Robert Badinter s'est éteint le 9 février 2024, à l'âge de 95 ans. Son parcours, marqué par un engagement constant en faveur de l'État de droit, a profondément influencé la justice française et les institutions de la République.
Né en 1928 à Paris, dans une famille juive, il échappe à la déportation en se réfugiant en Savoie durant la Seconde Guerre mondiale. Juriste de formation, il devient avocat à la Cour d'appel de Paris en 1951, puis professeur de droit privé. Ces fonctions l'ancrent dans la défense des libertés fondamentales.
Ministre de la Justice entre 1981 et 1986, il porte la loi historique qui abolit la peine de mort en France. Il préside ensuite le Conseil constitutionnel jusqu'en 1995, avant de représenter Paris au Sénat jusqu'en 2011.
Parce qu'aucun homme n'est totalement responsable, parce qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable. […] Demain, vous voterez l'abolition de la peine de mort. Législateur français, de tout mon cœur, je vous en remercie.
Robert Badinter
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Extrait de son discours à l'Assemblée nationale le 17 septembre 1981.
Son action dépasse les frontières : il préside la Commission d'arbitrage pour la paix en ex-Yougoslavie (1991-1993), puis la Cour européenne de conciliation et d'arbitrage de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Il est aussi mandaté par l'ONU en 2004 pour contribuer à un rapport majeur sur la sécurité internationale.
Tout au long de sa carrière, Robert Badinter s'est mobilisé pour faire progresser le droit : reconnaissance des droits des justiciables, accès élargi à la Cour européenne des droits de l'homme, modernisation des procédures judiciaires, valorisation de la mémoire judiciaire par l'enregistrement des grands procès.
Un hommage national lui est rendu jeudi 9 octobre 2025, date anniversaire de la loi abolissant la peine de mort.
Son entrée au Panthéon symbolise l'attachement de la République aux valeurs qu'il a incarnées : égalité, liberté, fraternité, unité, démocratie et primauté du droit. Ces principes, portés par l'École et les institutions, ont guidé son action publique.