [email protected]