09/23/2025 | News release | Distributed by Public on 09/23/2025 22:38
Premier chef d'État à descendre dans l'arène, Luiz Inacio Lula da Silva a donné le ton. Depuis la tribune de l'Assemblée, le président brésilien a fustigé l'ingérence américaine dans les affaires de son pays : « Rien ne justifie les mesures unilatérales et arbitraires contre nos institutions et notre économie », a-t-il lancé.
Brasilia est visée par une surtaxe douanière de 50 % imposée cet été par Washington, qui exige en contrepartie l'abandon des poursuites contre l'ex-président du pays Jair Bolsonaro - un allié de l'actuel locataire de la Maison Blanche - condamné le 11 septembre à 27 ans de prison pour tentative de coup d'État. Les États-Unis ont également sanctionné le juge de la Cour suprême brésilienne chargé du dossier, Alexandre de Moraes, ainsi que son épouse.
Le Brésil a choisi de résister et de défendre sa démocratie
Face aux 193 États membres, M. Lula a défendu l'indépendance de la justice brésilienne, comme en témoigne selon lui la condamnation de M. Bolsonaro pour avoir tenté de se maintenir au pouvoir après sa défaite aux élections de 2022. « Le Brésil a choisi de résister et de défendre sa démocratie, reconquise il y a 40 ans après deux décennies de gouvernements dictatoriaux », a-t-il salué.
Quelques minutes plus tard, Donald Trump a riposté depuis la même estrade. Le président américain a justifié les sanctions imposées au pays d'Amérique latine par sa soi-disant « corruption » judiciaire. « Le Brésil fait face à des droits de douanes, car le Brésil s'efforce d'empiéter sur les droits des Américains », a-t-il tranché.
L'escalade a toutefois laissé place à un improbable geste de conciliation, fruit du hasard de la diplomatie onusienne en temps réel. M. Trump a relaté un bref échange avec son homologue brésilien dans les coulisses de l'Assemblée : « Je l'ai vu. Il m'a vu. Et nous nous sommes pris dans les bras ». Les deux dirigeants auraient convenu de discussions en personne « la semaine prochaine ».
Sur la question israélo-palestinienne, aucune main tendue. Alors que plusieurs alliés traditionnels de Washington - Australie, Royaume-Uni, Canada, France - viennent de reconnaître l'État de Palestine, Donald Trump a dénoncé une démarche qui « reviendrait à récompenser les terroristes du Hamas pour les atrocités commises ».
Ses propos se heurtaient directement à ceux prononcés la veille par António Guterres lors d'un sommet mondial visant à relancer la solution à deux États, l'un palestinien et l'autre israélien, durant lequel le Secrétaire général de l'ONU avait affirmé qu'« un État palestinien est un droit et non une récompense ».
À cette vision américaine, Paris a opposé une feuille de route multilatérale. « L'autorité du droit est notre meilleure chance face à la loi du plus fort », a défendu Emmanuel Macron, appelant à une voie de compromis : « paix immédiate, libération des otages, cessez-le-feu, stabilisation de Gaza, démilitarisation et démantèlement du Hamas, reconnaissance réciproque de deux Etats ».
Dans ce contexte, le refus américain d'accorder un visa au président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a nourri les critiques. Recep Tayyip Erdoğan, brandissant la photo d'un enfant famélique, a dénoncé la famine qui sévit dans le nord de Gaza et interpellé ses pairs : « Comment notre conscience humaine peut-elle supporter une telle photo ? Comment accepter que ces enfants meurent de faim ? » Pour le président turc, de telles images sont la preuve d'un « génocide filmé et diffusé en temps réel » dans l'enclave, où plus de 64.000 Palestiniens ont été tués par Israël depuis deux ans.
Les propos de M. Erdoğan faisaient écho aux conclusions présentées, le 16 septembre, par une Commission d'enquête internationale indépendante mandatée par l'ONU, affirmant qu'Israël s'est rendue coupable de génocide à Gaza.
Sur l'Ukraine, Donald Trump s'est dit surpris par la durée de l'invasion russe déclenchée en février 2022, dont beaucoup pensaient qu'elle se solderait par une victoire éclair de Moscou : « Je dois dire que cela ne contribue pas à la bonne réputation de la Russie », a-t-il ironisé.
Le président américain a menacé le Kremlin de sanctions douanières en cas de refus de négocier, exhortant les Européens à couper leur dépendance au pétrole russe : « Ils financent la guerre contre eux-mêmes. Avez-vous déjà entendu parler d'une chose pareille ? ».
À cette logique tarifaire, Emmanuel Macron a opposé le langage du droit et du collectif : « L'agression russe n'est pas le problème de l'Europe, mais celui de nous tous ici », a-t-il rétorqué. « La France, avec le Royaume-Uni, a bâti une coalition des volontaires rassemblant 35 nations pour donner à l'Ukraine des garanties indispensables à sa sécurité dans la durée ».
Un rappel grinçant est venu du président portugais, Marcelo Rebelo de Sousa, qui a fait allusion à la promesse électorale de M. Trump de mettre fin « en un jour » au conflit ukrainien : « Depuis huit mois, l'on attend la médiation du plus puissant au monde. Y a-t-il un cessez-le-feu : non ». Pour lui, seule une solution diplomatique négociée dans l'enceinte onusienne sera en mesure de ramener la paix.